Au Maroc, l’“hypocrisie” de l’acte de mariage dans les hôtels

“Lorsqu’une personne entre dans un hôtel et qu’on lui demande si elle est mariée, puis qu’on lui demande de fournir un acte de mariage, n’est-ce pas une violation de sa vie privée ? […] Ceux qui exigent ces documents enfreignent la loi et doivent être poursuivis en justice”, a lancé le 21 mai au Parlement Abdellatif Ouahbi, le ministre de la Justice marocain, qui porte la grande réforme du Code de la famille.

Ce n’est pas la première fois que le ministre progressiste soulève cette question de société, qui “cache une forêt d’hypocrisie”, explique le site d’information marocain TelQuel. Dans la société marocaine, la divergence des opinions sur le sujet témoigne de la difficulté de réformer les lois.

Sur les réseaux, les Marocains réagissent aux propos du ministre de la Justice, mais restent divisés. Si certains saluent un ministre qui “ose braver le système archaïque et obscurantiste et défendre les libertés individuelles”, d’autres estiment au contraire qu’il s’agit là d’imposer “des mœurs occidentales” sur “une terre musulmane”.

Criminalisation du sexe hors mariage

Les défenseurs des droits de l’homme et des libertés saluent la déclaration du ministre, tout en estimant que la question est ailleurs. “Le vrai problème concerne l’existence même de l’article 490 du Code pénal, qui criminalise les relations sexuelles hors mariage”, déclare à TelQuel Ghizlane Mamouni, avocate et cofondatrice de l’association Kif Mama Kif Baba, qui se bat pour les droits des femmes et les libertés individuelles.

Si cet article n’est pas abrogé par le législateur, les déclarations du ministre ne changeront rien dans le quotidien des Marocains et des Marocaines. C’est sur “instructions formelles” de la police que les hôteliers se voient dans l’obligation de demander un certificat de mariage aux couples qui demandent une chambre.

Du “baratin”, commente même Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), qui défie le ministre de la Justice d’oser “envoyer une circulaire à la police et au ministère du Tourisme pour en finir avec cette obligation”.

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