Un diacre mis en examen en Corse, soupçonné d'avoir tenu une maison de retraite illégale

Un diacre a été mis en examen pour quatre chefs, dont travail dissimulé, et placé sous contrôle judiciaire, soupçonné d'avoir organisé une maison de retraite illégale (Valentine CHAPUIS)
Un diacre a été mis en examen pour quatre chefs, dont travail dissimulé, et placé sous contrôle judiciaire, soupçonné d'avoir organisé une maison de retraite illégale (Valentine CHAPUIS)

Un diacre a été mis en examen pour quatre chefs, dont travail dissimulé, et placé sous contrôle judiciaire, soupçonné d'avoir organisé une maison de retraite illégale, a indiqué jeudi à l'AFP le procureur de la République de Bastia.

Pierre-Jean Franceschi, ex-aumônier de la prison de Borgo (Haute-Corse) a été mis en examen par un juge d'instruction après "l'ouverture d'une information judiciaire des chefs de travail dissimulé, blanchiment de travail dissimulé et de fraude fiscale aggravée ainsi qu'exploitation sans déclaration préalable d'un établissement destiné à l'accueil de personnes âgées", a déclaré Jean-Philippe Navarre.

Il a été placé sous contrôle judiciaire avec notamment un cautionnement de 50.000 euros.

"A ce stade de l'enquête, et sous réserve de la présomption d'innocence, l'intéressé a reconnu l'accueil, à titre onéreux, de plusieurs personnes âgées au cours des dernières années au sein d'une demeure qu'il détenait par l'intermédiaire de sociétés", a précisé le magistrat.

"Contrairement à tout ce qui a été exprimé, il n'y a aucun enrichissement personnel de M. Franceschi dans cette affaire", a déclaré l'avocat du diacre, Me Jean-Louis Seatelli.

"Tout le débat sera de savoir s'il s'agit, comme on le lui reproche, d'une maison de retraite déguisée ou plutôt, comme il l'affirme, d'une colocation de personnes âgées" dans sa maison, a-t-il ajouté, assurant que cette activité était connue.

"Le premier informé en était le service des impôts, dont mon client a honoré tous les paiements, et qui connaissait parfaitement l'existence de cette structure", a assuré Me Seatelli, ajoutant que "rien n'a jamais été caché".

"Les investigations devront se poursuivre pour déterminer l'ampleur de cette activité et les profits qu'il aurait pu en retirer, lesquels, à ce stade, n'apparaissent pas avoir fait l'objet de déclarations à l'administration fiscale", a indiqué le procureur.

Selon une source proche du dossier, le diacre avait une activité d'accueil à Penta-di-Casinca (Haute-Corse) qui pouvait varier d'une "petite dizaine de personnes âgées à une seule", mardi, le jour de son placement en garde à vue, et il recevait entre "1.500 et 1.600 euros par mois et par personne hébergée", sans mauvais traitement a priori.

Une personne âgée a ainsi été "mise en sécurité et transférée mardi dans un Ehpad" (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes), avait indiqué à l'AFP une autre source proche du dossier, ce qu'avait confirmé le procureur.

Une enquête préliminaire avait été ouverte en novembre 2021 après le signalement de la disparition d'une personne âgée. Cette personne avait été retrouvée "dans ce qui semblait être une maison de retraite qui n'était pas officiellement répertoriée par les services administratifs et de santé", avait expliqué M. Navarre.

Ce diacre de 63 ans a notamment lu une homélie lors des funérailles d'Edmond Simeoni, père de Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse, et de celles du militant indépendantiste Yvan Colonna, enterré à Cargèse (Corse-du-Sud) en 2022 après son agression mortelle en prison où il purgeait une peine de perpétuité pour son implication dans l'assassinat du préfet Erignac.

"L'Eglise de Corse est profondément affectée par ce qui touche aujourd'hui l'un de ses membres", a déclaré dans un communiqué transmis à l'AFP le diocèse d'Ajaccio dont dépend le diacre, assurant que l'Eglise "reste respectueuse de la justice et suit avec attention la suite de la procédure".

mc/gvy