Donald Trump : son procès au pénal dans l’affaire Stormy Daniels s’ouvre ce 15 avril et il est hors-norme

TRUMP - C’est le D-Day pour Donald Trump. Son procès au pénal dans l’affaire Stormy Daniels s’ouvre ce jeudi 15 avril dans un tribunal de Manhattan à New York. L’ancien président, qui rêve de revenir à la Maison Blanche, va être jugé par des citoyens américains, alors qu’il est en pleine campagne pour la présidentielle.

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Il avait pourtant tout fait pour retarder l’échéance, faisant appel à plusieurs reprises pour repousser la date du procès qui promet d’être surmédiatisé. Mais ces dernières demandes, dont la dernière a eu lieu quelques jours avant le procès, ont été rejetées. Un revers pour lui qui espérait temporiser jusqu’au 25 avril, jour où la Cour suprême des États-Unis doit trancher la question de son immunité en tant qu’ancien président. Si cette dernière est confirmée, elle permettra l’abandon de toutes les poursuites contre Donald Trump, déjà condamné dans deux procès civils.

Un procès inédit dans l’histoire américaine

Dans cette affaire, l’ancien président a plaidé « non coupable » pour les 34 chefs d’accusations comptables qui peuvent lui faire encourir une peine maximale de quatre ans de prison. On l’accuse d’avoir maquillé les comptes de sa société, la Trump Organization, pour cacher un virement de 130.000 dollars fait à l’ancienne actrice porno Stormy Daniels, juste avant son élection en 2016. Il aurait voulu acheter son silence sur des relations sexuelles qu’ils auraient eues en 2006, alors qu’il était déjà marié à Melania. Le milliardaire a toujours qualifié cette affaire de « bidon » et nié tous rapports avec l’actrice.

Donald Trump : son procès au pénal dans l’affaire Stormy Daniels s’ouvre ce 15 avril et il est hors-norme (Photo de Donald Trump prise le 10 avril 2024 à Atlanta)
MEGAN VARNER / Getty Images via AFP Donald Trump : son procès au pénal dans l’affaire Stormy Daniels s’ouvre ce 15 avril et il est hors-norme (Photo de Donald Trump prise le 10 avril 2024 à Atlanta)

Adultère, scandale, falsifications comptables… rien d’extraordinaire pour la justice. Pourtant, le dossier de ce lundi, intitulé « Le peuple de l’État de New York contre Donald J. Trump », est historique. Il s’agit en effet de la toute première fois qu’un ancien président américain fait face à un procès au pénal. Et ce ne sera pas la dernière, puisqu’il y en a encore trois autres qui attendent Donald Trump : celui pour le recel de documents classifié, celui lié à l’affaire de l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021 et enfin son procès pour fraude aux Grands électeurs en Géorgie.

« C’est sans précédent que le candidat d’un grand parti soit inculpé et accusé de manière crédible de plusieurs délits différents », explique à l’AFP Hans Noel, professeur de sciences politiques à l’université Georgetown. Pour autant, contrairement à d’autres procès d’ampleur tels que celui d’O.J. Simpson dans les années 1990, cette affaire, qui va captiver l’attention de toute la nation, ne sera pas télévisée. Ceci en vertu de la loi en vigueur dans l’État de New York.

De la complexité de trouver des jurés qui n’ont pas d’a priori sur Trump

L’ultra médiatisation de l’ex-président et de ces déboires rend l’organisation de ce procès très compliquée. Dès ce lundi 15 avril va commencer la sélection du jury qui va juger Donald Trump. Des centaines d’habitants de Manhattan ont reçu une convocation à se présenter au tribunal et ils devront répondre oralement à un questionnaire de sept pages. L’objectif est de trouver parmi eux douze jurés et jusqu’à six suppléants.

Là où la situation se complique, c’est qu’il faut que ceux-ci soient obligatoirement « justes, impartiaux », et qu’ils n’aient pas d’a priori sur le personnage. Une tâche qui s’annonce particulièrement ardue pour un ancien président aussi clivant, qui n’a de cesse de faire parler de lui dans les médias.

Ainsi, parmi les questions posées, outre la profession exercée et l’orientation politique, on trouve notamment : « Suivez-vous un compte d’une organisation ou groupe anti-Trump sur les réseaux sociaux, ou en avez-vous suivi un par le passé ? » Il leur est aussi demandé s’ils ont un avis sur la façon dont Donald Trump est traité dans l’affaire, ou s’ils soutiennent des groupes d’extrême droite comme la nébuleuse complotiste QAnon ou l’organisation qui prône le suprémacisme blanc Proud Boys.

Garder l’identité des jurés secrète

Procureurs comme avocats vont chercher à savoir à tout prix de quel côté les jurés penchent politiquement, sachant que les New-Yorkais ont voté massivement pour les démocrates Hillary Clinton et Joe Biden, respectivement en 2016 et 2020.

Alors que la mission semble être un casse-tête, elle va se compliquer encore davantage puisque le juge Merchan, qui présidera les audiences, a déjà décidé que les noms des membres du jury seraient gardés secrets. Ceci en raison de la « probabilité de corruption, de manipulation du jury, de blessures physiques ou de harcèlement ».

Le magistrat a également averti Donald Trump que, s’il violait son ordonnance lui imposant le silence hors des débats, lui interdisant notamment de critiquer des témoins ou les employés du tribunal, alors il pourrait décider de ne pas transmettre les noms des jurés à ses avocats.

Une décision qui handicaperait la défense en limitant sa capacité de recherche d’informations sur un juré potentiel et ainsi sa possibilité de récuser préventivement l’un d’eux. « De nombreux jurés potentiels croient déjà, à tort, que le président Trump est coupable », ont affirmé les conseils du candidat.

Des déboires pas forcément néfastes

Malgré ce procès, le candidat à la présidentielle n’est pas forcément en danger dans sa course à la Maison Blanche. Sa campagne ne semble pour l’instant pas trop pâtir de ses déboires, puisqu’il a remporté haut la main les primaires du parti républicain.

Certes, d’après plusieurs enquêtes d’opinion, une partie des électeurs américains (32 % selon un sondage Ipsos de mars) seraient moins enclins à soutenir Donald Trump s’il était reconnu coupable dans cette affaire.

Mais l’expert Hans Noel rappelle à l’AFP que ses ennuis judiciaires l’ont « aidé auprès de l’électorat républicain » pendant la primaire, en nourrissant « son discours de porte-étendard du peuple, attaqué par les pouvoirs en place ». Criant au complot et à la « chasse aux sorcières » de la part du camp Biden, Donald Trump a pu réunir des millions de dollars auprès de ses partisans pour poursuivre son rêve du Bureau Ovale.

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