Gérard Depardieu: le Collectif féministe contre le viol compare le cinéma à une "famille incestueuse"

Gérard Depardieu: le Collectif féministe contre le viol compare le cinéma à une "famille incestueuse"

"Ça suffit!" Invitée sur BFMTV ce mardi 26 décembre, Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol, a réagi à la tribune de soutien à Gérard Depardieu signée par 56 personnalités du monde de la culture.

"C'est une prise de position sur la négation des femmes qui est tout à fait insoutenable. On comprend que des tas de femmes se taisent", a-t-elle déploré sur notre antenne.

Lundi soir, la soixantaine de célébrités a dénoncé un "lynchage" de Gérard Depardieu après la diffusion d'un reportage de Complément d'enquête sur France 2 montrant l'acteur de 74 ans multiplier les propos obscènes envers les femmes et sexualiser une fillette.

"Une grande famille"

Les signataires assurent ne plus pouvoir "rester muets face au lynchage qui s'abat sur lui, face au torrent de haine qui se déverse sur sa personne (...) au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est".

C'est sur ce dernier point qu'a insisté Emmanuelle Piet. Selon elle, il faut "respecter la parole des victimes" et défendre "une présomption de crédibilité" des accusatrices de l'acteur. À ce jour, trois plaintes ont été déposées pour viols et agressions sexuelles. Gérard Depardieu, qui nie en bloc les accusations, est mis en examen dans l'une des affaires.

Alors que les soutiens de l'acteur sont majoritairement des proches ou des membres de son milieu, la présidente d'association a reconnu qu'il était "plus compliqué" de dénoncer des comportements "quand ce sont des potes".

"J'ai pensé au cinéma comme une grande famille", a-t-elle poursuivi. "La petite sœur qui dit qu’elle a été violée par son frère, on lui dit: 'Tais-toi parce que ton frère est grand et malin.'" "On se comporte au cinéma comme dans une famille incestueuse", résume-t-elle.

D'autres associations s'insurgent

Comme le Collectif féministe contre le viol, de nombreuses associations féministes ont fustigé la tribune parue dans le Figaro. Emmanuelle Dancourt, cofondatrice de #MeTooMedias, s'est dite "atterrée".

"J'ai l'impression qu'il y a une incompréhension quand j'entends parler de torrent de haine qui se déverse sur Depardieu... Il n'y a jamais de vengeance (de la part de victimes de violences sexuelles, NDLR), mais un besoin de protéger les autres", a-t-elle souligné sur BFMTV.

"C'est un crachat au visage des victimes de violences", a réagi auprès de l'AFP le collectif "Nous Toutes".

De son côté, Laurent Boyet, président de l'association Les Papillons, qui lutte contre toutes les formes de maltraitances faites aux enfants, a annoncé qu'il retirait à Pierre Richard son titre d'ambassadeur, après la signature de l'acteur de 89 ans.

"Il y a une incompatibilité entre ce que représente Gérard Depardieu et le fait d'être ambassadeur d'une association de protection de l'enfance", a-t-il lancé sur BFMTV.

Article original publié sur BFMTV.com