Bolivie : « coup d’État », général Zuniga arrêté... ce que l’on sait de la situation

Les militaires devant le palais présidentiel à La Paz en Bolivie, le 26 juin 2024.
AIZAR RALDES / AFP Les militaires devant le palais présidentiel à La Paz en Bolivie, le 26 juin 2024.

INTERNATIONAL - « Coup d’État » avorté. Le chaos a pris place pendant quelques en heures Bolivie ce mercredi 26 juin, lorsque le chef des forces armées a tenté de prendre le pouvoir en attaquant au blindé le palais présidentiel à La Paz. Le général, qui a également massé des hommes devant le siège de la présidence, a finalement été arrêté. Le point sur la situation ci-dessous.

• L’armée en position

À la mi-journée, des images sur les réseaux sociaux prises par les habitants ont montré des unités de l’armée avançant dans les rues en rangs serrés, et des véhicules blindés, ainsi qu’un char stationné sur la place Murillo. Selon les journalistes de l’AFP sur place, un véhicule blindé a tenté d’enfoncer une porte métallique du Palacio Quemado, le siège de la présidence.

La télévision bolivienne ajoute que le général Zuniga est entré brièvement dans le palais présidentiel. Quelques heures plus tard, les militaires ont quitté la place.

• Le général Zuniga à la manœuvre

La situation aurait été déclenchée par les rumeurs qui circulent depuis mardi et selon lesquelles le général Zuniga, en poste depuis novembre 2022, pourrait être démis de ses fonctions. Il aurait outrepassé sa fonction en faisant des déclarations contre l’ancien président Evo Morales, autrefois allié de l’actuel président Luis Arce et aujourd’hui son plus grand adversaire politique en vue des élections présidentielles de 2025.

Dans une interview accordée lundi à une chaîne de télévision, le chef de l’armée a en effet affirmé qu’il arrêterait Evo Morales s’il poursuivait son dessein de se représenter, alors qu’il ne peut plus être candidat selon une décision de justice. Evo Morales brigue l’investiture au nom du MAS (Mouvement vers le socialisme), tandis que Luis Arce n’a pas encore fait acte de candidature officielle.

« Légalement, il est disqualifié, il ne peut plus être président de ce pays », avait déclaré le général Zuniga. Les forces armées « sont le bras armé du pays et nous allons défendre la Constitution à tout prix », avait-il ajouté.

Ce mercredi après le déploiement de l’armée, il a expliqué que « les forces armées tentent de restructurer la démocratie, d’en faire une véritable démocratie. Pas celle de quelques-uns, pas celle de quelques maîtres qui dirigent le pays depuis 30 ou 40 ans ».

• Un « coup d’État » selon la présidence

« Nous dénonçons les mouvements irréguliers de certaines unités de l’armée bolivienne. La démocratie doit être respectée », a écrit le président Luis Arce sur le réseau social X. Il a appelé la population à la mobilisation « en faveur de la démocratie » et contre « le coup d’État ».

Selon l’ex-président Evo Morales (2006-2019) sur X, « un coup d’État se prépare ». « Des militaires et des chars sont déployés sur la place Murillo », a-t-il écrit, appelant « à une mobilisation nationale pour défendre la démocratie ». Evo Morales a été président de la Bolivie de 2006 à 2019, ayant été réélu en 2009, puis en 2014. En 2019, il a démissionné de la présidence sur fond de troubles sociaux et d’accusations de fraude électorale.

Le secrétaire général de l’Organisation des États américains (OEA) Luis Almagro a pour sa part déclaré qu’« aucune forme de violation de l’ordre constitutionnel ne sera tolérée » en Bolivie, exprimant sa « solidarité avec le président Luis Arce » depuis Asunción, où se tient jusqu’à vendredi l’assemblée générale de l’organisation.

• Le général Zuniga destitué et arrêté

Finalement en milieu d’après-midi, le général Juan José Zuniga a été destitué de ses fonctions par le président Luis Arce et a été arrêté par la police, selon les images diffusées par la télévision publique.

Il a été appréhendé et conduit de force dans un véhicule de police alors qu’il s’exprimait devant la presse à l’extérieur d’une caserne militaire. « Vous êtes en état d’arrestation mon général ! », lui a lancé le ministre de l’Intérieur Jhonny Aguilera.

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