La BD célébrée au Centre Pompidou: les albums à lire pour prolonger la visite

La bande dessinée, le comics et le manga sont célébrés dans tous leurs états au Centre Pompidou jusqu'au mois de novembre. L'exposition principale, "Bande dessinée, 1964-2024", permet de découvrir le 9e Art à travers une douzaine de thèmes, du rêve au rire en passant par le noir et blanc ou l'anticipation.

Autant de thèmes qui témoignent de la vivacité de l'industrie de la bande dessinée - et que l'on retrouve dans de nombreuses publications de ces derniers mois.

Série pour enfants, récits de super-héros, histoires autobiographiques... Voici une sélection de nouveautés pour prolonger la visite.

• Seuls

Seuls, la série qui fait réfléchir les enfants sur la mort, fait peau neuve. La BD de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann, écoulée à 3 millions d'exemplaires, revient avec un nouveau cycle. "On fait avancer l’intrigue, non pas en révélant plein de choses à la fin d'un cycle, ce que j'avais un peu tendance à faire, mais à chaque album, avec des révélations de taille", promet Fabien Vehlmann. "On simplifie les enjeux et on s'approche du but final." La suite est déjà prévue pour novembre.

Seuls, tome 14, Les Protecteurs, Bruno Gazzotti (dessin) et Fabien Vehlmann (scénario), Rue de Sèvres, 48 pages, 12,95 euros.

• Hellboy

Deux illustrations de Hellboy signées Mike Mignola sont exposées au Centre Pompidou alors que ressort, pour le trentième anniversaire de ce comics majeur, une édition spéciale réunissant le premier tome de la série principale, Les Germes de la Destruction, et l’intégralité des récits courts. Parfait pour découvrir l'univers de Mike Mignola, à mi-chemin entre les contes fantastiques d'Edgar Allan Poe, les récits horrifiques de Lovecraft et la mythologie slave.

Hellboy - Édition Spéciale 30e Anniversaire, Mike Mignola, Delcourt, 416 pages, 39,95 euros.

• Petite forêt

Absent du Centre Pompidou, Daisuke Igarashi n'en reste pas moins un maître absolu du manga dont l'œuvre, trop méconnue en France, aurait pu figurer dans le musée parisien comme exemple d'œuvre contemplative et poétique. Dans la lignée de Jiro Taniguchi, Daisuke Igarashi voit un de ses ouvrages phares, Petite forêt, réédité après des années de rupture de stock. Il y raconte le quotidien d'Ichiko et les plats qu'elle concocte, inspirés par la nature.

Petite forêt, Daisuke Igarashi, Delcourt/Tonkam, 352 pages, 15,99 euros.

• Rivages lointains

Figure d'une nouvelle génération dont le style est à mi-chemin entre le manga et la BD franco-belge, Anaïs Flogny signe un ambitieux premier album, Rivages lointains. Une fresque située dans l'univers de la mafia new-yorkaise et inspirée par les maîtres du genre Don Winslow et Pierre Lemaître. "J'ai voulu traiter à ma façon les récits de mafias en écrivant une histoire que j'aurais aimé lire en étant plus jeune. J'ai envie qu'on la lise comme un film", confie la dessinatrice, qui a rythmé certaines séquences de sa BD sur les bandes originales de la série Succession ou du film Babylon.

Rivages lointains, Anaïs Flogny, Dargaud, 240 pages, 19 euros.

• La Baie des cochons

Les années passent et Spirou continue de se renouveler et de surprendre. Après avoir mis en scène sa mort il y a deux ans, les éditions Dupuis poursuivent ses aventures dans une histoire parallèle qui voit le groom le plus célèbre de la BD emprisonné dans une geôle cubaine par Fidel Castro. Ses seuls espoirs: Fantasio et Seccotine. Mais cette dernière se laisse séduire par les discours de Che Guevara.

La Baie des cochons, Michaël Baril, Clément Lemoine et Elric Dufau, Dupuis, 64 pages, 12,95 euros.

• It's Lonely at the Centre of the Earth

Nouvelle coqueluche des comics américains, Zoe Thorogood a séduit un large public avec It's Lonely at the Centre of the Earth. Dans cette histoire d'inspiration autobiographique, elle évoque sa santé mentale et sa lutte contre la dépression. Un album construit en partie sur le principe d'Un jour sans fin. "Je trouvais ça amusant que le livre redémarre à zéro au milieu. C'était une manière amusante de parler de ce que je ressens", confie la dessinatrice. "C'est aussi quelque chose que je n'ai jamais vu en BD."

It's Lonely at the Centre of the Earth, Zoe Thorogood, Hi Comics, 200 pages, 27,95 euros.

• Vertigeo

Alors que l'humanité approche de son extinction, les derniers hommes se relaient pour construire une nouvelle tour de Babel, Vertigéo, dont l'effroyable secret les tue progressivement. Au croisement de deux thématiques majeures de l'exposition du Centre Pompidou sur le 9e Art, l'architecture et l'anticipation, Vertigéo ravira les amateurs de dystopies architecturales de la SF façon Les Cités obscures ou Transperceneige.

Vertigéo, Amaury Bündgen et Lloyd Chéry, Casterman, 136 pages, 22 euros.

• Clémence en colère

Figure d'une BD politique en lutte avec les dérives sexistes de notre société, Mirion Malle est de retour avec Clémence en colère. Elle y poursuit les thématiques abordées dans ses précédentes BD C'est comme ça que je disparais et Adieu triste amour, dont la difficulté de se reconstruire après un traumatisme, à l'aide d'une héroïne qui va apprendre à dompter la colère qui l'anime. Une lecture aux vertus thérapeutiques.

Clémence en colère, Mirion Malle, La Ville brûle, 224 pages, 23 euros.

• Au-dedans

Les tranches de vie constituent l'une des expressions majeures de la BD contemporaine. Au-dedans de l'Américain Will McPhail, dont c'est le premier album, en est la preuve en suivant le quotidien d'un jeune homme renfermé qui va lentement s'éveiller au monde. Dessinateur au New Yorker, Will McPhail témoigne également d'un humour pince-sans-rire redoutable dans cette histoire très émouvante.

Au-dedans de Will McPhail, 404 Comics, 280 pages, 26,50 euros.

• Il y a longtemps que je t’aime

De plus en plus de BD déconstruisent les idées préconçues sur l'amour et la vieillesse. Avec Il y a longtemps que je t’aime, Marie Spénale propose une relecture de Robinson Crusoé. Une femme âgée de la soixantaine, naufragée sur une île déserte, fait une rencontre inattendue avec un jeune insulaire muet qui va réveiller son désir. Un personnage d'héroïne âgée inédit en BD.

Il y a longtemps que je t’aime de Marie Spénale, Casterman, 128 pages, 24 euros.

• Jouer au loup

Disparue prématurément à l'âge de 37 ans en 1985, Kuniko Tsurita compte parmi les mangakas exposés à Pompidou. Cette dessinatrice japonaise méconnue, première femme à voir participé à la revue d'avant-garde Garo, qui a révolutionné le manga dans les années 1960, sort de l'ombre grace aux éditions Atrabile. Deux ouvrages compilant l'intégralité de ses travaux permettent de découvrir une œuvre riche et sensible.

Jouer au loup, Kuniko Tsurita, Atrabile, 264 pages, 25 euros.

• Le Combat d’Henry Fleming

Devenues monnaie courante, les adaptations littéraires en BD restent un genre souvent assez difficile à réussir. Avec Le Combat d’Henry Fleming, d'après The Red Badge of Courage de Stephen Crane, célèbre texte pacifiste publié à la fin du XIXe siècle, le dessinateur Steve Cuzor (Cinq branches de coton noir, bientôt adapté à Hollywood) relève le défi. Et se distingue des autres tentatives du genre avec un traitement graphique proche de la gravure.

Le Combat d’Henry Fleming, Steve Cuzor, Dupuis, 152 pages, 26 euros.

• Sang neuf

L'écriture de soi, ou le récit autobiographique, sont devenus au cours des trente dernières années un des genres les plus importants du 9e Art. Dernier exemple en date - et le plus marquant: Sang neuf de Jean-Christophe Chauzy, où l'auteur raconte en détail sa lutte contre une myélofibrose, rare cancer de la moelle osseuse caractérisé par une incapacité à fabriquer suffisamment de cellules sanguines saines.

Sang neuf, Jean-Christophe Chauzy, Casterman, 256 pages, 26,90 euros.

Article original publié sur BFMTV.com