« Une histoire à deux est, par définition, toujours bancale »

Femme dans sa chambre le 9 décembre 2020.  - Credit:Funda / Pexels
Femme dans sa chambre le 9 décembre 2020. - Credit:Funda / Pexels

« Je baise, donc je suis », m'avait-il dit, lueur d'humour dans un œil, bravade dans l'autre et mélancolie dans les deux. Damien avait beau se vanter d'avoir baisé dans chaque arrondissement de Paris et dans bientôt toutes les capitales de l'Union européenne, il n'avait encore jamais connu une histoire d'amour ni même une aventure de plus de quelques semaines.

Don Juan ? Non. Ce n'était pas un enjeu de conquête ni de séduction. Plutôt « toxicomane du cul » comme il se désignait lui-même. Il s'était décidé à aller parler à quelqu'un après qu'une fille lui a dit : « C'était encore mieux que la dernière fois. » Or, lui ne s'était pas rendu compte qu'ils avaient déjà couché ensemble. Cela aurait pu être des années plus tôt, des mois, quelques semaines. Il avait préféré ne pas poser la question, mais cela avait été la remarque de trop. Elle lui avait révélé, d'un coup, le néant émotionnel et affectif dans lequel il se tenait depuis plus de quinze ans.

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Damien ne les revoyait jamais. Les revoir, même une seconde fois, aurait eu pour conséquence de devoir dire « je », de devoir dire « tu ». Et un mois plus tard, d'avoir la fameuse conversation sur ce qu'elles attendent, là où elles en sont désormais dans leur vie, ce à quoi elles sont prêtes ou non à consentir, où, quand, comment, etc. Ce n'était pas ce qu'il cherchait. C'était même précisément ce qu'il fuyait. Comme ça, au moins les c [...] Lire la suite