Les catastrophes climatiques, une source de profits pour les fonds d’investissement
À l’heure où les tragédies liées au changement climatique se multiplient, des fonds d’investissement privés entrent dans le secteur lucratif de la reconstruction – le marché américain est estimé à pas moins de 200 milliards de dollars. Leur objectif ? “S’en mettre plein les poches en réduisant les coûts, au détriment de la qualité et de la sécurité des travailleurs, déjà extrêmement vulnérables”, alerte Pramila Jayapal, élue démocrate au Congrès des États-Unis.
The Guardian a accédé en exclusivité à un rapport alarmant de Resilience Force, organisation défendant les droits des travailleurs du secteur, qui met en lumière ce sombre aspect de l’industrie de la reconstruction post-catastrophe aux États-Unis.
Des réseaux de plus en plus complexes
Historiquement, ce secteur était essentiellement constitué de “petites entreprises indépendantes” gérant des projets à l’échelle locale. Cependant, depuis le passage de l’ouragan Katrina en 2005 – qui avait dévasté la Louisiane, le Mississippi et les États voisins –, on assiste à une concentration, nombre de petites sociétés étant rachetées par des firmes de capital-investissement. La tendance s’est accélérée ces dernières années, surtout en Floride et au Texas, deux États particulièrement touchés par les catastrophes naturelles et où les dégâts matériels se chiffrent en milliards de dollars.
En 2019, la société de réparation des dégâts Servpro, qui compte plus de 2 000 franchisés aux États-Unis et au Canada, a vu la majeure partie de son capital rachetée par la plus grande société de capital-investissement au monde, Blackstone Group.
Cette évolution a donné naissance à “des réseaux de sous-traitance et de franchisage de plus en plus complexes”, ce qui rend extrêmement difficile l’identification des responsables en cas de violation des droits des quelque 100 000 travailleurs concernés. Les salaires impayés et le non-respect des règles de santé et de sécurité sont courants.
Une main-d’œuvre vulnérable
Ces travailleurs sont pour la plupart des immigrés originaires d’Amérique latine et d’Asie, souvent sans papiers ou bénéficiant d’un statut de résident temporaire ; on trouve aussi parmi eux des citoyens américains non blancs ainsi que d’anciens détenus. Ils sont souvent envoyés à des milliers de kilomètres pour des missions, ajoute The Guardian.
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