La France risque de devenir “un partenaire à problèmes” après les législatives selon Berlin

La France risque de devenir “un partenaire à problèmes” après les législatives selon Berlin

L’influence de l’Allemagne dans l’Union européenne pourrait diminuer en raison des résultats du Rassemblement national aux élections législatives françaises selon les experts outre-Rhin.

Une inquiétude également partagée par Olaf Scholz. Selon Cornelia Woll, Présidente de The Hertie School, le chancelier allemand pourrait rencontrer de grandes difficultés si l'extrême droite obtient une majorité absolue au parlement : "la relation franco-allemande s'appuie beaucoup sur des contacts très étroits entre tous les niveaux, au niveau ministériel et au-delà. Si l’Assemblée Nationale avait la majorité au Parlement, cela voudrait dire qu’ils occuperaient beaucoup de ces postes. Cela changerait fondamentalement la collaboration franco-allemande car les gens ne se connaissent pas. Et l’Assemblée nationale a adopté une position très explicitement anti-allemande. Il y aurait donc beaucoup à faire pour normaliser les relations entre la France et l’Allemagne."

L’Allemagne considère la France comme son allié le plus important et le plus proche en Europe. Le chancelier Scholz a déclaré il y a environ une semaine qu'il était préoccupé par les élections. Il a ajouté qu'il serait heureux que tout parti sauf celui de Le Pen réussisse, mais il a ajouté que c'était aux Français de décider.

Les médias allemands estiment que le Président français s'enfonce dans un pari risqué. Un cadre du parti d'Olaf Scholz a confié que le gouvernement allemand devait se préparer à l'éventuelle arrivée de Le Pen au pouvoir.

Matthias Diermeier, économiste politique de l'Institut économique allemand, affirme que l’Allemagne sera limitée dans sa capacité à entreprendre de grands projets européens si le Rassemblement national gagne les législatives : "les politiques allemands ont vraiment peur d'un gouvernement eurosceptique en France. Ils ont peur de Jordan Bardella, qui a par exemple remis en question l'Union européenne de l'énergie et qui a également remis en question les règles européennes sur le pacte de croissance et de stabilité, notamment sur le conservatisme budgétaire."

Cornelia Woll affirme que le couple franco-allemand perdrait en influence au profit d'autres alliances : "je pense que cela signifierait certainement que le centre de la coopération s'éloignerait de la coopération franco-allemande, éventuellement vers la coopération franco-italienne, où il est plus facile de construire des ponts. Je ne pense pas que la France et l'Allemagne, qui ont toujours eu des relations de travail difficiles dans lesquelles elles ont beaucoup investi, seraient capables de combler ce fossé politique partisan."

La cheffe de la diplomatie allemande a rappelé que "l’Allemagne et la France portent une responsabilité particulière pour toute l'Europe. (...) Personne ne peut rester indifférent."