Israël-Hamas: ce que l'on sait de la situation "grave" à l'hôpital al-Chifa de Gaza pris au piège des combats

Une situation critique dans le plus grand hôpital de la bande de Gaza. L'hôpital al-Chifa, situé dans la partie nord de l'enclave palestinienne, n'a plus d'eau ni d'électricité "depuis trois jours", a affirmé l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ce lundi 13 novembre, après les bombardements intensifs de l'armée israélienne sur les infrastructures énergétiques.

Les frappes auraient même endommagé le centre hospitalier lui-même, selon le Hamas, qui affirme que "tous les hôpitaux" du nord de Gaza sont actuellement "hors service".

Israël affirme de son côté que le mouvement islamiste, au pouvoir dans la bande de Gaza, a installé ses infrastructures dans un réseau de tunnels sous l'hôpital, transformé en zone de guerre tandis que les médecins et les organisations humanitaires ne cessent de sonner l'alarme sur le sort des civils et des malades.

· Des centaines de patients et des milliers de réfugiés

Croyant pouvoir échapper aux frappes de Tsahal en s'abritant dans une enceinte accueillant des centaines de blessés qu'ils espéraient voir épargnés par les bombes, des milliers de Palestiniens se trouvent actuellement dans le complexe hospitalier. Une partie d'entre eux espère désormais une accalmie des combats pour tenter de quitter la zone ce lundi.

Selon l'agence de presse américaine Associated Press, Mohammed Zaquout, le directeur des hôpitaux de Gaza, a affirmé que 650 patients, dont des blessés graves, étaient pris en charge à l'hôpital, par environ 500 personnels médicaux. Il y aurait également 2.500 Palestiniens déplacés à l'intérieur et aux abords des bâtiments de l'hôpital.

Samedi, le ministère de la Santé évoquait 3.000 patients et médecins ainsi que 15.000 à 20.000 personnes réfugiées dans le complexe, des chiffres similaires à ceux du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Le gouvernement du Hamas a annoncé ce lundi 27 patients et sept bébés étaient morts en raison du manque d'électricité à l'hôpital. Samedi, l'hôpital avait annoncé que 39 bébés prématurés étaient encore à al-Chifa et que des infirmiers procédaient à des "massages respiratoires à la main" pour les maintenir en vie. Un médecin de l'ONG Médecins sans frontières (MSF) indiquait également que 17 patients se trouvaient en soins intensifs.

· L'OMS parle d'une situation "grave et dangereuse"

Le chef de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a fait part d'une situation "grave et dangereuse" dans l'hôpital, après "trois jours sans électricité, sans eau et avec une connexion internet très faible, ce qui a gravement affecté notre capacité à fournir des soins essentiels".

"Tragiquement, le nombre de patients décédés a augmenté de manière significative" a-t-il fait savoir dans un message publié sur le réseau social X, anciennement Twitter.

"Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant", a encore martelé le secrétaire général de l'OMS.

· Israël se défend

L'armée israélienne a rétorqué en expliquant que l'hôpital est utilisé par le Hamas comme un refuge pour ses combattants et ses armes, notamment grâce aux réseaux de tunnels qui serpentent sous le complexe.

Le porte-parole de l'armée israélienne Daniel Hagari a assuré dimanche soir avoir "proposé de fournir du carburant de l'armée pour les besoins urgents de l'hôpital" al-Chifa, mais que, "la direction du Hamas empêche l'hôpital de récupérer le carburant". Dans des images nocturnes publiées dimanche soir par l'armée israélienne sur X, on peut voir des soldats déposer des bidons à proximité d'un bâtiment.

Mohammed Abou Salmiya, directeur de l'hôpital al-Chifa, a indiqué à l'AFP que "l'armée (israélienne) (l'avait) appelé deux fois pour (lui) dire qu'elle allait livrer du carburant" qu'elle déposerait à un point situé "à 500 mètres d'al-Chifa". "Au début, ils m'ont dit 2.000 litres puis ils sont revenus en disant 300 litres à condition qu'ils ne soient pas donnés au Hamas", a-t-il poursuivi.

"Je leur ai répondu 'si vous voulez aider, j'ai besoin de 8.000 litres au moins pour faire tourner les principaux générateurs et sauver des centaines de patients et de blessés', ils ont refusé et nous ne savons pas où en est la situation", a ajouté Mohammed Abou Salmiya.

Depuis plusieurs jours, l'armée israélienne assure ouvrir des couloirs sécurisés pour permettre aux déplacés de quitter les hôpitaux. L'Union européenne a appelé dimanche Israël à une "retenue maximale" pour protéger les civils, condamnant "l'utilisation par le Hamas d'hôpitaux et de civils comme boucliers humains".

Article original publié sur BFMTV.com