Cinéma : l’abbé Pierre est de retour !
« Mes amis, au secours ! » On garde en mémoire le cri de l'abbé Pierre à l'hiver 54. On a encore dans l'œil sa silhouette, son habit, sa canne et son béret, décortiqués par Roland Barthes dans Mythologies. Mais quel feu animait Henri Grouès ? Dans le biopic remarquable de Frédéric Tellier, non seulement le comédien Benjamin Lavernhe incarne le personnage – de 25 à 94 ans –, mais il a voulu, dit-il, « le rencontrer de l'intérieur ».
Pour entrer dans le rôle, le sociétaire de la Comédie-Française a beaucoup lu, décortiqué des milliers de photos, échangé avec Laurent Desmard, le secrétaire de l'abbé. Mais, pour l'approcher au plus près, il fallait plus… « Je suis allé à Assise, où, disait l'abbé, l'essentiel de sa vie s'était décidé », raconte l'acteur de 39 ans, qui se dit athée mais impressionné par le « mystère de la fo i ». « Il se levait à l'aube pour grimper au-dessus du couvent et contempler le lever du jour.J'ai fait la même chose, seul ; ce fut très puissant, un moment où spirituellement je me suis senti rempli et chargé de l'intérieur. » Cette dimension-là transparaît à l'écran.
Grâce au duo que l'acteur forme avec Emanuelle Bercot, interprète époustouflante elle aussi de celle qui, dans l'ombre, a accompagné « l'insurgé de Dieu » : Lucie Coutaz. « Celle-ci est souvent décrite comme “Lulu la Terreur”, et, sur les photos, je la voyais avec des fleurs, comme étonnée d'être là… remarque la comédienne. Elle était faite pour commander, elle est devenue u [...] Lire la suite