Fin du ramadan : l’Aïd el-Fitr, une fête de l’entraide plus que nécessaire face à « l’explosion de la précarité »

Fin du ramadan : l’Aid el-Fitr, une fête de l’entraide plus que nécessaire face à « l’explosion de la précarité » (Photo de musulmans devant la Grande Mosquée de Paris lors de l’Aïd el-Fitr 2018 )
ZAKARIA ABDELKAFI / AFP Fin du ramadan : l’Aid el-Fitr, une fête de l’entraide plus que nécessaire face à « l’explosion de la précarité » (Photo de musulmans devant la Grande Mosquée de Paris lors de l’Aïd el-Fitr 2018 )

FIN DU RAMADAN - Dernier jour de jeûne pour les musulmans à travers le monde ce mardi 9 avril alors que la Grande Mosquée de Paris a annoncé la date de l’Aïd el-Fitr, fête marquant la fin du mois du ramadan, pour mercredi 10 avril.

Aïd el-Fitr : la Grande Mosquée de Paris confirme la date de fin du ramadan ce mercredi 10 avril

Cette célébration symbolise la « petite fête » des musulmans, différente de la « grande fête » de l’Aïd el-Kebir en juin, et se vit en famille, centrée sur le partage et la prière. L’Aïd el-Fitr est marqué par des gestes de charité envers les plus pauvres, fortement encouragés par les religieux à cette époque de l’année. Et d’autant plus lorsque la précarité touche de plus en plus de monde.

La coutume veut qu’à l’occasion de l’Aïd el-Fitr, le pratiquant s’acquitte de la Zakat el-Fitr, qui représente le don de quatre fois le contenu de deux mains réunies de nourriture (blé, orge, maïs…) Concrètement, le prix de cette aumône varie en fonction du contexte économique et des indications des autorités religieuses. Comme le souligne Libération, pendant plus de dix ans, le Conseil français du culte musulman a fixé ce montant entre cinq et sept euros, mais en raison de « l’augmentation importante des prix de l’alimentation », il est passé à entre sept et neuf euros. De son côté, la Grande Mosquée de Paris a choisi de rester à sept euros pour cette année, « car le coût de la vie ne s’est pas amélioré pour nos concitoyens ».

12 000 à 13 000 repas en plus par rapport à 2023

Noureddine Belhout, imam et directeur de la faculté d’islamologie de Paris, contactée par Actu.fr, explique que la Zakat el-Fitr a deux objectifs : « Elle permet d’abord la purification de la personne qui a jeûné. Ensuite, elle enseigne la solidarité envers toutes les personnes pauvres. »

La Zakat doit en effet aider les plus démunis et leur permettre d’avoir accès à un repas. Cet esprit d’entraide, plusieurs associations l’ont particulièrement cultivé pendant le mois saint du Ramadan. Dans toute la France, des points de repas solidaires ont été mis en place pour que les plus précaires puissent rompre le jeûne.

C’est notamment le cas du Secours Islamique France, qui note une nette augmentation du nombre de personnes en demande de cette aide alimentaire. « En 2023 pour le ramadan, nous avions distribué 33 000 repas en Seine-Saint-Denis. Cette année, nous avons dépassé cette barre il y a déjà six jours et on va vraisemblablement atteindre les 45 000 ou 46 000 repas », explique au HuffPost Léo André, responsable du développement du SIF. Il évoque la présence d’un millier de personnes pour le premier repas du ramadan, contre « 400 à 500 d’habitude » pour ce jour-là en Seine-Saint-Denis.

Des profils « qu’on ne voyait pas avant »

Si Léo André dit avoir constaté une « explosion » de la demande, avec 30 % de personnes en plus par rapport à l’an dernier, il observe aussi une diversification des profils. « Avant, les gens qui venaient nous voir étaient dans une grande précarité, sans domicile ou migrants. Aujourd’hui on voit des familles avec des enfants, des étudiants, des personnes âgées » qui parfois viennent d’autres départements de la petite couronne, relate le responsable qui assure que « c’était des choses qu’on ne voyait pas avant ».

Notre interlocuteur s’inquiète également pour la suite. « Si cette augmentation de 30 % a lieu tous les ans, il va falloir qu’on s’adapte pour les années à venir », souligne-t-il expliquant ne pas savoir comment faire pour pallier cette hausse significative de la précarité, ni « combien de temps » les associations vont pouvoir tenir. « Ce n’est pas juste le SIF, les autres ONG font le même constat, les Restos du Cœur, le Secours catholique… On a tous dressé le même constat », relève le responsable du développement du SIF.

Pour les aider, des dons sont toujours les bienvenus, a fortiori dans ce temps de partage et de bonnes actions qu’est l’Aïd el-Fitr.

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