"Comme dans le désert": le cri d'alarme des horticulteurs des Pyrénées-Orientales face à la sécheresse

"Comme dans le désert": le cri d'alarme des horticulteurs des Pyrénées-Orientales face à la sécheresse

La profession doit se faire entendre pour sa survie. Ce mardi 6 février à partir de 14h30, les horticulteurs des Pyrénées-Orientales, pour la première fois réunis en collectif, ont rendez-vous avec le préfet du département afin de faire part de la situation très compliquée dans laquelle ils se trouvent, rapporte L'Indépendant. Les huit horticulteurs présents "représentent une quinzaine d'exploitations locales et des dizaines d'emplois", ajoute le quotidien régional.

Depuis de longs mois, dans un département touché par une sécheresse qui n'en finit plus, synonyme d'arrêtés préfectoraux qui limitent la consommation d'eau pour les particuliers, les horticulteurs sont aux abois.

"Sur le printemps 2023, nous avons perdu 40% de chiffre d’affaires puisque nos clients n’avaient pas le droit d’arroser, il y a eu une psychose sur l’eau", déplore Daniel Geoffroy, horticulteur-pépiniériste à Céret, commune qui a connu deux jours de chaleur consécutive ce week-end, un record pour un mois de février.

"Transformer les consommateurs en jardiniers passionnés"

Auprès de la préfecture, les horticulteurs souhaitent demander des dérogations afin de pouvoir arroser leurs cultures, mais également des compensations financières. "La préfecture aurait dû prendre des mesures avant qu'on lance les semis s'il y a toujours des restrictions au printemps prohain", dit le professionnel.

"Plus aucun village ne commande des fleurs à part de rares exceptions...", déplore-t-il encore.

Au-delà des compensations financières, les horticulteurs veulent également faire savoir aux autorités leur souhait des partenaires dans cette période de changement climatique.

"Nous, ça fait 20 à 40 ans qu’on est sur le pays, sur nos terres, et qu’on produit ici en ayant connu des sécheresses, même si celle-ci est particulière. Nous savons quoi planter et transformer les consommateurs en jardiniers passionnés", martèle Daniel Geoffroy auprès de BFMTV.

"Comme dans le désert"

Dans les Pyrénées-Orientales, la sécheresse touche tout le monde. Depuis le début de l'année, il n'a pas plu une seule goutte sur le département, et le déficit pluviométrique atteint déjà 80% pour le mois de janvier.

Des chiffres dans la droite lignée de ceux des derniers mois puisqu'en 2023, seuls 245 mm de précipitations ont été recensés, contre 560 mm, plus du double, habituellement.

"Le sol est complètement sec, il n’y a rien qui peut pousser là-dessus. C’est comme dans le désert, il ne reste plus qu’à installer des palmiers. On ne pourra plus cultiver dans quelques années, surtout s’il ne pleut pas", dit Jean-Marie, qui continue d'entretenir son potager, malgré les arrêtés préfectoraux.

En plus du manque de pluie et des températures bien trop élevées pour la saison, la situation des cours d'eau et des nappes phréatiques n'en finit plus d'inquiéter. "Il faudrait qu’il y ait deux à trois fois plus d’eau, parfois même en été il y a plus d’eau que ça", déplore Nicolas Garcia, maire PC d'Elne et premier vice-président (PC) des Pyrénées-Orientales et chargé de l’eau, en décrivant la situation du Tech, un fleuve local.

A l'image des horticulteurs, celui-ci appelle à modifier les habitudes de cultures. "Végétaliser un maximum pour provoquer de la pluie. La pluie ça se provoque, il faut de la couverture végétale, des arbres et s’organiser pour la récolter quand elle tombe, désimperméabiliser et stocker, c’est un nouveau concept, la culture de la pluie", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com