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Covid-19 : pourquoi les nouveaux tests pourraient tout changer ?

Un test antigénique, dont le résultat est disponible en quelques dizaines de minutes.

Pour plusieurs médecins, la multiplication des techniques de tests doit permettre de changer de stratégie, et pourrait devenir un atout important dans la lutte contre le coronavirus.

Tests antigéniques, tests salivaires, kits d’auto-prélèvement.. autant de nouvelles techniques qui suscitent l’espoir chez plusieurs médecins, qui voient là des armes efficaces face au Covid-19. “Ca peut même étouffer l’épidémie, si c’est bien utilisé”, espère Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’UFML.

Autant de nouvelle manières de dépister le Covid-19 qui pourraient changer la politique de détection. Pour le docteur Yvon Le Flohic, médecin généraliste co-auteur de plusieurs tribunes depuis le début de l'épidémie, “le système actuel de tests est dépassé. On met trop de temps à avoir les résultats des tests PCR, ce qui fait qu’on détecte des malades qui ont déjà transmis le virus, ça ne sert plus à rien”, explique le généraliste qui exerce dans les Côtes-d’Armor.

“Si le virus nous a échappé aujourd’hui, c’est parce qu’on a manqué notre politique de tests. Délais trop long, ‘tracing’ devenu inutile à cause des délais...”, renchérit le docteur Marty.

Rechercher les super-propagateurs plutôt que les futurs contaminés

Avec l’arrivée prochaine des nouveaux techniques de tests, le docteur Yvon Le Flohic prône pour une réadaptation totale de la politique de tests. “Plutôt que le ‘forward tracing’ comme aujourd’hui, c’est-à-dire qu’on cherche qui risque d'être contaminé par un cas positif, il faut un ‘backward tracing’, qui consiste à regarder en arrière et voir si l’on trouve quelqu'un qui a été contaminé. On a alors des chances de retrouver soit un super-propagateurs, soit un lieu de super-propagation”.

Selon une étude de la London School of hygiène & Tropical Medicine (LSHTM), 10% des cas sont en effet à l’origine de 80% des transmissions. Ce sont eux, les fameux “super-propagateurs”. La plupart des autres cas positifs ne seraient pas ou peu contaminateurs.

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Du “pooling” pour les entreprises, Ehpad et universités

Et pour passer à cette nouvelle politique de tests, qui consiste à anticiper, les médecins comptent sur les nouvelles techniques. Les tests salivaires pourraient être au cœur de la détection des cas dans les lieux comme les EHPAD, hôpitaux universités ou entreprises. “C’est une épidémie de cluster, qui se propage particulièrement dans certains types de lieux,” explique-t-il. Il faut y faire du ‘pooling’, c’est-à-dire de tester régulièrement, deux fois par semaine par exemple, l’ensemble du personnel et des résidents. “Cela permettrait de sécuriser ces lieux où la contamination est importante”, explique-t-il.

Plus de 15% des clusters ont effet été localisés en EHPAD selon le dernier bulletin épidémiologique de Santé Publique France. Plus de 18% l’ont été dans le milieu scolaire et universitaire et 21% dans les entreprises.

Les tests antigéniques pour les consultations

Autre arme qui pourrait aider à lutter contre l’épidémie, les tests antigéniques. “Un tournant”, selon Olivier Véran, ministre de la Santé. Un prélèvement nasal par écouvillon, mais avec l’avantage d’être plus rapide que le PCR, puisque le résultat est donné au bout dune trentaine de minutes. Une technique qui intéresse particulièrement les médecins généralistes.

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“À chaque symptôme qui ressemble au Covid, comme la grippe, on fait un arrêt de travail de quelques jours, le temps que le patient soit testé et obtienne son résultat. Cela a un coût financier énorme pour la société, bien supérieur à un équipement des médecins en tests rapides”, signale le docteur Yvon Le Flohic. “Et si on veut continuer à faire du ‘tracing’ comme aujourd’hui, cela permettrait d’avoir les résultats rapidement et donc de pouvoir tracer les cas contacts de manière efficace, pas comme aujourd’hui”, ajoute le docteur Marty.

Les auto-tests avant d’aller à un concert, au stade...

Enfin, dernière arme qui pourrait permettre de retrouver une vie sociale satisfaisante tout en contrôlant l’épidémie, les auto-tests. “Pour un mariage ou une fête de famille, tous les invités font le test eux-mêmes juste avant la fête, et n’y vont pas s’ils sont positifs” prône Yvon Le Flohic. Une stratégie qui reposerait toutefois sur une stricte discipline de la population.

“On continue à innover, pas qu’en France, partout dans le monde pour aller vers des autotests où, sur la base de votre salive, parfois de votre sang, vous pourrez vous autotester. On est habitués à le faire avec les tests de grossesse ou d’autres tests”, annonçait Emmanuel Macron lors de son interview télévisée du 14 octobre. “Dès qu’on a un doute, on pourra se faire tester. On aura la réponse rapidement”, expliquait le président.

Une stratégie qui ne peut fonctionner que si ces kits d’auto-prélèvement “sont accessibles à tout le monde. Si on va au stade ou au théâtre, il faut que ce test inclus dans le coût du billet, et réalisé à l’entrée”, plaide le docteur Jérôme Marty.

“On n’échappera pas à un nouveau confinement”

Si la fiabilité de ces tests, notamment salivaire, est moindre, ce n’est pas un problème, précisent les médecins. “Sur une campagne de tests, répétée fréquemment, d’un groupe comme dans une université, même s’il y a des trous dans la raquette, les cas positifs seraient forcément détectés à terme”, rappelle le docteur Marty, “d’autant que la cible ce sont les super-propagateurs” précise le docteur Yvon Le Flohic.

Un panel de tests qui pourrait permettre de lutter contre la deuxième vague de l’épidémie, voire de l’étouffer. Mais avant de mettre en place ce panel de tests, “On n’échappera pas à un nouveau confinement, pour faire descendre le nombre de contaminations actuel. Une fois la situation sous contrôle, cette nouvelle stratégie pourra être appliquée”, conclut le docteur Jérôme Marty.

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Les tests antigéniques devraient bientôt être disponibles, après un accord sur le montant de la rémunération des professionnels de santé libéraux, conclu le 20 octobre. Concernant les tests salivaires, la Haute Autorité de Santé a rendu un avis favorable le 18 septembre, et devraient prochainement être déployés.