"Milady": comment les spectateurs ont influencé le deuxième volet des "Trois Mousquetaires"

Le second volet des Trois Mousquetaires, consacré cette fois à Milady (Eva Green), sort ce mercredi en France, huit mois après le succès du premier film au printemps. Avec 3,3 millions d'entrées pour cet opus, le pari de faire un blockbuster made in France pour concurrencer les super-héros américains est remporté. Mais son réalisateur, Martin Bourboulon, ne peut s'empêcher d'être anxieux.

"On ne sait pas vraiment comment ça va être reçu", lâche le metteur en scène. "On est à la fois excité, parce que le premier a marché. D'un autre côté, c'est la loterie à chaque fois. On ne sait pas dans quelle mesure les gens vont avoir envie de venir. Le marché du cinéma est particulier aussi en ce moment." Et d'ajouter: "J'espère que les spectateurs ne seront pas déçus en le voyant."

Le réalisateur, qui a travaillé près de trois ans sur le projet, est fier du résultat. "Aucun de nous ne ressent de regret. On est tous ravi du résultat. Je trouve que le pari est réussi parce qu'on est allé au bout! Il est réussi parce que si je devais refaire ces deux films, je les referais pareil. Ce n’est pas rien, déjà. Ça ne veut pas dire que tout est bien mais que tout colle à ce que j'avais en tête."

Milady s'inscrit dans la droite lignée du premier volet en proposant une adaptation plutôt libre de l'œuvre d'Alexandre Dumas. Les mousquetaires du Roi, D'Artagnan (François Civil), Athos (Vincent Cassel), Aramis (Romain Duris) et Porthos (Pio Marmaï), viennent de sauver la face de la reine en récupérant ses ferrets et s'apprêtent à partir pour le siège de La Rochelle.

Colorimétrie rectifiée

Pour les spectateurs qui auraient oublié l'intrigue du premier film, la suite débute avec un résumé. "On s'est attaché à bien remettre en perspective les enjeux du premier film pour que le public profite bien de l'histoire. Ça a été assez long à faire", précise Martin Bourboulon. "Il y a des choses qu'on a un peu adaptées aussi sur certains personnages pour rendre leur trajectoire plus lisible."

Notamment la trajectoire du personnage de Milady. "On a veillé à ce qu'on puisse se concentrer sur la définition de ses traumas internes pour comprendre comment son passé va la pousser à se confronter à un des Mousquetaires", détaille le réalisateur. Ce dernier a aussi été à l'écoute les retours sur le premier film et a rectifié la colorimétrie jugée trop sombre du premier volet.

"On s'est rendu compte que certaines scènes dans le premier film étaient un peu denses. Le charme de faire deux films en même temps, c'est qu'on a pu retravailler ça. On a été vigilant là-dessus. Comme on sait que toutes les salles de cinéma ne sont pas calibrées de la même façon en France, on a été un peu vigilant pour ce que ce soit le plus clair et le plus lisible à l'image."

Mais tout cela avait été prévu bien avant la sortie du premier film, assure le cinéaste: "Le deuxième film se passe beaucoup plus en extérieur et en bord de mer avec notamment la prise de La Rochelle. La nature de ce deuxième film nous a poussés à [éclaircir l'image]." L'image du premier volet ne sera pas donc retravaillée pour être plus claire. "On assume tout du premier film", insiste Martin Bourboulon.

Liberté avec Dumas

Le public devrait être davantage surpris par les libertés prises avec le récit de Dumas - et notamment avec le personnage de Milady. "On a été dans son prolongement", justifie le réalisateur. "Il s'est toujours autorisé à réinventer, à requestionner l'histoire à sa manière. D'une certaine manière, on continue cette tradition. Il ne nous en voudrait pas d'ailleurs."

Cette modernisation des Mousquetaires, qui sont habillés comme des héros de western, mais se déplacent comme un commando du GIGN, plaît au public. Hors de la France, les spectateurs ont réservé un excellent accueil au film. "En Amérique latine, il est dans le top 10 de Netflix", se réjouit Martin Bourboulon. En cas de succès en salles de Milady, un troisième volet pourrait même voir le jour.

Tournera-t-il également Vingt ans après dans 20 ans? Martin Bourboulon botte en touche: "Peut-être avant, ou peut-être jamais." En attendant, deux déclinaisons en série pour Disney+, Milady Origins et Black Musketeer, devraient également voir le jour, tournées en français, pour un budget de 80 millions d'euros. "Je ne sais pas où ça en est", répond Martin Bourboulon. "Je ne suis pas impliqué directement dedans."

Après Les Trois Mousquetaires, le groupe Pathé a entrepris l'adaptation d'un autre chef-d’œuvre de Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, avec Pierre Niney. Le tournage a débuté et le film est attendu en salle pour la fin 2024. Martin Bourboulon quitte, lui, le XVIIe siècle. Son prochain film, 13 jours, 13 nuits, retracera l'évacuation de l'ambassade de France en Afghanistan en août 2021, lors de la prise du pouvoir par les Talibans.

Article original publié sur BFMTV.com