Complexés par leur transpiration excessive, ils témoignent : « Je me suis déjà empêchée de sortir »

Odeur, traces, gêne sociale... La transpiration est source de stress et de honte pour ces personnes, elles expliquent pourquoi.

Alors que l’été approche, nous avons recueilli les témoignages de personnes qui souffrent de transpiration excessive. Elles racontent leur complexe qui, pour certains, s’amplifie à la belle saison, et les solutions anti-transpiration qu’elles ont trouvées.

ÉTÉ - « Dès qu’il fait un peu chaud, c’est l’ouverture des vannes : je transpire de tout le haut du corps, du dos, du torse… Je vois les gouttes qui sortent et je suis très vite trempé. » Pour Jean*, un habitant de Bordeaux âgé de 46 ans qui souffre de transpiration excessive, l’été « n’est pas du tout la bonne saison ». À l’approche des fortes chaleurs, qui se font déjà ressentir dans certains départements français, il fait partie de ceux pour qui ce phénomène n’est pas sans conséquence : anxiété sociale, sentiment de honte, remarques désagréables, élaboration de stratagèmes pour ne pas montrer sa transpiration…

Jean se dit « très inquiet du regard des autres » et admet : « Ça remet en question pas mal de moments. Je ne peux pas utiliser mon vélo autant que je le souhaite. Je reste un peu plus souvent chez moi. Si je pouvais être comme tout le monde, je ferais plus de choses. »

Parmi les personnes qui ont accepté de témoigner pour Le HuffPost sur ce syndrome, certaines souffrent d’hyperhidrose : une maladie qui entraîne une transpiration excessive, qui peut être locale ou généralisée. C’est le cas par exemple de Clara*, jeune habitante de Bruxelles : « Je peux transpirer à n’importe quel moment, c’est un vrai calvaire. Surtout des mains, des pieds et des aisselles. Quand j’ai froid, je peux transpirer des mains s’il y a du chauffage dans la pièce. Et ce n’est pas très agréable d’avoir des gouttes qui tombent des mains… »

Mais pour Clara, c’est aussi une gêne sociale. « J’ai peur de serrer des mains, peur d’avoir des auréoles, énumère la jeune femme. Je me suis parfois empêchée de sortir, ou alors je devais prendre des tee-shirts de rechange. Ça me bouffait, maintenant j’essaye de vivre avec, car j’aurais ça toute ma vie et il faut l’accepter. Sinon, on se rend malade. »

« Je suis venue passer mon permis avec une serviette de plage »

Toutes les personnes interrogées pointent une dimension psychologique : plus ils ont peur de transpirer, plus ils y pensent. Et quand ils y pensent trop, ils transpirent encore plus. « C’est un cercle vicieux », témoigne Audrey, une ATSEM (Agents Territoriaux Spécialisés des Écoles Maternelle) de 38 ans qui vit dans la Drôme et qui souffre d’hyperhidrose depuis l’enfance.

« Je transpire des pieds et des mains au quotidien. Les jours où je suis stressée, c’est aussi sur le visage et les aisselles. À l’approche de l’été, je suis encore plus angoissée. Je suis venue passer mon permis avec une serviette de plage », raconte-t-elle.

Si son complexe s’est atténué avec l’âge, elle reconnaît avoir enduré des remarques et des moqueries durant sa jeunesse. « Les autres enfants se moquaient car je ne pouvais pas colorier, ça bavait partout. Mon institutrice me mettait du talc, mais ça faisait de la pâte. Au collège, c’était la cata. Un jour, je suis venue avec des chaussures en daim fermé. Elles étaient complètement mouillées et tout le monde a rigolé. J’allais souvent me laver les mains et on me pointait du doigt », se souvient celle qui se « sentait différente des autres ».

Pour Fabien*, étudiant de 25 ans, les réflexions qu’il a subis ont aussi nourri son complexe : « On m’a fait beaucoup de remarques dégradantes sur mes traces de transpiration sous les aisselles. C’était du genre : ’regardez-le, il transpire, il ne se lave pas’. Ça me faisait me sentir sale, alors que c’est simplement naturel. C’est dur d’assumer ce genre de sudation quand on est jeune. »

Jean et Clara n’ont jamais vraiment subi de remarques ou de moqueries. Mais ils ressentent quand même du stress et de la honte, car « la transpiration ne représente pas forcément quelque chose de positif dans l’esprit des gens », selon jean.

Hypnose, mouchoirs et habits de rechange

Globalement, il n’existe pas beaucoup de solutions à leur problème. Alors chacun y va de sa technique pour tenter d’atténuer ou de cacher sa transpiration. « Je me promène avec une tonne de mouchoirs en coton. Les enfants me demandent pourquoi j’ai un doudou. Même le jour de mon mariage, j’avais ce chiffon dans les mains. Ce n’est pas possible de faire sans », déplore Audrey. Pour masquer les odeurs liées à la transpiration de ses pieds, elle lave aussi ses chaussures une fois par semaine.

Autre solution qui a marché un temps pour Audrey : les séances d’ionophorèse. Selon le site Ameli.fr, ce traitement consiste à « plonger pieds et mains dans un récipient d’eau où passe un courant électrique de faible intensité qui réduit la production de sueur ». Mais depuis que l’ionophorèse lui provoque des douleurs, elle ne peut plus y avoir recours.

Au contraire de Clara qui l’utilise régulièrement. Elle qui a toujours essayé de cacher sa transpiration a élaboré plusieurs techniques : elle emporte avec elle des habits de rechange, elle porte des matières qui ne font pas transpirer, elle utilise un déodorant antitranspirant…

Quant à Jean, il est allé encore plus loin dans sa recherche d’un traitement efficace. Récemment, il s’est tourné vers l’hypnose : « Je n’ai fait qu’une séance, je ne sais pas trop si ça a marché, peut-être un peu. Il en faut peut-être plusieurs. » S’il déplore le prix des séances, il se dit « prêt à mettre le fric qu’il faut » pour atténuer ses problèmes liés à la transpiration.

*Les prénoms ont été modifiés

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