Exilés fiscaux : la Norvège serre la vis

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2021, le gouvernement norvégien a alourdi les impôts pour les plus riches. Et ils sont des dizaines à avoir préféré s’exiler – en Suisse, pour la plupart – que de passer à la caisse. Désormais, le Premier ministre, Jonas Gahr Store, veut à tout prix stopper cet exode. Sa méthode : durcir l’“exit tax” déjà en vigueur, rapporte Bloomberg.

La législation actuelle permet en fait de reporter indéfiniment le paiement de la “taxe de départ”, du moins en l’absence de plus-values. Une échappatoire dont beaucoup de riches Norvégiens ont déjà profité.

Selon la réforme annoncée, les plus-values latentes (qui n’ont pas encore été concrétisées par une vente) seraient désormais taxées à 37,8 %, et ce dès un seuil fixé à 500 000 couronnes (43 900 euros). “Les contribuables candidats au départ auraient douze ans pour s’acquitter de leur impôt, en une fois ou en plusieurs versements.”

Une réforme qui provoque des réactions très vives du côté des chefs d’entreprise, qui préviennent qu’elle ne fera qu’aggraver la forte dépendance de l’économie norvégienne au pétrole et au gaz. Selon l’organisation patronale du pays, la NHO, cette nouvelle mouture de l’“exit tax” pourrait affecter “la capacité de la Norvège à attirer l’expertise et le capital-risque nécessaires à l’innovation”, tout en provoquant une nouvelle vague d’émigration.

Les start-up en première ligne

Alors que la réforme cible a priori les super riches, les jeunes fondateurs de start-up mènent la fronde, car ils ont souvent recours à des options d’achat d’actions pour rémunérer leurs employés qualifiés.

“La Norvège est une économie pétrolière et gazière très contrôlée par l’État. Nous avons vraiment besoin de nouvelles industries. Les responsables politiques devraient prendre du recul et réfléchir : cette taxe ne nous rend pas compétitifs sur la scène mondiale”, explique Marit Rodevand, dont la société, Strise, conçoit des logiciels de lutte contre le blanchiment d’argent.

“La richesse pétrolière a changé notre façon de vivre. Nous savons que le secteur pétrolier va décliner. Que se passera-t-il ? Nous n’avons pas de solution de remplacement !” regrette Johan Brand, qui a décidé de domicilier Kahoot !, sa start-up, au Royaume-Uni plutôt qu’en Norvège, comme il avait d’abord envisagé de le faire.

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