Comment la DNLH note les matchs de football sur l'échelle des risques

"L’échange avec les clubs et la Ligue est permanent", confie le commissaire et chef de la Division nationale de lutte contre le hooliganisme (DNLH), Thibaut Delaunay. C’est le quotidien des 12 policiers qui assurent les missions de la DNLH depuis Paris, ils seront bientôt 15 au sein de ce service. "C’est une petite structure au niveau national mais la DNLH s’appuie essentiellement sur un réseau territorial de correspondants dans tous les départements." Le service dispose de deux correspondants par département. Ce maillage permet d’avoir des remontées de terrain assez importantes et d’anticiper toutes les rencontres en France.

Le grand public voit souvent ces policiers sur les bords des pelouses de Ligue 1 et de Ligue 2 avec des survêtements bleus. Au quotidien, les agents assistent aussi à toutes les réunions préparatoires qui sont organisées en Préfecture. "Le quotidien d’un agent est vraiment l’échange", poursuit le patron de la DNLH. "Pour vous donner un exemple, depuis le début de saison, nos agents ont dû assister à pratiquement 200 matchs, ce qui implique une présence à toutes les réunions en amont de ces matchs. C’est notre analyse de la rencontre qui va leur permettre de prendre les mesures les plus adaptées."

Mais comment noter un match ?

"Mais nous ne sommes pas à proprement parler un service de renseignement, nous sommes un service de la sécurité publique qui travaille avec les services de renseignement", confie le commissaire. Les agents échangent aussi régulièrement avec les groupes de supporters afin d’affiner les dispositifs qui seront mis en place sur les déplacements. L’autre grand travail d’un policier de la DNLH est aussi de réaliser l’analyse de la situation afin de rédiger des notes à destination des autorités compétentes. Cette analyse donnera lieu à une note sur une échelle de 1 à 5.

"L'évaluation des risques se fait selon un ensemble d'éléments. À la fois des éléments factuels d'antécédents entre les groupes de supporters des deux équipes, tout l'historique qu'on peut avoir entre les groupes de supporters. On va aussi regarder le comportement des supporters d'une manière générale, pas forcément lors de leur confrontation, mais d'une manière générale. On va étudier la topographie des lieux puisque l'environnement du stade, les accès au stade vont entrer dans l'analyse", explique le patron de la DNLH.

La situation sportive des clubs analysée

Et d’ajouter: "La situation sportive des clubs va évidemment rentrer en ligne de compte puisque ça peut influer sur le comportement des supporters. Le contexte général et social du moment puisque on peut être sur des moments de tension, y compris sur d'autres domaines que le football qui peuvent générer des comportements déviants de la part des supporters ou des mouvements d'humeur de la part des supporters du fait de la tension générale dans le pays. Et puis on va surtout s'appuyer sur le travail qui est fait à la fois par mes équipes, ici à Paris, mais aussi avec l’analyse de toute notre base historique, l’analyse des réseaux sociaux. Avec par exemple des provocations éventuelles qui peuvent apparaître. Et puis surtout sur le travail de terrain de mes correspondants locaux puisqu'on a un réseau de correspondants sur l'ensemble du territoire. Ils vont nous remonter un maximum d'informations qui va entrer en compte dans l'analyse."

Enfin, les services de la DNLH vont avoir "un échange à la fois avec la Ligue et les clubs, notamment à l'occasion des réunions préparatoires qui sont organisées autour du préfet de département qui accueille la rencontre". Tous les matchs qui présentent un caractère à risques sont signalés aux Préfectures tous les trimestres. Ces rencontres doivent faire l'objet "a minima de deux réunions préparatoires", la première trois semaines en amont de la rencontre et la seconde dans la semaine qui précède la rencontre.

Article original publié sur RMC Sport