Dany Laferrière et le mot « nègre »

Dany Laferrière à Tokyo, le 8 octobre 2019.  - Credit:TOMOKO HAGIMOTO / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP
Dany Laferrière à Tokyo, le 8 octobre 2019. - Credit:TOMOKO HAGIMOTO / Yomiuri / The Yomiuri Shimbun via AFP

L'académicien publie Petit traité du racisme en Amérique, aussi remarquable littérairement que puissant sur un sujet toujours brûlant. « Ce n'est qu'avec les nuances qu'on peut avancer sur un terrain si miné », écrit-il dans cet opus dédié à la chanteuse méconnue et magnifique Bessie Smith (1894-1937) et où l'on rencontrera aussi bien d'autres oubliés de cette histoire.

Car, dans ce livre, Dany Laferrière, dont le style fait mouche de poèmes en fines analyses, d'anecdotes en rappels des faits, d'un ton parfois sans appel ou plein d'humour, convoque les grandes figures qui ont marqué la condition des Noirs : Maya Angelou et Toni Morrison la main dans la main, le sénégalais Cheikh Anta Diop, le poète Langston Hugues, qui séjourna en Haïti, car le pays natal traverse aussi cet essai, mais encore Mohamed Ali ou Miles Davis. Il revient sur les livres clés et établit les liens entre Autant en emporte le vent et La Case de l'oncle Tom, et n'oublie pas Chien blanc de Romain Gary. Dans un texte qui alterne confidences, portraits et pages d'histoire, les lynchages du Ku Klux Klan côtoient le rêve de Martin Luther King, des saynètes malheureusement vécues de racisme ordinaire, et invite sa femme infirmière et sa fille aînée fan de Tupac Shakur, en lequel Dany Laferrière salue un poète.

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