Gérard Depardieu accusé de viol: la gauche s'indigne après les éloges d'Emmanuel Macron

Dénonçant une "chasse à l'homme", le président de la République a affirmé mardi soir dans C à vous que l'acteur, accusé de viol et d'agression sexuelle, "rendait fier la France". Des propos qui ont choqué de nombreux élus.

Sur France 5 ce mercredi soir, dans l'émission C à Vous, le président de la République s'est dit "grand admirateur de Gérard Depardieu (...) un immense acteur". Pourtant, l'interprète de Cyrano est accusé de viol et d'agression sexuelle par de plusieurs femmes.

Et en décembre, Compélement d'enquête révélait des propos obscènes, sexistes et sexuels tenus par l'acteur en 2018, au point que la ministre de la Culture affirme qu'ils font "honte à la France" et envisage le retrait de sa légion d'honneur.

"Il y a une chose dans laquelle vous ne me verrez jamais, ce sont les chasses à l'homme. Je déteste ça", a lancé le président de la République sur la chaîne de télévision France 5 ce mercredi soir.

Gérard Depardieu "a fait connaître la France, nos grands auteurs, nos grands personnages dans le monde entier (...) il rend fier la France", a poursuivi Emmanuel Macron, prenant le contre-pied de Rima Abdul Malak, qui s'est "avancée" selon lui en parlant d'une procédure qui pourrait ôter la distinction de l'acteur.

"Je trouve ça très choquant"

Des propos qui ont suscité la colère de nombreux élus de gauche. "Emmanuel Macron n'est pas notre allié", a lancé sur BFMTV Sandrine Rousseau. "Ce n'est pas la première fois qu'il reprend les mots des agresseurs et protège des personnes qui font l'objet d'accusations de la part de femme", note la députée écologiste de Paris, citant le cas de Nicolas Hulot.

"Emmanuel Macron a choisi son camp: celui des agresseurs", affirme Sandrine Rousseau.

Son collègue Génération.s Benjamin Lucas propose même au locataire de l'Élysée "d'ouvrir une porcherie" à la fin de son mandat. "La réaction du président de la République vise à faire de Gérard Depardieu une victime alors qu'il est accusé et qu'on a vu des images extrêmement gênantes (...) Je trouve ça très choquant", dénonce aussi sur BFMTV Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise.

"Les violences faites aux femmes grande cause du quinquennat… Ce président ne croit à rien de ce qu’il annonce quels que soient les sujets", tacle sur X, ex-Twitter, le patron du PS Olivier Faure. "Je serais la ministre en charge je me poserais sérieusement la question de rejoindre Aurelien Rousseau", qui a démissionné ce mercredi, poursuit le socialiste.

"Il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence"

Dans des images diffusées par France 2 début décembre, Gérard Depardieu multiplie les propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant pas une fillette avec ses propos obscènes. "Il y a parfois des emballements sur des propos tenus. Je me méfie du contexte", a affirmé Emmanuel Macron.

Revenant sur le sujet de la Légion d'honneur (remise en 1996 par Jacques Chirac), le président de la République a souligné que c'"est un Ordre" dont il est "en effet le grand maître", une distinction "qui n'est pas là pour faire la morale".

"Et donc ce n'est pas sur la base d'un reportage ou de telle ou telle chose qu'on enlève la Légion d'honneur à un artiste parce qu'à ce tarif là, on aurait enlevé la Légion d'honneur à beaucoup d'artistes", a encore mis en avant le président de la République. Et de conclure: "vous pouvez accuser quelqu'un, il y a peut-être des victimes, mais il y a aussi une présomption d'innocence qui existe".

"J'ai simplement envie" que Gérard Depardieu "puisse défendre ses droits comme tout un chacun" et "continuer à travailler, à créer", a souligné le chef de l'État.

Des propos qui n'ont pas fait réagir que des politiques. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes, a aussi fait part de son ressentiment: "Rien ne va dans les propos du président en ce qui concerne Depardieu. Je n'ai pas assez d'un tweet pour dire à quel point c'est indigne, abject pour les victimes et anachronique".

Article original publié sur BFMTV.com

VIDÉO - La Minute de Gérard Depardieu