"Le gouvernement fait diversion" : Mélenchon se défend d'avoir traité le président de l'université de Lille de "nazi"

Jean-Luc Mélenchon se défend après que la ministre de l'Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a annoncé dimanche sur BFMTV le dépôt d'une plainte contre lui ce dimanche, en dénonçant des propos "trait[ant] de nazi" le président de l'université de Lille.

Jean-Luc Mélenchon répond à Sylvie Retailleau. Le leader de La France insoumise dénonce ce lundi 29 avril sur X une "diversion" de la ministre de l'Enseignement supérieur, après qu'elle a annoncé la veille sur BFMTV le dépôt d'une plainte de son ministère contre lui.

Au cœur de ce dossier: les propos tenus par l'insoumis, le 18 avril dernier, lors d'un meeting organisé dans les rues de Lille après la double interdiction d'une conférence sur la Palestine. Le triple candidat à la présidentielle avait visé l'un des deux responsables de cette décision, le président de l'université lilloise, en dressant un parallèle avec le responsable nazi Adolf Eichmann (1906-1962).

"'Moi, je n'ai rien fait', disait Eichmann. 'Je n'ai fait qu'obéir à la loi telle qu'elle était dans mon pays'. Alors ils disent qu'ils obéissent à la loi et ils mettent en œuvre des mesures immorales qui ne sont justifiées par rien ni personne", avait-il déclaré. "Les propos de Jean-Luc Mélenchon, qui ont traité de nazi le président (de l'université de Lille), c'est une injure publique", a estimé Sylvie Retailleau dimanche.

"Madame la ministre, je n'ai pas traité de nazi le président de l’Université de Lille. Je ne pense pas qu'il le soit. Sinon, je le dirais sans peur de vos plaintes", réplique Jean-Luc Mélenchon. Pour justifier sa comparaison, il avance à nouveau le concept de "banalité du mal", développé par la philosophe Anna Harendt en 1963, à la suite du procès d'Adolf Eichman, auquel elle a assisté.

Selon l'insoumis, si la ministre fait "diversion", c'est pour mieux se défausser de ses "responsabilités dans la défense des libertés universitaires." Pour lui, il s'agit de "faire oublier le crime que nous combattons : le génocide des Palestiniens."

L'ancien sénateur socialiste renvoie la responsabilité à ses adversaires, qui avaient demandé l'annulation de sa conférence à Lille. "Qui a menacé de faire du désordre", questionne-t-il, avant de faire référence à Xavier Bertrand (LR) et Violette Spillebout (Renaissance):

"Pourquoi le président de Région a-t-il exigé que je sois interdit de parole dans toutes les universités? Pourquoi la députée Renaissance de Lille a-t-elle appelé au désordre contre nous?"

Jeudi 18 avril, Jean-Luc Mélenchon devait participer à une conférence sur la Palestine à l'université de Lille. La veille, celle-ci a annulé l'événement, expliquant que "les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats", dans le contexte de "l'escalade militaire, intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient", lors de l'attaque de l'Iran contre Israël.

Entre-temps, la conférence avait été réorganisée à la hâte dans une salle privée. Mais la préfecture du Nord l'a également interdite, faisant état d'un risque de "trouble à l'ordre public". Les insoumis avaient ensuite organisé un rassemblement en début de soirée, réunissant une centaine de personnes.

Article original publié sur BFMTV.com