Espagne-Brésil: pourquoi les joueurs du Real Madrid ont déserté les rangs de la Roja

Devant sa télévision, le staff du Real Madrid, forcément soucieux que tout se passe bien pour ses joueurs en vue de la fin de saison, sera autant attentif à ce qui se passe dans les rangs de la Roja que dans ceux de la Seleçao. Car le constat est aussi symbolique qu’implacable. Ce mardi soir, en amical à Madrid (21h30), les deux équipes se présentent chacune avec deux joueurs du Real dans leur liste: Carvajal et Joselu côté espagnol, Rodrygo et Vinicius pour les Brésiliens. Si l’on ajoute Endrick, qui ne rejoindra le club merengue que cet été lorsqu’il aura fêté ses 18 ans mais qui appartient déjà au club espagnol, la Seleçao remporte même le "match" des Madrilènes.

La très faible présence de joueurs du Real Madrid dans les rangs espagnols peut interpeller. Elle n’est pourtant, selon Fred Hermel, que le résultat d’un terrible creux générationnel. "La raison est toute simple: c’est parce que la génération n’est pas bonne", tranche le spécialiste du foot espagnol pour RMC Sport. "Le Real Madrid ne peut pas s’appuyer sur des joueurs espagnols car ils ne sont pas assez bons pour ses ambitions européennes. Si le Real Madrid n’a pas un onze titulaire qu’avec des Espagnols, c’est parce que les Espagnols sont moins bons, car le Real va chercher l’excellence. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Dans la sélection espagnole, à part Rodri, il n’y a aucun joueur dans le top 5 ou top 10 mondial à son poste."

"Un creux de talent"

Le FC Barcelone n’échappe pas à cette logique. Face à la Colombie, vendredi 22 mars en amical (défaite 2-0), le club catalan ne comptait que deux joueurs sur la feuille de match: Lamine Yamal et Pau Cubarsi. Blessés, Pedri et Gavi ne sont pas disponibles pour ce rassemblement.

Après avoir outrageusement dominé sur la scène internationale entre 2008 et 2012, avec deux sacres à l’Euro et un à la Coupe du monde, l’Espagne ne peut désormais plus compter sur un gros réservoir de joueurs. "Quand tu regardes le 11 contre la Colombie, ça ne fait pas rêver", souffle Fred Hermel. "Grimaldo fait plein de trucs au Bayer Leverkusen, mais c’est le Bayer Leverkusen. Il y avait Vivian, de Bilbao… Même certains amateurs de foot en Europe ne savent pas qui sont Vivian et Grimaldo. Et puis Joselu n’est qu’un remplaçant au Real, contre City (en quart de finale de Ligue des champions, NDLR), il ne sera pas titulaire. On est dans un creux générationnel. Lors de la folie entre 2008 et 2012, il y avait une génération exceptionnelle basée sur les joueurs du Barça mais aussi des joueurs incroyables du côté du Real. Il y avait quand même Sergio Ramos, Xabi Alonso, Iker Casillas… Il y a un creux générationnel, un creux de talent."

Une première historique lors de l'Euro 2021

Voir les joueurs du Real déserter les rangs de la Roja n’est d’ailleurs pas nouveau. Lors de l’Euro 2021, Luis Enrique, alors sélectionneur de l’Espagne, n’avait retenu aucun joueur merengue, une grande première dans toute l’histoire de la sélection en compétition internationale. Lors de la précédente grande compétition, la Coupe du monde en Russie en 2018, six joueurs du Real avaient été retenus (Ramos, Carvajal, Nacho, Isco, Vazquez, Asensio).

À l’image d’Endrick, de Vinicius ou de Rodrygo, le Real Madrid préfère désormais aller chercher la pépite de demain au Brésil. "Le Real Madrid, voyant que le marché européen était bousculé par les Anglais, a commencé à miser sur les très jeunes joueurs au Brésil, qui sont arrivés au Real qu’à leurs 18 ans", poursuit Fred Hermel, selon qui la possible titularisation de Robin Le Normand et Aymeric Laporte en charnière centrale ce mardi soir face à la Seleçao est la meilleure illustration de ce fameux creux générationnel. "Pour un grand pays de foot comme l’Espagne, les deux défenseurs centraux titulaires sont des Français naturalisés. Ça veut quand même dire qu’il y a un petit problème."

Article original publié sur RMC Sport