Gaza: le directeur de l'hôpital al-Chifa affirme que "179 corps" ont été enterrés dans une "fosse commune"

Le plus grand hôpital de la bande de Gaza, l'hôpital al-Chifa au cœur des combats entre Israël et le Hamas, a dû enterrer des dizaines de morts dans une fosse commune, a annoncé ce mardi 14 novembre son directeur.

"Il y a des corps qui jonchent les allées du complexe hospitalier et les chambres frigorifiées des morgues ne sont plus alimentées" en électricité, a raconté à l'AFP le directeur de l'hôpital al-Chifa, ajoutant qu'au moins "179 corps" avaient été enterrés ce mardi dans une fosse commune.

"Nous avons été obligés de les enterrer dans une fosse commune", a affirmé le docteur Mohammed Abou Salmiya, précisant que parmi ces corps figuraient ceux de sept bébés prématurés, morts faute d'électricité pour les maintenir en vie.

Un journaliste collaborant avec l'AFP à l'intérieur de l'hôpital a raconté que l'odeur des corps en décomposition était étouffante.

"La situation est très grave, c'est inhumain", a averti Médecins sans frontières France (MSF) sur X (ex-Twitter).

Des milliers de Palestiniens dans l'enceinte de l'hôpital

De plus, plusieurs milliers de Palestiniens, des malades, du personnel et des civils déplacés par la guerre qui fait rage depuis le 7 octobre, s'entassent sur le site de l'hôpital al-Chifa, dans des conditions désastreuses.

Selon Israël, cet immense complexe abrite des infrastructures du mouvement islamiste enterrées dans un réseau de tunnels. Des chars israéliens sont donc massés à ses portes, tandis que les combats et les frappes aériennes aux alentours se sont poursuivis toute la nuit, moins intenses cependant que les nuits précédentes, selon ce même journaliste.

Le gouvernement du Hamas avait affirmé ce lundi que tous les hôpitaux du nord de la bande de Gaza, où se concentrent les combats les plus violents, étaient "hors service", faute d'électricité et de carburant.

"Nous n'avons ni électricité ni nourriture ni eau dans l'hôpital" al-Chifa, a raconté un médecin de MSF.

"Des gens vont mourir dans quelques heures sans respirateurs artificiels qui fonctionnent", a-t-il ajouté.

"Boucliers humains"

Le président américain, Joe Biden, a appelé Israël, dont les États-Unis sont un allié clé, à la retenue, affirmant que l'hôpital al-Chifa devait "être protégé".

L'ONU ne cesse de réclamer l'envoi de carburant à Gaza, notamment pour alimenter les générateurs dans les hôpitaux. Le territoire est soumis depuis le 9 octobre par Israël à un siège complet qui prive sa population d'eau, d'électricité, de nourriture et de médicaments. Mais Israël refuse de laisser passer du carburant, affirmant qu'il pourrait être utilisé par le Hamas pour ses activités militaires.

L'armée israélienne, qui accuse le mouvement islamiste d'utiliser les malades et les déplacés comme "boucliers humains", a affirmé ne pas cibler l'hôpital al-Chifa. Elle a fait état "d'efforts" pour y transférer des couveuses d'un hôpital israélien.

"L'idée est d'essayer d'évacuer des gens, d'en évacuer le plus possible", a déclaré dans la nuit de lundi à mardi un porte-parole de l'armée, Peter Lerner.

Selon lui, "quelques centaines" de personnes se trouveraient à l'intérieur de l'hôpital, tandis que selon le vice-ministre de la Santé du gouvernement du Hamas, Youssef Abou Rich, présent dans l'hôpital, environ 20.000 déplacés y auraient trouvé refuge.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont tué au total 11.240 personnes, majoritairement des civils, parmi lesquels 4.630 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Article original publié sur BFMTV.com