Huîtres, citrouilles, avocats... les bons réflexes en cas de coupures

Des gestes du quotidien qui ne sont pas si anodins. Quand on pense aux huîtres, aux citrouilles en tout genre et autres avocats, on pense d'abord aux bons petits plats. Mais de la cuisine aux urgences, il n'y a parfois qu'un geste qui dérape. Le couteau glisse et c'est la blessure.

Alors que la saison des courges est lancée et que celle des huîtres, pour les fêtes de fin d'année, arrive, nous avons demandé à des médecins spécialistes de la main quels sont les bons réflexes à avoir en cas de coupure.

"Il est vrai que les cas classiques sont plutôt les blessures liées à l’écaillage des huîtres en fin d’année, des coquillages ou même à la découpe d’avocats !", indique le docteur Philippe Pradel, chirurgien de la main et du membre supérieur, au service SOS Main du Médipôle de Savoie et membre de la Fédération européenne des urgences de la main.

Quel que soit le légume que l'on cuisine, pour le docteur Michaël Benassayag, le risque d’accidents domestiques est fréquent, car on exécute machinalement des tâches sans y prêter attention.

"Je me souviens d’une patiente l’an dernier, qui, en voulant découper une citrouille, avait placé sa main dans la trajectoire du couteau. La lame s'était enfoncée dans son doigt", raconte Dr Benassayag, également chirurgien au service SOS Main du Médipôle de Savoie.

Cette blessure en apparence minime (5 à 8 mm) avait valu à sa patiente six semaines d’attelle et six mois de rééducation. La femme s’était sectionné un nerf, une artère et un tendon. Lors de l’opération, le chirurgien avait dû procéder à une suture sous microscope, "ce qui a permis une bonne récupération de la fonction de la main", malgré une "diminution de sensibilité de la pulpe du doigt", explique le spécialiste.

Pour couper une courge en toute sécurité, il est important de choisir un espace de travail dégagé et "surtout d'utiliser les bons gestes", explique le Dr Philippe Pradel. Mieux vaut couper la courge en deux afin d'obtenir plus de stabilité, "utiliser un couteau solide et penser à bien l'orienter vers la planche à découper et non en direction de la main".

Des recommandations qui peuvent paraître évidentes mais qui sont souvent négligées. De quoi pousser le Dr Benassayag à utiliser des photos pédagogiques en guise de prévention, à l'occasion d'Halloween par exemple.

Que faire en cas de coupure ?

Malgré toutes les précautions, les accidents sont vite arrivés.

"Le premier geste à adopter est surtout de bien nettoyer la plaie en passant sa main sous l’eau du robinet, puis de stopper le saignement en exerçant une forte pression", insiste Dr Benassayag.

Une fois les premiers gestes de secours effectués, le chirurgien recommande de consulter un médecin ou de se diriger directement vers le service SOS Main le plus proche. Si en apparence, une plaie peut paraître bénigne, les médecins alertent sur les possibles lésions plus profondes qui restent invisibles à l’œil nu.

"L’erreur que commettent beaucoup de personnes est de ne pas consulter un professionnel de santé", déplore Dr Benassayag.

"Bien souvent, après s’être coupés, la plupart d’entre eux remarquent qu’ils peuvent bouger leur main, alors ils se disent que ça va ! Mais au moment où l'on procède à des examens cliniques, on se rend compte qu’il y a des lésions partielles des nerfs ou des tendons", ajoute-t-il.

Un risque infectieux

Et ce n’est pas le seul danger. "Quel que soit l’objet coupant utilisé, il est rarement propre", souligne le docteur Houvet, chirurgien à l’Institut Français de la main (IFCM). "Le couteau va donc déposer au fond de la plaie des bactéries" et ressortir aussitôt, "sans qu’on ne soit inquiété".

Or, le chirurgien insiste, le risque d’infection est aussi grand qu’une possible lésion des nerfs ou des tendons.

Les médecins recommandent de consulter systématiquement un professionnel de santé capable d’évaluer la gravité des blessures et les possibles lésions présentes. Parmi les 150.000 blessés de la main pris en charge par la FESUM (tout profil confondu), la majorité présente des lésions graves pouvant laisser des séquelles plus ou moins importantes.

Article original publié sur BFMTV.com