"Ma carrière est terminée": le cinéaste Jacques Doillon réagit aux accusations portées contre lui

Jacques Doillon sort du silence. Le réalisateur, accusé de viol sur mineur de 15 ans par Judith Godrèche ainsi que d’agressions sexuelles et harcèlement sexuel par les actrices Isild Le Besco et Anna Mouglalis et également mis en cause pour son nouveau film CE2, a décidé de prendre la parole dans une longue interview accordée au Parisien afin de donner sa version des faits, point par point.

Le réalisateur de 80 ans revient d'abord sur la plainte pour viol sur mineur de 15 ans déposée à son encontre par Judith Godrèche le 6 février dernier. L'actrice l'accuse de l'avoir violée dans son bureau chez Jane Birkin avant le tournage du film La Fille de 15 ans, alors qu'elle n'avait que 14 ans.

Elle assure également avoir subi des agressions sexuelles par Jacques Doillon lors "d'une scène d'amour et de sexe" du long-métrage. "J’enlève mon pull, je suis torse nu, il me pelote, me roule des pelles" détaillait-t-elle dans sa plainte. Des faits que Jacques Doillon dément.

"Je n’ai jamais eu de rapport intime avec Judith Godrèche. Je n’ai jamais été attiré par elle. Je vivais à l’époque avec Jane, dont j’étais amoureux. Il ne s’est rien passé avec Judith ni dans un bureau ni nulle part ailleurs", assure-t-il au Parisien.

Quant à la "scène d'amour", Jacques Doillon assure avoir remplacé le comédien d'origine sur une demande du producteur car "il connaissait mal son texte". "Il m’a dit que si je ne reprenais pas le rôle, il faudrait arrêter le film. J’ai accepté sans enthousiasme", affirme-t-il en précisant que Judith Godrèche était à l'époque âgée de 16 ans et non pas 15.

"Judith Godrèche a fait de moi son bouc émissaire"

Depuis ces accusations, Jacques Doillon a décidé de porter plainte pour diffamation contre Judith Godrèche. Le cinéaste se justifie en expliquant que les propos "infâmes" de la comédienne ont porté atteinte à sa famille et à sa carrière.

"Quand j’ai appris ces accusations, j’ai ressenti de la sidération, de la stupéfaction et de la colère. À cela a succédé l’angoisse que cela nuise à mes enfants. J’avais malheureusement raison: les deux plus jeunes entendent à l’école des choses dégueulasses sur leur père", indique-t-il.

"Judith Godrèche a ouvert le bal et fait de moi son bouc émissaire. (...) Ma carrière est terminée. J’avais des projets de films qui ont disparu. (...) J’ai été lâché par certaines personnes parce qu’elles subissent des pressions de la part de Judith Godrèche et de son entourage. Je suis la tête d’affiche des cinéastes blacklistés", ajoute-t-il.

"Effet de meute"

Jacques Doillon revient également sur les déclarations des comédiennes Isild Le Besco et Anna Mouglalis qui l'ont toutes les deux accusé d'agressions sexuelles et de harcèlement sexuel, dans une enquête du journal Le Monde publiée début février.

Isild Le Besco affirme avoir été virée par le réalisateur sur le tournage du film Carrément à l’ouest après avoir refusé ses avances alors qu'elle n'avait que 17 ans. Anna Mouglalis assure quant à elle que le cinéaste l'aurait "embrassée de force" en 2011 devant le domicile qu'elle partageait avec son compagnon Samuel Benchetrit.

Là encore, Jacques Doillon réfute ces allégations et dénonce un "effet de meute" initié par la prise de parole de Judith Godrèche. Selon lui, si Isild Le Besco a été remerciée de son film, ce n'est pas parce qu'elle a décliné ses avances mais parce qu'elle lui avait menti sur un retard de tournage et qu'il craignait qu'elle "plante" son projet.

"Je ne voulais plus tourner avec elle parce qu’elle m’avait menti", indique-t-il, niant avoir fait des avances à Isild Le Besco. "C’est une histoire qu’elle invente ou qu’on lui suggère."

Quant à Anna Mouglalis, le réalisateur nie les faits et estime que l'actrice était "jalouse" de sa fille "qui venait de tourner avec Samuel" (Benchetrit, compagnon d'Anna Mouglalis, NDLR).

"Je n’ai jamais promis de rôle à quiconque ni profité de ma position de réalisateur pour obtenir des faveurs sexuelles. En 35 films, il m’est arrivé une ou deux fois d’avoir des idylles avec des comédiennes, mais je n’ai pas été un harceleur", assène Jacques Doillon.

Polémique sur le casting de "CE2"

Enfin, Jacques Doillon mentionne la promotion de son nouveau film CE2, dont la sortie a été repoussée par son producteur en raison des nombreuses accusations à son encontre.

Prévu initialement pour le 27 mars en salles, ce long-métrage suit Claire, une élève de CE2, harcelée par deux camarades de sa classe. Fin février, devant des sénateurs, l'actrice Judith Godrèche avait assuré que le cinéaste avait, pour les besoins de ce film, donné pour instruction de rechercher une petite fille ayant véritablement été victime de harcèlement "pour lui faire revivre à l'écran ce qu'elle a vécu dans la vie".

En parallèle, trois députés ont saisi la justice après avoir vu des vidéos du casting de CE2. L'un d'eux Erwan Balanant, a décrit a BFMTV.com une scène qui "l'a profondément choqué" dans laquelle "une petite fille, seule, d'une petite dizaine d'années" fait face à deux adultes qui "l'amènent à parler à plusieurs reprises, malgré ses refus répétés", du harcèlement sexuel dont elle a été victime.

Jacques Doillon assure, lui, au Parisien qu'il n'a "jamais voulu choisir des enfants qui avaient vécu du harcèlement" même s'il reconnaît que l'insistance des adultes pendant ce casting a "duré un peu trop longtemps".

"Je suis le cinéaste qui a le plus tourné avec des moins de 18 ans, j’ai fait tourner une quinzaine d’acteurs de 4 à 11 ans. Aucun enfant ni aucune famille ne m’ont jamais fait savoir qu’ils avaient rencontré des difficultés. Sur mes tournages, les enfants sont encadrés avec une grande attention et une grande bienveillance", conclut-il.

Article original publié sur BFMTV.com