"Les Trois mousquetaires", un blockbuster made in France aux allures de western

Martin Bourboulon, le réalisateur des Trois Mousquetaires, dont le premier volet sort ce mercredi, était prédestiné pour mettre en scène le film français le plus cher de l'année. Alors qu'il n'avait que 12 ans, il avait visité le tournage de La Fille de D'Artagnan, film de cape et d'épée de Bertrand Tavernier produit par son père, Frédéric Bourboulon. "C'est une petite boucle", sourit le réalisateur, qui travaille depuis 2019 sur ce projet de titan.

Ce blockbuster en deux parties, avec un budget colossal de 72 millions d'euros, a été imaginé pour contrer les super-héros américains et pour reconquérir les salles obscures boudées depuis le confinement. L'ambition: redonner vie aux fresques d'antan (Cyrano de Bergerac, Jean de Florette et Manon des Sources) en puisant dans une mythologie typiquement française.

Cette superproduction a nécessité neuf mois de préparation, huit mois de tournage et a mobilisé 650 chevaux, 5.000 figurants. L'ensemble a été tourné dans une cinquantaine de lieux, tous classés parmi les monuments historiques. "Il y a beaucoup de très bons collaborateurs et de très bons techniciens en France", salue Martin Bourboulon. "On a les moyens en France de réaliser ce genre de films."

Pendant un an, le réalisateur Martin Bourboulon (Papa ou maman, Eiffel) a sillonné la France pour trouver les décors réels les plus majestueux, du palais du Louvre au château de Fontainebleau en passant par la cathédrale de Meaux, l'hôtel des Invalides et la citadelle de Saint-Malo. "Le truc qui nous a tous guidés était la chasse au vrai", déclare le cinéaste. Il fallait "tout faire pour y croire."

Scènes d'action immersives

Imaginé par le producteur Dimitri Rassam, ce diptyque a été écrit par le duo Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte (Le Prénom) et réunit certaines des plus grandes stars françaises actuelles: François Civil (D'Artagnan), Vincent Cassel (Athos), Romain Duris (Aramis), Pio Marmaï (Porthos), Eva Green (Milady), Lyna Khoudri (Constance), Louis Garrel (Louis XIII).

Leur ambition: dépoussiérer le film de cape et d'épée avec des scènes d'action particulièrement immersives. "J'avais envie de scènes en plans-séquences, en temps réel, sans coupe", explique Martin Bourboulon. "On ne voulait pas que le public assiste à des scènes d'action, mais qu'il les vive, un peu à la manière de The Revenant. On voulait aussi qu'il n'y ait jamais de temps mort."

Comme dans le film oscarisé d'Iñárritu, Martin Bourboulon a insisté pour "salir" l'image, qui prend des reflets bruns et ocres: "J'y tenais absolument", insiste-t-il. "J'avais envie de patiner les mousquetaires, de les noircir. Les salir, c'était une manière aussi de les rendre sexy, de les rendre vrais. J'avais aussi envie que l'image soit un peu abîmée pour qu'on puisse croire à tout."

"La référence absolue, c'était le western", ajoute encore le réalisateur. "Le 'Malboro Guy', sur son cheval, bien buriné par le soleil. C'est ça qui m'a nourri le plus en préparant Les Trois Mousquetaires."

Une exigence liée aussi à l'évolution de la technologie et à la généralisation du numérique, qui crée une image en haute définition. "On se rend compte lorsqu'on travaille l'image d'époque, que si l'image est trop propre, trop claire, trop lisse, on n'y croit plus vraiment. Très vite, ça fait un peu faux. On a essayé de trouver une solution. En pellicule, ça ne faisait pas ça. On a essayé de retrouver la sensation de la pellicule."

Un peu de légèreté

Malgré tout, cette fresque épique sait être légère, notamment lorsqu'intervient à l'écran Louis Garrel, qui insuffle sa fantaisie à Louis XIII. "L'œuvre de Dumas est construite comme ça", précise Martin Bourboulon, qui a aussi soigné les rôles féminins: "Les femmes sont aussi très importantes dans ce film. J'avais aussi envie de les ancrer au maximum dans la réalité."

Tout en proposant les scènes clefs du roman d'Alexandre Dumas, le film en modifie certains moments importants, comme la première scène, qui déconstruit la figure de D'Artagnan. "C'est inattendu, c'est vrai", réagit le réalisateur. "On trouvait intéressant de démarrer le récit avec cette scène. Puis lorsque le titre se lance, juste après, ça happe le spectateur. Il y a un côté 'bienvenue dans l'aventure'."

La fin du film a été imaginée de la même manière, et laisse le public avec un suspense insoutenable. Le deuxième volet, intitulé Milady, sortira le 13 décembre. "Le montage est fini", annonce Martin Bourboulon. "Il reste les finitions, la musique, le son. On est pas mal en avance, ce qui n'est pas plus mal. Je suis assez content du résultat. Il correspond à ce que j'avais en tête. Je suis allé au bout du projet que j'avais."

Deux séries dérivées

Comment continuer de se surpasser après un tel projet? Après la France du XVIIe siècle, Martin Bourboulon va raconter au cinéma une histoire vraie, l'évacuation de civils afghans et de diplomates français par l'armée françaises lors de la prise de Kaboul par les talibans en août 2021. Roschdy Zem est pressenti pour le rôle principal.

Dimitri Rassam, Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, de leur côté, vont continuer de faire fructifier à l'écran l'univers d'Alexandre Dumas. Tandis qu'ils supervisent pour Disney+ l’écriture de deux séries dérivées des Trois Mousquetaires, Milady Origins et Black Musketeer, ils tourneront cet été une nouvelle adaptation du Comte de Monte Cristo avec Pierre Niney.

Article original publié sur BFMTV.com