Guerre en Ukraine : À Bruxelles, Emmanuel Macron veut entraîner l’Europe dans son « sursaut » face à la Russie

Comment Macron veut entraîner l’Europe dans son « sursaut » face à la Russie
RONNY HARTMANN / AFP Comment Macron veut entraîner l’Europe dans son « sursaut » face à la Russie

POLITIQUE - En recherche d’appui. Emmanuel Macron se rend à Bruxelles ce jeudi 21 mars pour participer à un Conseil européen de printemps à l’ordre du jour copieux. Les discussions, qui vont se terminer vendredi en milieu d’après-midi doivent porter sur l’agriculture, les migrations ou le processus d’adhésion de la Bosnie-Herzégovine à l’Union.

Emmanuel Macron à Bruxelles pour vanter le modèle français lors d’un sommet sur l’énergie nucléaire

Mais comme depuis plusieurs mois, les questions liées au soutien à l’Ukraine seront les plus prégnantes. D’autant que ce sommet intervient dans un contexte particulier, quelques jours après la manifestation de désaccords entre le président français et certains partenaires concernant l’envoi possible de troupes au sol pour aider Kiev à se défaire de la Russie.

Le président de la République a effectivement marqué les esprits - et provoqué la réprobation du partenaire allemand - en refusant d’exclure cette hypothèse fin février au sortir d’une conférence de soutien organisée à l’Élysée. Il a depuis persisté en affirmant que des « opérations » menées « sur le terrain » par des Occidentaux seraient peut-être nécessaires « à un moment donné », même s’il « ne le souhaite pas. »

Macron veut « des signaux importants »

Un « sursaut » face à la Russie de Vladimir Poutine, selon les mots du chef de l’État, qu’il aimerait bien partager avec ses homologues. Car si Kiev perdait face à Moscou, « les conséquences seraient directes » pour les démocraties occidentales, estime-t-il. D’où l’appel à « une prise de conscience » globale de la situation.

En parallèle de ces différentes sorties, et des fins de non-recevoir apposée par Berlin, Madrid, ou Rome quant à la possibilité d’envoyer, un jour, des soldats en Ukraine, le président de la République a enchaîné les initiatives diplomatiques. Pour apaiser les dissensions, ou rallier des dirigeants à sa cause.

Le 5 mars, il s’est rendu à Prague pour marquer son soutien à une initiative tchèque visant à acheter des munitions hors Union européenne et pour appeler, au passage, ses homologues à ne pas être « lâches » face à un Vladimir Poutine « inarrêtable. » Dix jours plus tard, il était en Allemagne chez le chancelier Olaf Scholz et en compagnie du Premier ministre polonais Donald Tusk pour dégainer une « nouvelle coalition de capacités pour l’artillerie à longue portée » et tenter de balayer les divisions entre Européens.

C’est dans ce contexte que le président de la République attend des « signaux importants » jeudi et vendredi depuis Bruxelles, selon les mots de l’Élysée, à l’heure où les forces russes progressent dans l’est de l’Ukraine, en raison notamment de l’essoufflement de l’aide occidentale à Kiev.

L’Europe va-t-elle saisir les avoirs russes gelés ?

Emmanuel Macron plaide entre autres pour l’envoi d’un message « très clair » de la part du Conseil, pour dire qu’il soutiendra l’Ukraine « aussi longtemps qu’il le faudra et aussi intensément que nécessaire. » « Nous aimons beaucoup cette formule. Le Président y tient, le Président a déjà dit, pour paraphraser une autre formule célèbre, ’whatever it takes’ », insiste l’Élysée auprès des journalistes en marge du rendez-vous bruxellois. En français « quoi qu’il en coûte ».

Plus concrètement, ce sommet sera l’occasion de mettre en avant les récentes décisions prises par les Vingt-Sept, comme le paquet de 50 milliards d’euros d’aide sur quatre ans, validé le 1er février dernier lors d’un sommet exceptionnel.

Surtout, le Conseil européen va discuter au cours de ces deux jours d’une proposition attendue de la Commission visant à saisir les revenus générés par les avoirs russes gelés après l’invasion de l’Ukraine. Le but : financer l’achat d’armes en faveur de Kiev. « Le consensus » est « en train d’émerger », se réjouit l’Élysée, même si certains pays redoutent les conséquences d’une telle saisie, craignant le précédent que cela pourrait créer pour les marchés financiers.

Ce dispositif pourrait générer à terme près de trois milliards d’euros par an. De quoi aider davantage une armée ukrainienne en manque d’effectifs, de munitions et de systèmes de défense aérienne après deux ans de guerre. Sans franchir le Rubicon.

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