Guerre Israël-Hamas: quelle est la situation dans la bande de Gaza, après trois mois de conflit?

Aucun signe de répit. La guerre entre Israël et le Hamas palestinien entre ce dimanche 7 janvier dans son 4e mois et ne montre aucun signe d'un possible affaiblissement des combats à court terme. Les bombardements israéliens se poursuivent à Gaza, tandis que l'État hébreu a affirmé samedi avoir "démantelé" la "structure militaire" du Hamas.

Après les attaques menées par le Hamas en Israël le 7 octobre qui ont fait 1.140 morts, l'État hébreu a juré de détruire le groupe terroriste palestinien. Environ 250 personnes ont aussi été enlevées et une centaine a été libérée lors d'une trêve fin novembre.

D'après le ministère de la Santé du Hamas, 22.722 personnes sont mortes dans la bande de Gaza depuis le début de la riposte israélienne.

Combats incessants

Les combats se poursuivent ce dimanche, des témoins présents dans la bande de Gaza faisant état de frappes aériennes israéliennes à Khan Younès, principale ville du sud de Gaza et nouvel épicentre des combats entre les soldats et le Hamas. Selon l'agence officielle palestinienne Wafa, on compte de nombreux morts et blessés.

Pas de cessez-le-feu envisagé par Israël

Samedi, l'armée israélienne a affirmé avoir "achevé le démantèlement de la structure militaire du Hamas dans le nord" de Gaza.

"Nous nous focalisons désormais dans le centre et le sud", a dit le porte-parole de l'armée Daniel Hagari, précisant toutefois que des éléments du Hamas opéraient toujours dans le nord "sans structure et sans commandant".

Malgré les appels de la communauté internationale, Benjamin Netanyahu reste inflexible. "La guerre ne doit pas s'arrêter tant que nous n'aurons pas atteint (nos objectifs, NDLR)" qui sont "d'éliminer le Hamas, récupérer les otages et faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour Israël", a clamé le Premier ministre samedi.

Près de 2 millions de déplacés

Sur le plan médical et sanitaire, la situation est désastreuse pour les Gazaouis, après trois mois de guerre. L'ONG Médecins sans frontières (MSF) a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche avoir évacué son personnel d'un hôpital du centre de Gaza.

"La situation est devenue si dangereuse que certains membres de notre équipe vivant dans le quartier n'étaient même pas en mesure de quitter leurs maisons en raison des menaces constantes des drones et des tireurs d'élite", a déploré sur X (anciennement Twitter) Carolina Lopez, coordinatrice des services d'urgence de MSF à Gaza.

L'offensive israélienne a provoqué le déplacement de 1,9 million des quelque 2,4 millions de Palestiniens d'après l'ONU. Ces déplacés vivent dans des conditions terribles: ils manquant d'eau, de nourriture, de médicaments et de soins, alors que les hôpitaux sont pour la plupart hors service.

Une région "inhabitable"

Pour le coordinateur des affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, la bande Gaza, pilonnée par les frappes israéliennes, est désormais "inhabitable".

C'est un "lieu de mort et de désespoir", déplore-t-il.

Selon l'Unicef, la survie d'1,1 million d'enfants est menacée dans la bande de Gaza en raison des combats, de la malnutrition et de la situation sanitaire désastreuse.

La fourniture d'aide alimentaire et médicale reste complexe. L'Organisation mondiale de la santé (OMS), affirme que l'OMS et le Fonds de l'ONU pour la population ont pu livrer pour la première fois en 10 jours des fournitures médicales à la pharmacie centrale du ministère de la Santé à Khan Younès.

Et la guerre ne touche pas que Gaza. En Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, un raid des forces israéliennes a coûté la vie à six Palestiniens à Jénine, selon l'Autorité palestinienne. Un officier israélien a par ailleurs été tué dans l'explosion d'un engin, selon la police.

Toujours en Cisjordanie, un civil israélien a par ailleurs été tué par balle, au nord de Ramallah, selon l'armée israélienne. L'assaillant est recherché.

La crainte d'un embrasement régional

L'inquiétude grandit par ailleurs face à un possible embrasement régional du conflit, alors que les violences se multiplient à la frontière entre Israël et le Liban. Samedi, le mouvement islamiste libanais Hezbollah a tiré des dizaines de roquettes vers une base militaire à Meron dans le nord d'Israël, une attaque présentée comme sa première riposte à l'élimination, attribuée à Israël, du numéro deux du Hamas mardi près de Beyrouth. Le secrétaire d'État américain Antony Blinken mène actuellement une tournée diplomatique au Moyen-Orient lors de laquelle il multiplie les appels à éviter toute escalade des violences dans la région et à prévenir "un cycle sans fin de violences". Il est attendu ce dimanche en Jordanie.

"Il doit y avoir un autre moyen d'éradiquer le Hamas qui ne provoquerait pas autant de morts", a renchéri samedi le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, en visite au Liban.

Lassitude des Israéliens

En Israël, une partie de la population dit sa lassitude face à ce conflit dont l'issue semble lointaine. Samedi soir, des manifestants se sont rassemblés à Tel-Aviv et ont appelé le gouvernement à démissionner et ont demandé des élections anticipées.

"Nous en avons assez!", clame une manifestante, Shachaf Netzer, 54 ans, interrogée par l'AFP.

"Nous avons besoin de nouvelles élections. Nous avons besoin d'un nouveau gouvernement. Nous avons besoin d'un nouveau dirigeant."

Article original publié sur BFMTV.com