Le Haut Conseil pour le Climat change de président pour la première fois depuis sa création

Jean-François Soussana, contributeur du GIEC et prix Nobel de la paix pour cela, prends la tête du Haut Conseil pour le Climat.
Forum Planet A 2019 Jean-François Soussana, contributeur du GIEC et prix Nobel de la paix pour cela, prends la tête du Haut Conseil pour le Climat.

ENVIRONNEMENT - Pour la première fois depuis sa création, le Haut Conseil pour le Climat change de présidence. Avec ses 12 experts, cet organisme indépendant est chargé d’évaluer l’action climatique du gouvernement. Il avait été créé en 2018 par Emmanuel Macron pour renforcer l’ambition de la France sur le climat. Ces six dernières années, il a été dirigé par la climatologue franco-canadienne Corinne Le Quéré. L’experte passe désormais la main à un autre grand nom de la communauté scientifique : Jean-François Soussana.

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Agronome de formation, Jean-François Soussana est spécialiste de la santé des sols et du changement climatique. Il est notamment connu pour avoir contribué aux rapports du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat dès 1998, et pendant plus de vingt ans.

Il a par ailleurs été récompensé pour son travail au sein du groupe d’expert par un prix Nobel de la Paix. En effet en 2007, les auteurs du 4e rapport du GIEC avaient été collectivement récompensés « pour leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements ».

À cette époque déjà, le GIEC alertait sur une hausse de 1,8 à 4 °C de la température moyenne planétaire d’ici à 2100, et estimait que l’origine du réchauffement était « très probablement » liée à l’activité humaine. Des informations confirmées au fil des années, alors que le phénomène continue de se renforcer à cause des émissions de gaz à effet de serre.

Spécialiste du changement climatique et de l’agriculture

Jusqu’à présent, Jean-François Soussana occupait le poste de vice-président de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). L’agriculture et le changement climatique sont en effet ses deux thèmes principaux d’expertise. Il a notamment mené dès les années 80 des travaux sur l’écologie des prairies, les cycles du carbone et de l’azote affectés par l’effet du changement climatique.

Il a ensuite « dirigé un laboratoire de recherche sur les écosystèmes et les changements globaux » au sein de l’Inra, devenu Inrae en 2020. À cette date, il devient vice-président de ce prestigieux institut de recherche, chargé des programmes internationaux, en particulier sur l’agriculture, les sols et le changement climatique, selon les sites du HCC et de l’Inrae.

Jancovici, Masson-Delmotte, et Tubiana maintenus

La fin de mandat de Corinne Le Quere marque aussi un renouvellement des membres du Haut Conseil pour le Climat. L’ingénieur Jean-Marc Jancovici, la climatologue Valérie Masson-Delmotte, l’artisane de l’accord de Paris Laurence Tubiana, sont maintenus à leurs postes. Mais quatre nouveaux scientifiques vont rejoindre le conseil à partir du 24 juin.

Parmi eux, deux anciens auteurs du GIEC : le professeur d’écologie Paul Leadley et le spécialiste de l’érosion côtière Gonéri Le Cozannet. Deux femmes rejoignent également le conseil : l’inspectrice générale des finances Selma Mahfouz et la directrice en France de l’ONG Transport & Environment, Diane Strauss.

Ce renouvellement marque « un nouveau départ » pour le Haut Conseil pour le Climat, s’est réjoui auprès d’AEF info le paléoclimatologue Jean Jouzel. Ses membres ne cachent pas leur ambition de faire évoluer l’organisme à l’avenir : Michel Colombier appelle de ses vœux une plus grande réactivité du Conseil et Valérie Masson-Delmotte plaide pour que le HCC publie un état des lieux des connaissances sur le climat, destiné « à l’ensemble de la société » et actualisé « de manière régulière ».

Ces dernières années, les rapports de l’organisme ont à plusieurs reprises rappelé le gouvernement à ses engagements. Ses conclusions ont notamment été citées par le Conseil d’État ou le tribunal administratif de Paris, qui ont tous deux condamné l’État pour inaction climatique.

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