Restaurants, hôtels, salons de coiffure... Au bord du gouffre, ils ne voient toujours pas le bout de la crise

Les restaurants français sont fermés depuis le 15 mars. Aucune date de réouverture n'a pour l'instant été annoncée.

Fermés depuis le 15 mars et le début de l’épidémie de Covid-19, les restaurants, hôtels, cafés, bars, fleuristes et autres salons de coiffure ont pris la crise sanitaire de plein fouet. Depuis, ils peinent à voir le bout du tunnel, sans date précise de reprise.

Le flashback est douloureux, mais il est inévitable pour comprendre ce que vivent actuellement les milliers de restaurateurs, hôteliers et autres commerçants non alimentaires comme les coiffeurs. Lorsqu'ils ont appris à la mi-mars que leurs établissements seraient fermés jusqu'à nouvel ordre, en raison de l'épidémie de Covid-19, beaucoup ont pris un coup de massue sur la tête. "C'était la fin du monde, rembobine Denis, 39 ans, patron d'un bistrot réputé sur le Vieux-Port de Marseille. J'avais l'impression d'avoir tout perdu. D'ailleurs, je suis tombé malade, sûrement le Covid-19, et j'ai été KO pendant 15 jours. Au final, il m'a fallu un bon mois pour retrouver la gnaque et l'envie de me battre".

Passé le choc, Denis, comme beaucoup des 160 000 restaurateurs français, s'est réveillé et a tout tenté pour "sauver" son entreprise. "J'ai d'abord mis mes 3 employés au chômage, détaille le restaurateur. Puis j'ai essayé d'avoir le maximum d'aides financières possibles, à commencer par le crédit BPI (prêt bancaire sans garantie) et le fond de solidarité mis en place par l'État. J'ai ensuite refait mon site internet, et je me suis inscrit sur des interfaces d'entraide comme www.jaimemonbistrot.fr ou soutien-commercants-artisans.fr, ce qui m'a permis de faire un peu de trésorerie".

"C'est malheureux parce que ce n'est pas du tout ma conception de la restauration"

Aujourd'hui, Denis "résiste" malgré deux mois sans salaire, et "sans aucune visibilité sur le futur". Il a surtout choisi de se réinventer en misant sur la vente à emporter et les livraisons, qui démarreront ce jeudi. "Quand les restos vont rouvrir, il y aura probablement des mesures restrictives, avec une diminution du nombre de tables pour permettre la distanciation sociale, donc on va être obligé de faire de la vente à emporter et des livraisons pour maintenir le chiffre, prévoit-il. C'est malheureux parce que ce n'est pas du tout ma conception de la restauration. Je sais que je vais prendre beaucoup moins de plaisir car honnêtement, la vente à emporter, c'est tout ce que je n'ai jamais voulu faire..."

"La date de réouverture et le degré d'activité qu'on aura sont deux grosses inconnues"

Pour les hôteliers, impossible par contre de se "réinventer". L'heure est à l'attente et à la préparation de l'après-confinement. "Il n'y a aucun plan et aucun moyen de savoir comment tout ça va se résorber”, déplore Nicolas, 44 ans, patron de trois hôtels dans le centre de Paris, qui a dû mettre 43 salariés au chômage. “La date de réouverture et le degré d'activité qu'on aura sont deux grosses inconnues. À l'inverse, la seule chose dont on est sûr, c'est qu'il va falloir renforcer la sécurité sanitaire de nos hôtels".

Du coup, en se basant sur des directives qui sont pour l'instant "données au compte-gouttes par le ministère du Travail et par les syndicats", Nicolas a commencé à préparer la suite et prévoit ainsi d'intensifier "le nettoyage des mains en plaçant du gel un peu partout dans l'hôtel" mais aussi de "supprimer les petits-déjeuners en salle pour ne faire que du room service", d'installer "des barrières au niveau de la réception pour maintenir un éloignement entre les clients et le personnel", d'améliorer "les équipements du personnel du nettoyage", et enfin de "renforcer la communication et la prévention pour la clientèle". Tout un programme.

"Mes trois employés ne pourront pas reprendre leur travail à temps plein"

Les commerçants ont bien conscience que le retour à la "vie normale" passera forcément par une sécurité sanitaire accrue. C'est le cas de Stéphane, 40 ans, patron d'un salon de coiffure en vogue dans le 5e arrondissement de Marseille, qui a déjà tout prévu. "Mes fournisseurs m'ont livré des kits d'hygiène, avec du gel hydroalcoolique, des lingettes désinfectantes, du spray stérilisant, raconte le coiffeur. Tout le monde devra porter un masque et tout le matériel sera jetable (serviettes, peignoirs...). Enfin, il se peut qu'on cellophane nos fauteuils et qu'on renouvelle le cellophane entre chaque client".

"Lorsqu'on va reprendre, on sait également qu'on ne pourra avoir plus de deux coiffeurs dans le salon en même temps, et pas plus de trois clients à la fois, indique le quadragénaire. Ce qui veut dire que mes trois employés ne pourront pas reprendre leur travail à temps plein". Avant le début du confinement, le salon de Stéphane marchait très fort. "Mon planning était plein jusqu'à fin avril, et il y avait trois semaines d'attente pour obtenir un rendez-vous". Entre "dégoût" et "optimisme", il avoue aujourd'hui être effrayé lorsqu'il regarde ses chiffres, en baisse de plusieurs dizaines de milliers d'euros par rapport à l'an dernier. "Vivement que le virus disparaisse", soupire Stéphane, qui espère en secret pouvoir rouvrir son salon dès le 11 mai.

NOS ARTICLES SUR LE CORONAVIRUS
>>
Immunité collective, chloroquine, aérosol... Le petit lexique du coronavirus
>>
Coronavirus en Espagne : pourquoi fait-il autant de dégâts ?
>>
Netflix, Picard, Steam, Zoom… Ces entreprises et secteurs qui tirent profit du confinement
>>
Quels sont les symptômes du Covid-19 ?
>>
Pourquoi la création d'un vaccin prend autant de temps ?
>>
La carte interactive pour suivre l'évolution du Covid-19 dans le monde