Guerre en Ukraine : Pourquoi l’accord du Sénat sur l’aide à Kiev a peu de chances d’être finalement adopté

Joe Biden a salué un accord trouvé par le Sénat américain pour verser 60 milliards de dollars à l’Ukraine face à l’invasion de la Russie, et 14,1 milliards de dollars pour Israël.
KEVIN DIETSCH / Getty Images via AFP Joe Biden a salué un accord trouvé par le Sénat américain pour verser 60 milliards de dollars à l’Ukraine face à l’invasion de la Russie, et 14,1 milliards de dollars pour Israël.

INTERNATIONAL - Un accord bipartisan. Démocrates et républicains du Sénat américain se sont entendus ce dimanche 4 février sur un accord qui renforcerait la sécurité des frontières et fournirait une aide en temps de guerre à l’Ukraine ainsi qu’à Israël. Le président américain Joe Biden a salué un accord « qui inclut les réformes migratoires les plus strictes et les plus équitables depuis des décennies ». « Je le soutiens fermement », a-t-il ajouté.

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Dans un communiqué, Joe Biden a exhorté le Congrès à « adopter rapidement » le texte. Il faut l’« amener sur mon bureau afin que je puisse le promulguer immédiatement », a-t-il insisté. Le président américain, tout comme son homologue Volodymyr Zelensky, réclame depuis plusieurs mois le déblocage d’une enveloppe d’aides à destination de l’Ukraine.

Cet accord, qui porte sur un financement total de 118,3 milliards de dollars, comprend une aide de 60 milliards de dollars pour l’effort de guerre de Kiev face à l’invasion de la Russie et de 14,1 milliards de dollars pour Israël, selon un résumé publié par la présidente de la commission des crédits du Sénat, Patty Murray. Le texte prévoit également une enveloppe de 20,2 milliards de dollars pour les réformes de la politique migratoire, objet d’âpres débats entre les négociateurs républicains et démocrates.

Blocage prévisible à la Chambre des représentants

L’adoption d’une telle enveloppe est toutefois loin d’être garantie. Les républicains à la Chambre des représentants sont de plus en plus nombreux à s’opposer à l’envoi de nouveaux fonds à l’Ukraine. Les États-Unis, de loin le premier soutien militaire à l’Ukraine, butent depuis plusieurs mois sur la validation de cette enveloppe. Deux ans après le début d’une guerre qui s’enlise -- et plus de 110 milliards de dollars déjà débloqués par le Congrès -- les républicains, en particulier, ont commencé à trouver la note trop salée.

Pour être adoptée, cette enveloppe doit encore être approuvée au Sénat, où elle devrait en théorie obtenir le soutien d’élus des deux partis, puis à la Chambre des représentants. C’est là que les choses se compliquent. Son président, le « speaker » Mike Johnson, un fidèle de Donald Trump, a douché les espoirs de Joe Biden. « Cette loi est encore pire que ce que nous attendions et est très loin de mettre fin à la catastrophe à la frontière créée par le président », a-t-il réagi sur X, promettant que le texte serait « mort à son arrivée » s’il devait passer à la Chambre.

Une réforme drastique de la politique migratoire

Conscient que le sentiment d’urgence s’est bien émoussé à Washington depuis le début de la guerre en 2022, le président Biden avait demandé au Congrès en octobre de coupler sa demande d’aide pour l’Ukraine à une autre aide pour Israël, ainsi qu’à une réforme drastique de la politique migratoire des États-Unis, sujet politiquement brûlant, qui l’est d’autant plus en pleine année électorale.

Le texte dédie ainsi 20,2 milliards de dollars à la politique migratoire du pays. Il prévoit surtout des restrictions plus sévères dans le système de traitement des demandes d’asile avec un coup de frein lorsque les passages dépassent les 5 000 personnes par semaine.

Joe Biden a mis en avant les efforts déployés depuis des décennies pour réformer le système d’immigration « défaillant » du pays, tout en prônant une attitude plus humaniste que son prédécesseur Donald Trump dont les mesures controversées avaient conduit à la séparation des familles à la frontière entre les États-Unis et le Mexique.

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