L’Arcom épingle Sud Radio pour une séquence climatosceptique, une première

RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE - C’est une première, qui pourrait créer un précédent. L’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel et du numérique français, a affirmé dans un communiqué le 25 juin dernier que plusieurs déclaration dans l’émission de sud radio Bercoff « venait contredire ou minimiser » le consensus scientifique autour du changement climatique, « par un traitement manquant de rigueur et sans contradiction. »

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Cette mise en garde fait suite au signalement du collectif Quota Climat, qui milite pour un meilleur traitement des enjeux écologiques dans les médias. En décembre dernier, alors que la COP28 se tenait à Dubaï, le journaliste André Bercoff réalisait une interview du physicien François Gervais. C’est à cette occasion que de nombreuses déclarations franchement climatosceptique, moquant la dangerosité du dérèglement climatique, ont été émises.

« C’est un bien, ce réchauffement »

L’Arcom n’a pas précisé les passages considérés comme problématiques. Mais François Gervais, un physicien et essayiste très controversé relativisent ainsi largement le réchauffement climatique. L’auteur du livre L’urgence climatique est un leurre, parle dans son interview d’une « arnaque climatique ».

François Gervais va même plus loin. Selon lui, le réchauffement climatique « c’est un bien » : À « la fin du règne de Louis XIV, il faisait froid, il y avait de mauvaises récoltes et le froid tue plus sûrement qu’un peu de chaleur », affirme-t-il au journaliste André Bercoff. Pour ce qui est de la fonte des glaces, il évoque un problème mineur : « Ce n’est pas ça qui va nous engloutir ».

Interrogé par le média Novethic, Sud radio et plus précisément son directeur général Patrick Roger se défend. Il estime qu’il « faut toujours apporter de la contradiction », ajoutant que « je ne voudrais pas qu’il y ait une interdiction de la parole sur certains sujets. La vérité d’aujourd’hui n’est pas toujours celle de demain, qui n’était pas celle d’hier », constate-t-il. Un raisonnement qui pose problème car le réchauffement climatique n’est pas un débat, mais l’objet d’un consensus scientifique affirmé, entre autres, par le GIEC à chacun de ses rapports.

Un progrès du traitement médiatique sur ce sujet ?

Pour Quota Climat, « C’est une première indispensable pour réguler la qualité de l’information environnementale dans l’audiovisuel français », affirme l’association sur LinkedIn. En effet, c’est la première fois que l’Arcom met en garde un média sur ce genre de sujets.

À de nombreuses reprises pourtant, depuis 2023, Quota Climat a réalisé des signalements visant différents médias sur ce sujet. Par exemple, Uune séquence sur CNews ou Christophe Debien, président de l’association « Office central de la coopération à l’école », expliquait que le réchauffement climatique était lié au cycle naturel de la planète. Une séquence rejetée par l’ARCOM.

La décision mettant en caue Sud radio est « indispensable pour faire prendre conscience du caractère prédominant du problème à l’échelle de la direction des médias », estime le collectif. D’une manière générale, de nombreux progrès restent à faire dans le traitement des enjeux environnementaux, et les élections législatives actuelles en sont un bon exemple. Comme le relève l’organisation Climat Medias, la part des reportages sur le climat et l’environnement est proche de zéro depuis le 1er juin.

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