Gaza : offensive d’Israël à Rafah, pression sur le Hamas... Le point sur la situation au Proche-Orient

Gaza: offensive d’Israël à Rafah, pression sur le Hamas, le point sur la situation au Proche-Orient (Photo de Palestiniens quittant Rafah pour retourner à Khan Younès le 7 avril 2024 après le départ des troupes israéliennes)
MOHAMMED ABED / AFP Gaza: offensive d’Israël à Rafah, pression sur le Hamas, le point sur la situation au Proche-Orient (Photo de Palestiniens quittant Rafah pour retourner à Khan Younès le 7 avril 2024 après le départ des troupes israéliennes)

GAZA - Le temps semble encore suspendu sur la bande de Gaza, alors que la perspective d’une offensive israélienne dans le sud du territoire représente une épée de Damoclès bien réelle pour les Palestiniens. Six mois après le début de la guerre, les sons de cloche venant de Tel Aviv, des médiateurs et du Hamas étaient dissonants sur l’état des négociations, lundi 8 avril.

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Alors qu’Israël dit avoir fixé une date pour l’attaque, le Hamas dit examiner une proposition de trêve, tandis que les États-Unis font pression sur les deux camps, sur l’un pour renoncer à l’offensive et sur l’autre pour accepter les termes des négociations. On fait ici le point sur la situation.

• Netanyahu dit avoir fixé « une date » pour son opération à Rafah

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lundi qu’une date avait été fixée pour une offensive sur la ville de Rafah. Cette ville est, selon Israël, l’un des derniers bastions du Hamas dans la bande de Gaza.

La victoire sur le mouvement islamiste palestinien « exige l’entrée dans Rafah et l’élimination des bataillons terroristes qui s’y trouvent. Cela se fera - il y a une date », a déclaré le Premier ministre israélien dans une vidéo, sans en dire plus.

Voilà plusieurs semaines qu’Israël se dit déterminé à engager une offensive terrestre à Rafah malgré les mises en garde de nombreuses capitales étrangères qui craignent pour la sécurité des plus de 1,5 million de Gazaouis ayant trouvé refuge dans cette zone à l’extrême sud de la bande Gaza près de la frontière fermée avec l’Égypte.

• Washington met en garde Tel Aviv

Après cette annonce d’Israël, les États-Unis ont réaffirmé avec force leur opposition à toute opération israélienne majeure à Rafah.

« Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Pour Washington, il y a d’autres moyens pour Tel Aviv d’arriver à détruire le Hamas, sans tuer la population. « Il ne s’agit pas seulement pour Israël de nous présenter un plan. Nous leur avons clairement fait savoir que nous pensions qu’il existait un meilleur moyen d’atteindre un objectif légitime, à savoir dégrader, démanteler et vaincre les bataillons du Hamas qui se trouvent encore à Rafah », a ajouté Matthew Miller.

• Netanyahu sous pression en Israël

Mais pour le Premier ministre israélien, la pression ne vient pas que d’un seul côté. Car dans la perspective d’un cessez-le-feu, ses alliés de coalition le mettent en garde contre des concessions trop importantes dans la guerre contre le Hamas.

« Si le Premier ministre décide de mettre fin à la guerre sans attaquer Rafah afin de vaincre le Hamas, il n’aura pas de mandat pour continuer à servir en tant que Premier ministre », a prévenu lundi le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben Gvir, du parti d’extrême droite Force juive.

• Le Hamas étudie un accord de trêve en trois étapes

Dans le même temps, le Hamas examinerait une proposition de trêve, a indiqué lundi à l’AFP une source au sein du mouvement islamiste palestinien. Des représentants du gouvernement israélien et du Hamas se sont retrouvés dimanche au Caire pour des négociations indirectes via les médiateurs de l’Égypte, des États-Unis et du Qatar qui leur ont soumis ce plan.

Celui-ci se découperait en trois étapes, dont la première prévoit un cessez-le-feu de six semaines. Il prévoirait également la libération de 42 otages israéliennes (dont des militaires, des enfants et des femmes âgées) en échange de 800 à 900 Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes, dont une centaine y purge de longues peines y compris à perpétuité, a précisé cette source proche des négociations. Le projet d’accord stipule en outre l’entrée de 400 à 500 camions d’aide alimentaire par jour dans la bande de Gaza et le retour chez eux des habitants du nord du petit territoire palestinien déplacés par la guerre, a précisé cette source.

Dans un deuxième temps, tous les autres otages seraient libérés. Israël estime qu’il reste actuellement 129 otages encore captifs dans la bande de Gaza, et que parmi eux 34 sont morts. En échange seraient libérés un nombre encore indéterminé de détenus palestiniens.

Une troisième et dernière étape prévoit le retrait complet de l’armée israélienne de la bande de Gaza et la fin du siège du territoire imposé par Israël après que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007.

• Les États-Unis appuient sur le Hamas pour accepter une trêve

Les États-Unis ont de leur côté affirmé lundi que les médiateurs avaient présenté au Hamas une proposition de cessez-le-feu.

« Maintenant, il revient au Hamas de la concrétiser », a affirmé John Kirby, porte-parole du Conseil national de sécurité de la Maison Blanche, refusant de révéler des détails de cet accord pour ne pas le « torpiller ».

Les pourparlers au Caire ont été « sérieux » mais il est trop tôt pour dire s’ils vont porter leurs fruits, a souligné la Maison Blanche.

• Macron, Al-Sissi et Abdallah II appellent au « cessez-le-feu permanent »

Les dirigeants de la France, de l’Égypte et de la Jordanie ont pour leur part appelé à un « cessez-le-feu » dans une tribune publiée dans Le Monde ce lundi soir. « La guerre à Gaza et les souffrances humaines catastrophiques qu’elle entraîne doivent cesser immédiatement. Aucune paix au Moyen-Orient ne pourra procéder du terrorisme, de la violence ou de la guerre (...) Nous soulignons la nécessité urgente d’instaurer à Gaza un cessez-le-feu permanent », plaident-ils.

Les trois hommes demandent aussi la libération des otages et soutiennent le processus de négociations. Ils mettent aussi « en garde contre les conséquences dangereuses d’une offensive israélienne à Rafah » et promettent d’« intensifier (leurs) efforts pour répondre aux besoins humanitaires » à Gaza. Ils réaffirment enfin leur volonté d’appuyer « la solution des deux États » pour mettre fin aux conflits récurrents dans la zone.

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