Attentat de Nice : qu’attendre du procès

Ce lundi 5 septembre débute le procès de l’attentat du 14-Juillet à Nice. Un moment dur et émouvant, mais dont de nombreuses issues positives peut surgir (photo d’archive prise le 15 juillet 2016, au lendemain de l’attentat, sur la Promenade des Anglais).
GIUSEPPE CACACE / AFP Ce lundi 5 septembre débute le procès de l’attentat du 14-Juillet à Nice. Un moment dur et émouvant, mais dont de nombreuses issues positives peut surgir (photo d’archive prise le 15 juillet 2016, au lendemain de l’attentat, sur la Promenade des Anglais).

GIUSEPPE CACACE / AFP

Ce lundi 5 septembre débute le procès de l’attentat du 14-Juillet à Nice. Un moment dur et émouvant, mais dont de nombreuses issues positives peut surgir (photo d’archive prise le 15 juillet 2016, au lendemain de l’attentat, sur la Promenade des Anglais).

JUSTICE - Il y a les doutes, les difficultés d’intendance liées à la tenue du procès à Paris, la séparation avec des clients qui ne pourront assister à l’intégralité du processus… Et puis il y a l’espoir d’assister à un moment marquant. Historique, même. Ce lundi 5 septembre débute le procès de l’attentat de Nice, qui a coûté la vie à 86 personnes après que Mohamed Lahouaiej-Bouhlel a précipité son camion sur la Promenade des Anglais, le 14 juillet 2016. Un moment qui sera éprouvant, mais dont beaucoup de positif peut ressortir, assure l’avocate Olivia Chalus-Pénochet.

Depuis l’attentat, cette spécialiste du droit des victimes de dommages corporels basée à Nice déploie des trésors d’énergie pour assister aux mieux les rescapés et les familles des victimes. Elle a même initié la formation du groupe d’avocats « 14-07 », constitué en vue de mutualiser moyens et compétences pour faire du procès un moment à la hauteur de l’enjeu.

Au HuffPost, elle résume ce que l’on peut attendre du procès, tant du point de vue judiciaire que pour sa dimension cathartique, quelques semaines seulement après le verdict dans le procès des attentats du 13-Novembre.

  • La quête de la vérité

« Sur le plan pénal, on attend la vérité », commence l’avocate niçoise, visiblement échaudée par le comportement des accusés depuis le début de l’instruction. « On aura peut-être un miracle, et peut-être que les accusés diront peut-être enfin la vérité après tous leurs mensonges. »

Mais si la lumière ne vient pas du box des accusés, Olivia Chalus-Pénochet n’a aucun doute quant au rôle que joueront les parties civiles dans ce processus. « La vérité va s’imposer du fait de leurs témoignages, de la répétition des témoignages de victimes, notamment sur les conséquences du trauma pour toute une population. »

  • Que les victimes se libèrent d’un poids

Des témoignages précieux et très attendus, dont l’avocate espère qu’ils « serviront dans les deux sens » et qu’il « y aura aussi un bénéfice pour les parties civiles d’être venues ».

Ainsi, Olivia Chalus-Pénochet souhaite que celles et ceux qui s’exprimeront durant le procès « puissent laisser derrière eux un fardeau après avoir témoigné et fait entendre leur histoire. Que la solennité de l’audience, le fait d’entendre leur voix résonner dans le silence de la salle d’audience les libérera. »

Au point qu’elle ajoute : « Aujourd’hui, je ne suis plus un avocat qui défend les clients, je suis dans une mission. Je leur tiens la main et je les accompagne, et j’ai l’espoir que ça leur fasse du bien. »

  • Aider la société à comprendre le trauma

Car pour l’avocate niçoise, le fait que la société entende ces victimes et leurs récits, qu’elle réalise et admette ce qu’ils ont traversé est essentiel. « On peut attendre de ces débats qu’ils apportent quelque chose aux humains que nous sommes », envisage-t-elle.

Elle espère ainsi que les témoignages permettront de tirer des leçons collectives et d’améliorer notre compréhension de ce type d’événement dramatique et de ses conséquences. « On peut espérer progresser dans notre capacité de résilience, de regard sur le trauma », explique-t-elle, insistant sur l’intervention de « spécialistes qui vont nous parler de la recherche sur les victimes, sur la transmission des traumas in utero aux nourrissons, sur la transmission au sein des familles chez les enfants nés post-attentat. »

Avec comme horizon, une nouvelle fois, de « bénéficier à ces victimes », mais aussi, grâce aux enseignements tirés de ce procès, « aux victimes de futurs attentats ».

  • Un procès qui honore la société

Vient ensuite une dimension plus symbolique de ce procès, à savoir qu’il faut qu’il fasse date pour son exemplarité, tant ce qui est présenté à la justice est important.

« On peut attendre et on espère le respect des droits de la défense, même si je n’ai aucun doute là-dessus », explique l’avocate. À l’image sûrement de ce qui a été fait durant le procès des attentats de Paris et Saint-Denis, où des peines exemplaires ont été prononcées au terme de neuf mois de procès. « Je suis fière de notre pays dans l’organisation de ces procès, c’est là qu’on peut être fier de vivre dans un pays démocratique et qui respecte les droits de l’Homme. »

  • Sur le plan judiciaire

Un processus judiciaire qui, sur un plan plus technique, permettra d’ailleurs à la France de mieux appréhender la question du terrorisme, où la théorie est forcément moins souvent mise à l’épreuve de la réalité que la matière pénale traditionnelle.

« Sur le plan juridique, on peut s’attendre à assister à des débats intéressants sur la question du terrorisme où demeurent beaucoup de questionnements, à commencer par la qualification de l’association de malfaiteurs », termine ainsi Olivia Chalus-Pénochet.

À voir également sur le HuffPost : Pour le procès de l’attentat de Nice, le retour d’une salle d’audience hors norme

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