Européennes : comment Macron tente de relancer la campagne de Hayer (et pourquoi c’est risqué)

Comment Emmanuel Macron (ici le 25 avril à la Sorbonne) tente de relancer la campagne de Valérie Hayer, et pourquoi c’est risqué.
CHRISTOPHE PETIT TESSON / AFP Comment Emmanuel Macron (ici le 25 avril à la Sorbonne) tente de relancer la campagne de Valérie Hayer, et pourquoi c’est risqué.

POLITIQUE - Président, pompier et candidat. Emmanuel Macron s’investit de plus en plus dans la campagne des élections européennes à un mois (et quelques jours) du scrutin. Sur le fond, d’abord, le chef de l’État vient de donner une – très – longue interview à La Tribune et La Provence ce dimanche 5 mai.

Européennes : ce que la liste de Valérie Hayer et Renaissance dit de la stratégie d’Emmanuel Macron

Sur la forme ensuite, il s’affiche en grand aux côtés de Valérie Hayer sur le programme que son camp doit dévoiler lundi. Le livret, qui fait référence au célèbre « c’est notre projet » que le président de la République avait scandé en meeting avant sa première élection en 2017, doit être distribué à 6 millions d’exemplaires à travers le pays.

Cette présence « montre que nous marchons sur deux jambes. Notre groupe au Parlement européen, puissant et influent. Et Emmanuel Macron en Europe, qui est puissant et influent », décrypte Nathalie Loiseau, une des porte-parole de la campagne, ce dimanche sur franceinfo. Il s’agit surtout, pour le locataire de l’Élysée, d’apporter son aide à une liste à la peine dans les sondages.

Macron promet de s’investir encore davantage

De fait, Emmanuel Macron multiplie les banderilles dans la campagne depuis son grand discours sur l’Europe fin avril. À la Sorbonne pendant plus de deux heures, le président de la République avait défendu son bilan et esquissé l’ébauche d’un programme électoral, tout en alertant sur « l’Europe en danger de mort ». Un discours de campagne, a tranché – en substance – l’Arcom, en expliquant quelques jours plus tard qu’il devait être décompté du temps de parole de Valérie Hayer.

Depuis, le président de la République a effectué un déplacement à l’école européenne de Strasbourg. À la clef, une discussion sur le Vieux Continent avec une dizaine de jeunes et un entretien publié dans les neuf titres du groupe de presse régional EBRA (Le Dauphiné Libéré, Les Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Progrès…).

Le chef de l’État a ensuite détaillé son plan pour éviter une mort « brutale » de l’Europe le 2 mai dans le magazine britannique The Economist. Avant donc de s’exprimer à nouveau en longueur dans les colonnes de La Tribune, ce 5 mai, pour dresser un premier bilan de ses 7 années au pouvoir et appeler ses troupes à un engagement « maximum » dans cette campagne. On comprend donc que ce n’est qu’un début, concernant le président.

« Je ne peux pas vous dire que ces élections sont essentielles et ne pas m’impliquer pour soutenir la liste qui défend l’Europe », explique-t-il ce dimanche, en confirmant son intention d’en faire davantage dans les semaines à venir. Mais pour quels bénéfices ?

Une stratégie risquée

On voit aisément les bienfaits que la présence d’Emmanuel Macron, chantre d’une « Europe souveraine » depuis plusieurs années, peut apporter dans la campagne de Valérie Hayer – une eurodéputée méconnue du grand public et en difficulté dans les sondages – notamment pour donner une exposition incomparable aux idées défendues par son camp. Il n’empêche, cette stratégie comporte son lot de risques.

Dans une course largement axée sur les enjeux nationaux, l’investissement du locataire de l’Élysée dans les discours ou sur les affiches peut aider le Rassemblement national à faire de ce scrutin un « référendum pour ou contre Emmanuel Macron ». Difficile à tenir, après 7 ans d’exercice complexe du pouvoir et des crises à répétition. De fait, le chef de l’État est bien le meilleur promoteur de son camp. Sa cote de popularité n’en est pas moins basse.

Pour l’instant, force est de constater en tout cas que son implication n’a pas permis de faire bouger les lignes. Son grand discours à la Sorbonne, très attendu par ses troupes pour donner le coup d’envoi réel de la course électorale, n’a pas été suivi d’effets. Les soubresauts de campagne ont rapidement repris cours.

Dans ce contexte, les macronistes comptent donc sur les prochaines échéances pour relancer la machine. Après le programme, lundi, les troupes du camp présidentiel doivent se retrouver le lendemain pour un deuxième grand meeting de campagne à Paris. Avec ou sans Emmanuel Macron ? La question promet d’agiter les prochaines semaines.

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