Emmanuel Macron trouve "normal" d'échanger avec les députés de Marine Le Pen à l'Assemblée nationale

Le chef de l'État refuse de considérer que le RN "aurait moins de droits parlementaires, moins de reconnaissance". Après les propos de Gabriel Attal qui "assume" de "travailler avec tout le monde", Emmanuel Macron juge qu'il ne peut pas faire de "tri dans l'expression du suffrage universel".

Tendre la main pour avancer. Confronté à une majorité relative en difficulté après les propos de François Bayrou et alors que la relation avec la droite s'effiloche, Emmanuel Macron arrondit les angles avec le Rassemblement national et ses 88 députés.

"C'est tout à fait normal d'avoir des discussions avec toutes les formations politiques" de l'hémicycle, a jugé le président lors d'un déplacement à Bordeaux.

"Aucun texte voté uniquement grâce aux voix du RN"

Plusieurs textes clefs de la mandature ont été votés avec les voix des députés de Marine Le Pen, de la loi immigration au projet de loi sur le pouvoir d'achat.

"On ne va pas considérer que telle ou telle formation politique aurait moins de droits parlementaires, moins de reconnaissance", a encore asséné le chef de l'État qui avait eu des mots très durs contre le parti de Jordan Bardella lors de sa conférence de presse en janvier.

"Nous avons simplement veillé à ce qu'aucun texte ne soit voté uniquement grâce aux voix du RN", a défendu Emmanuel Macron.

Attal "assume" travailler "avec tout le monde"

Le constat n'est pas tout à fait exact. Le projet de loi immigration n'aurait pas été adopté fin décembre si les députés de Marine avaient décidé de voter contre. En revanche, il l'aurait été en cas d'abstention.

La doctrine des relations avec le RN a largement évolué ces dernières semaines. Alors Première ministre, Élisabeth Borne n'avait eu de cesse de juger Marine Le Pen et La France insoumise "en dehors de l'arc républicain".

Depuis l'arrivée de Gabriel Attal, le ton a changé. Jeudi soir, le nouveau locataire de Matignon avait expliqué "assumer" de travailler "avec tout le monde", y compris avec des groupes aux idées "radicalement opposés".

Ce qui "importe à Macron", ce ne sont "pas les états d'âme"

Depuis Bordeaux, le chef de l'État est également revenu sur la colère de François Bayrou qui a jeté un froid dans la majorité.

Le patron du Modem, allié de la première heure du chef de l'État a dénoncé "une volonté d'humiliation" de la part de Gabriel Attal et d'Emmanuel Macron. Faute "d'accord profond sur la politique à suivre", le centriste avait refusé de rentrer au gouvernement.

"Je ne commente jamais les péripéties politiques", a réagi le président de la République. "Ce qui m'importe, ce qui importe aux Français, ce sont les états de service, pas les états d'âme", a-t-il encore tenté de convaincre.

Le message devrait être passé samedi à Matignon. Gabriel Attal réunit pour la première fois toutes ses troupes pour un séminaire gouvernemental.

Article original publié sur BFMTV.com

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