Guerre en Ukraine : près d’Odessa, des milliers de tonnes de céréales détruites par des frappes russes

Selon Kiev, des infrastructures céréalières ont été « ciblées » dans le port de Tchornomorsk, après le retrait de Moscou de l’accord sur les exportations de céréales.

Des cultures parties en fumée. 60 000 tonnes de céréales destinées à l’exportation et entreposées dans le port ukrainien de Tchornomorsk, près d’Odessa dans le sud-ouest de l’Ukraine, ont été détruites dans des frappes russes dans la nuit du mardi 18 au mercredi 19 juillet, a affirmé le ministre ukrainien de l’Agriculture.

« Il faudra au moins un an pour réparer intégralement les infrastructures endommagées », a estimé Mykola Solsky dans un communiqué publié sur le site du ministère, précisant que ces céréales « auraient dû être (...) expédiées par le couloir céréalier il y a 60 jours ».

« L’infrastructure céréalière des négociants et transporteurs internationaux et ukrainiens a été la plus touchée », a-t-il poursuivi, considérant que « la sécurité alimentaire mondiale est à nouveau en danger » avec ces attaques visant les sites ukrainiens liés à l’exportation des céréales. Parmi les entreprises dont les infrastructures ont subi des dégâts, le ministre a cité la française CMA CGM et le groupe canadien Viterra.

Une attaque « ciblée » selon Kiev

Suite à cette attaque, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie d’avoir « délibérément ciblé » des sites utilisés pour l’exportation des céréales ukrainiennes, trois jours après l’expiration d’un accord crucial sur le sujet.

Le Kremlin a en effet annoncé lundi son refus de prolonger l’accord céréalier signé en juillet 2022 sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, en dénonçant des entraves au commerce de ses engrais et de ses propres produits alimentaires russes. Cet accord permettait de transporter de façon sécurisée les produits agricoles ukrainiens, malgré le conflit et le blocus des ports ukrainiens par la marine russe.

La Russie « fait une fois de plus courir un risque irresponsable sur la sécurité alimentaire mondiale », a quant à elle dénoncé la diplomatie française mercredi. « Ces frappes, qui ont délibérément ciblé des infrastructures civiles, notamment de stockage de céréales, constituent des crimes de guerre », estime le ministère français des Affaires étrangères en dénonçant « l’insécurité alimentaire générée par l’agression russe » en Ukraine.

De son côté, Berlin estime que ces bombardements « frappent les plus pauvres du monde ». « Même si la voie de la mer Noire est difficilement remplaçable, nous soutenons le président Volodymyr Zelensky et l’Ukraine (…) pour trouver des voies de transport alternatives. Par exemple via les lignes de solidarité de l’UE par voie fluviale, ferroviaire et routière », a estimé la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, dans un tweet publié mercredi.

En fin de journée, Vladimir Poutine a de nouveau assuré que la Russie était prête à revenir à l’accord, si et seulement si ses demandes sont réalisées « dans leur totalité », sans quoi sa prolongation « n’a plus de sens ».

« Nous examinerons la possibilité de retourner (à l’accord), mais à une condition : si tous les principes de participation de la Russie à cet accord seront pris en compte et réalisés sans exception et dans leur totalité », a déclaré le chef du Kremlin lors d’une réunion gouvernementale retransmise à la télévision.

2 000 personnes évacuées à cause d’un incendie en Crimée

Dans cette même zone de la mer Noire, un incendie sur un terrain d’entraînement militaire faisait rage mercredi dans le district de Kirovski, dans l’est de la péninsule ukrainienne annexée de Crimée. Selon le gouverneur russe de la région Sergueï Aksionov, il a provoqué l’évacuation des « habitants de quatre localités adjacentes ». Soit plus de 2 000 personnes qui ne pourront pas rentrer chez eux avant deux ou trois jours, selon le président du Parlement de Crimée, Vladimir Konstantinov.

Deux médias russes en ligne, Mash et Baza, proches des services de sécurité russes, ont signalé dans la matinée que des détonations étaient audibles dans la zone depuis plusieurs heures et publié des vidéos montrant des déflagrations. Kiev reste muet et les autorités russes n’ont pas confirmé l’explosion de munitions alors que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué à la presse que Vladimir Poutine était tenu « informé » de l’incendie.

Depuis le début du conflit, Kiev mène régulièrement des attaques sur la Crimée, région stratégique qui sert de base arrière aux troupes russes dans leur offensive sur l’Ukraine.

À voir également sur Le HuffPost :

Guerre en Ukraine : Oleg Sentsov, cinéaste ukrainien et volontaire dans l’armée de Kiev, blessé sur le front

Guerre en Ukraine : le pont de Crimée attaqué, que sait-on ?

VIDÉO - Exportations de céréales ukrainiennes : la sécurité alimentaire mondiale est en jeu selon l'ONU