Bruno Retailleau avoue partager le « combat » de Némésis, un collectif identitaire
POLITIQUE - Il y a quelques mois, le collectif d’extrême droite aurait pu se retrouver sur la liste des associations à dissoudre de Gérald Darmanin. Mais avec Bruno Retailleau au ministère de l’intérieur, le groupe d’action identitaire Némésis se retrouve désormais mis à l’honneur. Le ministre s’est exprimé mardi 21 janvier face au centre de réflexion sur la sécurité intérieure, devant un parterre hétéroclite, mais penchant tout de même fortement à droite, comme le rapporte l’Opinion.
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Dans l’assistance se trouvait notamment Alice Cordier, fondatrice du mouvement Némésis et habituée des médias réactionnaires, de Radio courtoisie à CNews. L’occasion pour la militante de prendre le micro pour interpeller le ministre de l’Intérieur, et lui demander la dissolution de La Jeune Garde antifasciste, organisation fondée en 2018. Mais plus que la question (pas surprenante venant de ce courant), c’est la réponse du ministre du l’Intérieur qui interroge.
« Némésis. Je voulais féliciter la jeune dame que je vois. Bravo pour votre combat. Vous savez que j’en suis très proche », a répondu Bruno Retailleau, avant de promettre de se pencher sur le cas de l’association antifasciste dans le viseur de l’extrême droite. Un honneur que l’intéressée a apprécié à sa juste valeur. « Après des années d’humiliations, de comptes bancaires qui sautent, de réseaux sociaux censurés, de violences par des militants d’extrême gauche, d’articles à charge… Après tout ça, j’ai été félicitée par notre ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau. Immense fierté », a-t-elle réagi sur le réseau social X. Or, c’est peu dire que l’agenda du collectif félicité par le Vendéen apparaît (très) éloigné des missions républicaines confiées au ministère de l’Intérieur.
« Redorer le blason du communautarisme »
Et pour cause, voici comment Alice Cordier définissait son « combat » que le ministre dit partager. « En tant que femmes et féministes, notre rôle aujourd’hui est de défendre nos hommes, nos mâles blancs, et de redorer le blason du communautarisme entre personnes qui considèrent la France comme leur unique nation et la culture européenne comme la leur, culture qui d’ailleurs a toujours placé les femmes sur un piédestal », expliquait en 2020 la militante identitaire.
« Pour arriver à ces objectifs, plusieurs moyens nous sont donnés et nous aimerions en proposer deux essentiels que sont la remigration et le communautarisme », affirmait-elle encore. Proposée en 2022 par Éric Zemmour, la « remigration » (soit l’expulsion massive d’étrangers ou de gens issus de l’immigration) est une vieille obsession de l’extrême droite identitaire. Une position tellement radicale que même le Rassemblement national s’en démarque. C’est d’ailleurs en raison de cette question que les relations entre le parti allemand AfD et le RN s’étaient tendues durant la campagne des élections européennes.
Bruno Retailleau partage-t-il donc le « communautarisme » européen prôné par Alice Cordier, tout comme la « remigration » qui l’accompagne ? Sollicité par Le HuffPost, son entourage n’a, pour l’heure, pas donné suite. Son cabinet a par ailleurs refusé de répondre sur ce point à franceinfo. « Je ne pense pas que le ministre connaisse la dirigeante de Nemesis, Alice Cordier, et je ne suis pas sûr qu’il sache exactement ce qu’est Némésis », a ensuite défendu un proche du ministre auprès de BFMTV, assurant que le « combat » que Bruno Retailleau disait partager avec Alice Cordier était « la dissolution du collectif La Jeune garde et sur les chiffres de l’antisémitisme ».
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