"Immature", "introvertie": le psy qui a expertisé Monique Olivier décrit une femme "d'intelligence moyenne"

Une personnalité complexe. Le psychologue et expert judiciaire Mickaël Morlet-Rivelli qui a mené une expertise psychologique de Monique Olivier, ex-épouse du tueur en série Michel Fourniret, raconte ce vendredi 15 décembre sur BFMTV comment il a réalisé son examen psychologique, alors qu'elle est actuellement jugée, notamment pour complicité dans l'enlèvement et le meurtre d'Estelle Mouzin. L'expert estime avoir été confronté à une femme d'"intelligence moyenne".

38 heures d'entretiens

Désigné en avril dernier par la juge Sabine Khéris, Mickaël Morlet-Rivelli a la lourde tâche de mener un examen psychologique de Monique Olivier. La personnalité de celle qui a longtemps partagé la vie de celui qui est soupçonné d'avoir enlevé et tué Estelle Mouzin constitue une interrogation essentielle dans cette affaire. Elle doit notamment fournir des outils pour établir le degré d'implication de Monique Olivier dans la disparition de la jeune fille en 2003.

"La juge Khéris me demande de m'intéresser particulièrement aux aspects cognitifs, c'est-à-dire à la dimension de l'intelligence de Monique Olivier et la dimension de sa personnalité", explique-t-il.

Cette expertise, le psychologue la mène avec un chercheur en psychologie cognitive et une neuropsychologue. Pour cela, il explique sur le plateau de BFMTV avoir passé "38 heures" avec Monique Olivier, tandis que la neuropsychologue a passé de son côté "7 heures" avec l'ancienne épouse de Michel Fourniret, notamment pour mener un test de QI. Au total, 23 tests ont été réalisés afin de tenter de sonder sa personnalité.

Une "nouvelle approche"

Cette expertise psychologique n'est pas la première menée sur l'ancienne femme du criminel, mort en 2021. Deux autres expertises ont été menées par le passé, mais donnant des résultats contradictoires.

Cette fois, "c'est une nouvelle approche (qui est menée) dans le cadre des expertises qui ont été jusqu'à présent réalisées sur la personne de Monique Olivier", indique le psychologue à propos de son travail. Il revendique notamment une approche plus "scientifique" et non plus "psychanalytique".

"On voit qu'il y a un certain nombre d'incohérences dans ce qui a été fait précédemment", déplore par ailleurs Mickaël Morlet-Rivelli, faisant référence aux précédentes expertises menées sur Monique Olivier.

Une femme "méfiante"

Le dossier s'avère complexe, notamment parce que, pour l'expert, la personne qu'il doit examiner "ne (lui) est pas inconnue" et qu'elle s'inscrit dans une affaire très médiatisée. "Et puis c'est quelqu'un qui vient de ma région", confie-t-il, disant être originaire des Ardennes.

"On a tout un tas de représentations et quand on est expert, il faut faire attention aux représentations qu'on a", rappelle-t-il.

L'examen se déroule pourtant sans trop grande difficulté. "Elle collabore extrêmement bien", assure le psychologue. "Elle est un peu difficile à mettre en confiance, elle est assez méfiante", reconnaît-il cependant.

"Immature" et "introvertie"

"Je n'ai pas l'impression que Monique Olivier soit un mystère", ajoute l'expert, après les nombreuses heures passées à l'analyser, réfutant les clichés sur ce sujet.

"C'est une personne extrêmement carencée sur le plan affectif, extrêmement immature, un grand caractère égocentrique et qui manque d'affirmation de soi", décrit-il.

"Elle est extrêmement isolée socialement, l'a toujours été, et explose les tests en matière d'anxiété sociale", ajoute-t-il, évoquant une personne "extrêmement introvertie notamment quand il y a un contexte affectif", ajoute-t-il.

Mickaël Morlet-Rivelli estime qu'elle est même "porteuse d'un trouble de la personnalité évitante et dépendante qui la rend extrêmement sensible à ce qu'on peut appeler vulgairement une relation d'emprise".

Si l'expert assure que Monique Olivier montre des scores "normaux" aux tests d'empathie, elle est "à l'évidence incapable d'exprimer quoi que ce soit ou en tout cas elle en a des difficultés énormes". "Je n'arrive pas à pleurer", lui a-t-elle confié.

Un QI dans "la moyenne basse"

L'un des enjeux centraux de cet examen porte sur l'intelligence de Monique Olivier. Pour Mickaël Morlet-Rivelli, les tests qu'il a pu effectuer avec ses collaborateurs établissent qu'elle présente une "intelligence située dans la zone moyenne un petit peu basse".

"Sur le plan scientifique théoriquement, on a estimé que la moyenne du QI était à 100. Monique Olivier, on l'a calculée à 92", dit-il.

L'évaluation du QI de Monique Olivier a fait l'objet de nombreux débats ces dernières années. Les premiers experts, belges, ont établi en 2004 que son QI était de 95, avant que d'autres experts, cette fois français, ne lui attribuent en 2005 une intelligence largement supérieure à la moyenne et qu'ils fixent à 131.

Ce dernier résultat laisse supposer que Monique Olivier aurait eu un rôle bien plus important auprès de Michel Fourniret que pensé précédemment. Pour Mickaël Morlet-Rivelli cependant, ce second examen de Monique Olivier est probablement inexact car réalisé avec un "test de QI obsolète".

Pour autant, le psychologue déplore que la question du QI de Monique Olivier ait pris une telle importance dans son procès. "Ça ne joue pas du tout sur sa responsabilité" dans sa complicité éventuelle dans la disparition d'Estelle Mouzin, estime-t-il. Pour lui, "il y aura toujours une part de mystère" concernant les motivations de l'ancienne femme de Michel Fourniret.

Article original publié sur BFMTV.com