Les fleuristes en danger à cause des pesticides ? Cette étude va enfin apporter une réponse
ENVIRONNEMENT - Des fleurs toxiques pour la santé ? Une toute première étude va être menée en France pour comprendre les risques qu’encourent les fleuristes, a annoncé l’Anses ce lundi 20 janvier. En effet, chaque jour, ces professionnels sont exposés à des quantités importantes de pesticides, dont certains sont interdits dans l’Union Européenne en raison de leurs risques pour la santé.
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En octobre dernier, pour la toute première fois, le Fonds d’indemnisation des victimes de pesticides (FIVP), a reconnu le lien entre la mort d’une enfant de 11 ans des suites d’un cancer s’étant développé dans son sang et sa moelle osseuse, et le métier de sa mère fleuriste. Cette dernière, Laure Marivain, a longuement témoigné dans les médias, appelant à une plus grande protection de ces professionnels en France.
Deux mois plus tard, les services du ministère de l’Agriculture et la direction générale du travail ont saisi l’Anses à ce sujet. L’agence va ainsi mener pendant deux ans la toute première étude sur les dangers des pesticides contenus dans les fleurs pour les professionnels du secteur : les fleuristes, mais aussi les grossistes, les producteurs ou encore les livreurs.
De nombreux tests vont ainsi être menés, dont certains directement en boutique. Les fleuristes pourront par exemple être équipés de patch pendant qu’ils travaillent. Des prélèvements urinaires et sanguins seront également probablement nécessaires, rapporte Le Monde. Selon la Fédération française des artisans fleuristes, la profession compte quelque 30 000 personnes en France.
Faire évoluer la réglementation pour mieux se protéger
Dans leur saisine, les ministères du Travail et de l’Agriculture soulignent que « les fleurs en provenance de pays tiers n’étant soumises à aucune réglementation européenne, nous ne disposons pas d’informations concernant les substances utilisées et aucun contrôle n’est effectué ». Plus encore, en France, il n’existe pas de limite maximale de résidus de pesticides pour les fleurs, contrairement aux réglementations sur l’alimentation, par exemple.
Par ailleurs, la saisine précise que l’impact des pesticides sur la santé des enfants des fleuristes doit également être étudié. Dans le cas de Laure Marivain, la fleuriste avait été en contact pendant sa grossesse avec de fleurs et des feuillages traités aux pesticides en provenance des Pays-Bas et d’Amérique du Sud. Les premiers signaux d’une grossesse anormale s’étaient manifestés.
Son bébé ne prenait que très peu de poids, si bien que la future maman avait dû être placée en arrêt maladie. Et après un accouchement difficile, les médecins s’étaient interrogés sur l’état de santé du bébé. « Quand Emmy est née, elle ne pleurait pas, a raconté la fleuriste à franceinfo. Elle était toute violette. L’anesthésiste nous a dit qu’il y avait un problème avec le placenta, qu’il était carbonisé, tout noir. Et puis ses bilans n’étaient pas bons. Une sage-femme m’a même demandé si je m’étais droguée pendant ma grossesse ».
En octobre dernier, le FIVP avait reconnu « le lien de causalité entre la pathologie [d’Emmy] et son exposition aux pesticides durant la période prénatale ».
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