Gabon: le coup d'État fait suite à une élection entachée "d'irrégularités" pour l'UE

Josep Borrell, le chef de la diplomatie de l'Union européenne, a insisté jeudi sur la différence entre les coups d'État au Niger, le 26 juillet, et au Gabon, mercredi. "Naturellement, les coups d'État militaires ne sont pas la solution mais nous ne devons pas oublier qu'au Gabon il y avait eu des élections pleines d'irrégularités", a-t-il souligné, affirmant qu'une élection truquée pouvait être interprétée comme un "coup d'Etat institutionnel".

Il a également précisé qu'aucune évacuation des citoyens européens résidant au Gabon n'était envisagée, insistant sur le fait que la situation était "calme". "Nous ne voyons pas de risque de violence", a-t-il souligné depuis Tolède, en Espagne, en marge d'une réunion des ministres des Affaires étrangères des 27.

Le Gabon dirigé depuis 55 ans par la famille Bongo

Des militaires putschistes ont destitué mercredi le président sortant Ali Bongo Ondimba, peu après l'annonce de sa réélection à la tête du pays, provoquant des manifestations de liesse. Ce pays d'Afrique centrale riche en pétrole était dirigé depuis plus de 55 ans par la famille Bongo.

La guerre en Ukraine et la situation au Niger, où des militaires ont renversé le 26 juillet le président Mohamed Bazoum, devaient être au cœur des discussions de ce rendez-vous de Tolède.

Le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), doit participer à la rencontre, a précisé le chef de la diplomatie européenne.

Le coup d'État au Niger a accru les tensions au Sahel, où trois autres gouvernements civils ont été renversés par des militaires depuis 2020 et où des mouvements rebelles jihadistes contrôlent des régions entières.

"Un coup d'État institutionnel"

Interrogée sur CNN peu avant le début de la rencontre de Tolède, Josep Borrell a martelé que les situations au Gabon et au Niger n'étaient pas "équivalentes".

"Au Niger, le président était un président démocratiquement élu (...). Au Gabon, quelques heures avant le coup d'État militaire, il y a eu un coup d'État institutionnel car les élections ont été volées", a-t-il déclaré.

"Je ne peux pas dire que le Gabon était une vraie démocratie avec une famille qui dirigeait le pays depuis 50 ans", a-t-il insisté.

Article original publié sur BFMTV.com