Guerre Israël-Hamas : comment en parler avec les enfants ?

Des spécialistes nous livrent leurs recommandations pour aborder le sujet de la guerre avec les plus jeunes.

Alors que le conflit entre Israël et Hamas fait rage, tous les enfants ne gèrent pas aussi bien le flux constant d’images choquantes (Photo : Getty Images)
Alors que le conflit entre Israël et Hamas fait rage, tous les enfants ne gèrent pas aussi bien le flux constant d’images choquantes (Photo : Getty Images)

Prises d’otages, bombardements, milliers de morts… la guerre entre Israël et le Hamas actuellement en cours au Moyen-Orient comporte son lot d'horreurs. Les nouvelles informations et les images violentes arrivent aux enfants de différentes manières, et ils ne les gèrent pas tous de la même façon, en fonction de leur âge, de leur appartenance ou encore de leur caractère. Les plus jeunes peuvent ne pas faire la distinction entre ce qu’ils entendent ou ce qu’ils voient et leur propre réalité. Les adolescents, en âge d’analyser, peuvent être en proie à l’anxiété face à l’escalade du conflit. Comment aborder ce sujet éminemment sensible et complexe avec sa progéniture ?

Respecter le choix de l'enfant

“Il y a des familles qui sont très informées, notamment si c’est un sujet qui touche particulièrement un parent, d’autres le sont moins, détaille Virginie Piccardi, psychologue et psychothérapeute. La guerre est un sujet qui peut être abordé par le parent s’il le souhaite, à un moment où il est disponible pour répondre aux questions de l’enfant, lors du repas ou du coucher par exemple.”

Bruno Humbeeck, professeur de psychopédagogie, conseille d’attendre les questions de l’enfant mais de ne pas les anticiper. Certains enfants vont avoir besoin de parler de ce qu’ils ont vu ou entendu, d’autres non. “Il ne sert à rien de mettre le sujet sur la table quand l’enfant ne le demande pas, on peut lui proposer d’en parler mais jamais l’imposer, précise-t-il. Il est important de respecter ce choix et de ne pas transmettre ses inquiétudes d'adultes.”

Faire le point sur ce que l’enfant sait

La première étape est de comprendre ce que l’enfant a vu ou entendu et ce qu’il ressent. Avant 5 ans, les enfants n’ont pas forcément intégré la notion de guerre et de mort. Ils sont davantage inquiets à cause de l’anxiété des adultes. “Pour les jeunes enfants, le dessin ou le jeu peut aider à ouvrir la discussion”, conseille l’Unicef.

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Plus tard, lorsqu'ils ont intégré ces notions, “il est important de parler le plus clairement possible et d’utiliser les bons moments, recommande Bruno Humbeeck. Les enfants ne sont pas préservés des informations adultes, ils vont voir des images ou en entendre parler. C’est important de mettre des mots sur des images pour éviter que tout cela ne génère de l’angoisse.” Le spécialiste insiste sur la nécessité de dire que c’est une guerre qui oppose deux peuples. “On peut aussi préciser qu’il y a des choses inacceptables de faites d’un côté comme de l’autre et de nuancer ses propos”, ajoute-t-il. Avec les adolescents, il est possible d’ouvrir une discussion de fond. Le conflit israélo-palestinien est notamment au programme en classe de 3e et de Terminale.

Les erreurs à éviter

“On ne gère pas une émotion mais on l’accueille, rappelle Virginie Piccardi. Il est important de cerner celle de l’enfant, ça peut être de l'anxiété, de la colère ou de la tristesse.” Dans tous les cas, il est important de ne pas minimiser les inquiétudes de l’enfant et de le rassurer sur le fait que ce qu’il éprouve est naturel. “L'erreur est peut-être de vouloir absolument rassurer un enfant, alors que c’est inquiétant ce qu’il se passe, ajoute Bruno Humbeeck. On peut reconnaître cela tout en nourrissant l’espoir et en rappelant qu’il y a des gens qui se battent pour la paix.” On peut aussi évoquer les histoires positives, comme les secouristes qui aident la population ou des jeunes qui appellent à la paix.

Tant que la guerre perdure, vous pouvez vérifier régulièrement comment va l’enfant. Comment se sent-il ? A-t-il de nouvelles questions ou des choses qu’il aimerait aborder avec vous ? Rappelez-lui qu’il peut toujours venir vous voir quand il est préoccupé ou s’il souhaite simplement parler.

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