Aya Nakamura ciblée par un collectif identitaire: Rachida Dati met en garde contre tout "racisme"

La ministre de la Culture a alerté lors d'une audition au Sénat contre "les prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme", alors que la chanteuse, qui pourrait chanter aux Jeux Olympiques, est stigmatisée par l'extrême droite.

La ministre de la Culture Rachida Dati a mis en garde mardi contre les "prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme" alors qu'Aya Nakamura, qui pourrait chanter aux Jeux Olympiques, est stigmatisée par l'extrême droite.

"Attention aux prétextes pour s'attaquer à quelqu'un par pur racisme", a lancé la ministre lors d'une audition au Sénat. "S'attaquer à une artiste pour ce qu'elle est, est inacceptable, c'est un délit", a poursuivi la membre du gouvernement.

Aya Nakamura, star franco-malienne, est stigmatisée par l'extrême droite française, hérissée à l'idée qu'elle puisse chanter en ouverture des Jeux olympiques (ce qui n'est pas officiel pour l'heure, juste une annonce de l'hebdomadaire L'Express).

Un pic a été atteint ce week-end. Des huées ont surgi à l'évocation de l'artiste dimanche, lors d'un premier grand meeting de campagne des élections européennes de Reconquête!, parti d'extrême droite d'Eric Zemmour.

Marion Maréchal, tête de liste pour les élections européennes de ce parti, en a remis une couche mardi sur BFMTV: "on aime ou on n'aime pas, elle ne chante pas en français".

Nombreux soutiens à la chanteuse

Les anti-Aya Nakamura ne supportent pas les libertés que l'artiste prend avec la langue française, comme dans Djadja, mêlant vocabulaire et images venues des quatre coins du monde ("J'suis pas ta catin, Djadja, genre, en catchana baby, tu dead ça").

En outre, un groupuscule de l'ultradroite, Les Natifs, a posté samedi sur ses réseaux une photo d'une banderole tendue par une dizaine de ses membres sur les bords de Seine. "Y'a pas moyen Aya, ici c'est Paris, pas le marché de Bamako !", peut-on y lire. "Y'a pas moyen" renvoie à son hit Djadja, aux plus de 950 millions de vues sur YouTube.

La mégastar a en revanche depuis récolté de nombreux soutiens de la part d'artistes tels que Dadju et Nej' mais aussi du metteur en scène Thomas Jolly, chargé de la cérémonie d'ouverture des JO, qui s'est dit sur ses réseaux "profondément choqué par le racisme dont est victime Aya Nakamura".

Sans confirmer la participation de la chanteuse, il promet que "les cérémonies s'élèveront contre toute forme de discrimination. La France, à travers une mosaïque de talents, célébrera la beauté et la richesse de sa diversité."

Une polémique "infâme"

Interrogé sur RMC, l'avocat d'Aya Nakamura, Me Karim Sebihat, a dénoncé une polémique "indigne" et "parfaitement infâme". "Moi, en tant qu’avocat, j’estime que des poursuites judiciaires seraient parfaitement adaptées et amplement justifiées", a-t-il déclaré.

"Il faut rappeler que ces propos et ces actes tombent sous le coup de la loi. J’y vois carrément une provocation à la discrimination, de manière cumulative, et même à la violence (...) Le caractère raciste des propos est assez évident", a-t-il ajouté.

Aya Nakamura a de son côté remercié sa communauté mardi sur le réseau X "pour le soutien" reçu. "J’ai l’impression de vous avoir fait découvrir Edith Piaf et qu’elle s’est réincarnée en moi ", a-t-elle ironisé, avant de conclure: "Le reste, qu’ils nous aiment ou pas c’est leur dos."

Article original publié sur BFMTV.com