Ian Bostridge, un magicien chez Gluck

Le ténor anglais Ian Bostridge dans « Armide » à l'Opéra-Comique  - Credit:Bostridge Kalpesh  Lathigra
Le ténor anglais Ian Bostridge dans « Armide » à l'Opéra-Comique - Credit:Bostridge Kalpesh Lathigra

Qui aime Schubert aime aussi Ian Bostridge, ce ténor élégant et mélancolique qui a succédé à Dietrich Fischer-Dieskau en se faisant l'ambassadeur du Voyage d'hiver, qu'il a chanté dans le monde entier et auquel il a consacré un livre érudit et passionnant (Le Voyage d'hiver de Franz Schubert, Actes Sud, 2018). C'est donc une surprise de retrouver le chanteur britannique dans un opéra baroque à l'Opéra-Comique, très loin de son répertoire traditionnel du lied romantique. « J'avoue que c'est vraiment une première pour moi, nous confie-t-il, encore étonné, dans sa loge de la salle Favart, je n'avais jamais chanté ici et je n'avais jamais chanté de Gluck non plus. Pourtant, son influence est partout : chez Schubert en particulier… » Dans Armide et sous la direction de Christophe Rousset à la tête de ses incontournables Talens Lyriques, Ian Bostridge est Renaud, le chevalier chrétien dont s'éprend la reine syrienne incarnée par la magnifique Véronique Gens. « Gluck a dit au premier interprète du rôle : il faut chanter comme si on te coupait la jambe ! Merveilleuse indication qui donne une idée de l'intensité du rôle », s'amuse le chanteur.

« On est en 1777, au point de bascule de l'entrée dans les Lumières, poursuit Ian Bostridge. Chanter "J'aime la liberté" à ce moment-là, juste après la Déclaration d'indépendance américaine de 1776, et juste avant 1789… ce n'est pas anodin. Et puis il y a un philtre d'amour, de la magie… tout ce que j'aime. » Sur ce sujet préc [...] Lire la suite