"Un grave problème démocratique": Panot dénonce l'interdiction de la conférence de Mélenchon sur la Palestine

"Je crois que nous avons un grave problème démocratique". Cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot dénonce ce vendredi 19 avril sur BFMTV-RMC la double interdiction d'une conférence sur la Palestine à Lille, dont son parti a fait l'objet.

Prévu la veille, l'événement devait notamment accueillir Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise, et la militante franco-palestinienne Rima Hassan, présente sur la liste du parti pour les élections européennes.

"Dans quelle démocratie, en pleine campagne électorale (pour les élections européennes, NDLR), des oppositions ne peuvent pas exercer leurs libertés de réunion et d’expression", déplore Mathilde Panot.

Depuis quelques jours, cette conférence faisait polémique. En cause: le logo de l'association étudiante organisatrice, "Libre Palestine", qui montre un territoire englobant Israël, la Cisjordanie et la bande de Gaza.

Un risque de "trouble à l'ordre public", selon la préfecture

Certains élus, comme la députée macroniste Violette Spillebout, le parlementaire RN Sébastien Chenu et le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, avaient réclamé l'interdiction de cette conférence. Ce dernier avait notamment argué que le logo revenait à "nie[r] l'existence de l'État d'Israël".

Mercredi 17 avril, l'université de Lille a annulé la conférence, expliquant que "les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats", dans le contexte de "l'escalade militaire, intervenue les 13 et 14 avril au Moyen-Orient", lors de l'attaque de l'Iran contre Israël.

Entre-temps la conférence a été réorganisée à la hâte dans une salle privée. Mais la préfecture du Nord l'a interdit ce jeudi, faisant état d'un risque de "trouble à l'ordre public".

Elle a notamment justifié cette décision par "des appels à la mobilisation lancés par plusieurs organisations" opposées à la conférence pouvant entraîner "des heurts sur la voie publique". Les insoumis ont néanmoins organisé un rassemblement en début de soirée, qui a réuni plusieurs centaines de personnes.

"Nous avons tenu bon, je suis fière qu'ils n'aient pas réussi à faire taire les voix de la paix", salue Mathilde Panot sur BFMTV-RMC.

"Évidemment que ça remonte à l'Élysée"

L'interdiction de cette conférence intervient après celle d'une réunion controversée à Bruxelles de représentants de la droite nationaliste, dont Éric Zemmour. Commentant les deux événements lors d'un sommet européen, Emmanuel Macron a déclaré:

"Je suis pour qu'on respecte les lois de la République. Après, je suis pour ma part toujours favorable à ce que les gens puissent s'exprimer librement, quand bien même je combats leurs idées".

"C'est d'une hypocrisie absolue", réagi Mathilde Panot, qui souligne que "les préfets dépendent d'une autorité". Et d'ajouter: "On en a parlé dans tout le pays, évidemment que ça remonte à l’Élysée, évidemment que ça remonte au ministère de l’Intérieur."

Concernant Éric Zemmour, "la différence (...) c'est que lui, contrairement à nous est un délinquant multirécidiviste sur incitation à la haine raciale et injure à caractère raciste", ajoute la députée du Val-de-Marne.

D'autres conférences annulées

Jeudi, Jean-Luc Mélenchon a dénoncé sur X un "abus de pouvoir de république bananière", après l'annonce de l'interdiction de la conférence à Lille. Le leader de La France insoumise s'exprimera à ce sujet ce vendredi sur BFMTV à 11h.

D'autres annulations de conférences auxquelles participaient des insoumis ont lieu ces derniers mois. La plus récente, prévue à Rennes mercredi 10 avril, ne s'est pas déroulée pour des raisons de sécurité après un mail de menace. Une autre avait été annulée à Bordeaux en octobre.

Article original publié sur BFMTV.com