Depardieu: Coffin estime qu'il ne s'agit pas d'une "chasse à l'homme mais d'une chasse à un système"

"C'est gravissime, ce ne sont pas des cas isolés." Invitée de BFMTV ce mercredi 27 décembre, l'élue écologiste de Paris Alice Coffin a opposé son analyse à celle d'Emmanuel Macron sur Gérard Depardieu, évoquant une "lutte contre un système", plutôt qu'une "chasse à l'homme",

La militante féministe a ainsi décrit un ensemble comprenant des "agresseurs et des harceleurs", mais aussi une "protection" autour d'eux organisée par des "gens qui vont nous dire: 'mais non, ce n'est pas la personne qu'on connaît etc...'".

Le cas Depardieu "symptôme" d'un système

Dès lors, l'acteur de 74 ans, visé par trois plaintes pour viols et agressions sexuelles, n'est pas un cas isolé aux yeux d'Alice Coffin, mais le "symptôme" de ce système. Son cas, "particulièrement médiatisé", illustre "les rouages" des violences sexuelles", a-t-elle souligné, relevant qu'"il y en a beaucoup d'autres". Avant d'insister:

"Ce qui se passe avec le cas Depardieu correspond à ce qui se passe tous les jours, même quand ce ne sont pas des célébrités."

Faisant part de son "immense espoir" d'assister à "une bascule" à l'occasion du cas du célèbre comédien français, Alice Coffin a estimé que ce changement sera impossible si les "agresseurs et les violeurs sont défendus dans notre pays, y compris par le président de la République".

"La culture du viol"

Invité de France 5 la semaine précédente, ce dernier a pris la défense de Gérard Depardieu, déplorant une "chasse à l'homme" contre un homme qui "rend fier la France". "Les procédures judiciaires vont faire leur chemin", avait-il expliqué.

Pour Alice Coffin, le président de la République, en tenant ce genre de propos se fait le "complice" de "la culture du viol". Une façon d'inscrire ses pas dans ceux des membres de l'association metoo media, à l'initiative d'une tribune publiée dans Le Monde ce mercredi pour dénoncer la prise de position du président de la République.

"Que faites-vous de la présomption d’innocence des plaignantes? Une victime a tout à perdre à porter plainte, surtout quand le mis en cause est connu et puissant. (...) Près de 98% des victimes disent vrai, devons-nous le rappeler?", écrivent ses signataires.

L'indignation autour de Gérard Depardieu s'est renforcée début décembre après la diffusion d'un documentaire de Complément d'enquête sur France 2. On y voit l'acteur multiplier des propos misogynes et insultants en s'adressant à des femmes, n'épargnant pas une fillette avec des propos à caractère sexuel.

"Présomption d'innocence"

Ce dernier a été mis en examen pour viols et agression sexuelles en 2020 à la suite de l'une des plaintes le visant pour ce motif. Il est également accusé par 13 femmes, dans un article de Mediapart, d'avoir commis des violences sexuelles durant les tournages de films sortis entre 2004 et 2022. De son côté, l'intéressé nie fermement les accusations.

Outre celui du président, il a reçu le soutien d'une soixantaine de personnalités, parmi lesquelles Nathalie Baye, Pierre Richard ou encore Carla Bruni. Tous sont signataires d'une tribune publiée dans Le Figaro ce lundi 25 décembre.

Ils dénoncent un "torrent de haine qui se déverse" sur Gérard Depardieu "sans nuance, dans l'amalgame le plus complet". Et, estiment-ils "au mépris d'une présomption d'innocence dont il aurait bénéficié, comme tout un chacun, s'il n'était pas le géant du cinéma qu'il est".

Article original publié sur BFMTV.com