Attaques de navires, trafic suspendu: le conflit entre Israël et le Hamas s'exporte en mer Rouge

Un conflit qui s'étend? La guerre entre Israël et le Hamas a désormais des conséquences en mer Rouge, au large du Yémen. Plusieurs bateaux de marchandises ayant été attaqués, certaines compagnies de transports ferroviaires ont décidé de suspendre leur trafic dans cette région. La cheffe de la diplomatie française Catherine Colonna a déclaré ce dimanche 17 décembre que ces attaques "ne (pouvaient) rester sans réponse".

Des navires liés à Israël attaqués

Fin novembre, les rebelles Houthis, qui contrôlent une bonne partie du Yémen en guerre et soutiennent la Palestine, menacent de prendre pour cible des navires israéliens empruntant la mer Rouge.

Le 19 novembre, ils mettent leur menace à exécution et revendiquent la prise d'un navire commercial propriété d'un homme d'affaires israélien et assurent l'avoir détourné vers la côte yéménite.

Début décembre, les rebelles Houthis soutiennent qu'ils ont attaqué deux autres bateaux israéliens dans le détroit de Bab el-Mandeb, une voie navigable stratégique reliant la mer Rouge au golfe d'Aden. Le premier a été visé par un missile et le second par un drone. D'autres navires suivent dans les semaines suivantes.

Les Houthis en soutien au Hamas

Le groupe yéménite établit un lien clair entre ces attaques et le conflit en cours au Proche-Orient, assurant qu'il continuera à viser des bateaux israéliens "jusqu'à ce que l'agression israélienne contre nos frères de la bande de Gaza cesse".

Dans un communiqué, les Houthis ont également déclaré début décembre qu'ils "empêcheraient le passage des navires se dirigeant vers l'entité sioniste" si les habitants du territoire palestinien, bombardé par Israël depuis deux mois, ne recevaient pas plus d'aide humanitaire, comme de la nourriture et des médicaments.

Les rebelles Houthis font partie de ce qu'ils qualifient d'"axe de la résistance" contre Israël, avec des groupes soutenus par l'Iran, comme le Hamas palestinien ou le Hezbollah libanais.

Pour cela, ils ont choisi de s'en prendre au trafic en mer Rouge car ils contrôlent une région stratégique située au niveau du détroit de Bab el-Mandeb où transitent chaque année 20.000 navires, faisant de cette zone l'une des routes maritimes les plus empruntées du commerce mondial.

De nombreuses menaces

En plus des navires attaqués, d'autres possibles tentatives d'attaque ont eu lieu ces dernières semaines. L'armée américaine a indiqué fin novembre avoir intercepté trois drones explosifs venant du Yémen, sans qu'aucun dommage ne soit enregistré.

Un navire français déployé en mer Rouge pour une mission nationale de sécurité maritime a également abattu des drones début décembre venant de la région contrôlée par les Houthis, dénonçant des "menaces caractérisées".

Déjà fin novembre, le Royaume-Uni réagit et annonce l'envoi du navire de guerre HMS Diamond dans le Golfe pour répondre à des "préoccupations croissantes" sur la sécurité des routes commerciales maritimes dans la zone.

Des compagnies suspendent le trafic en mer Rouge

Inquiet de ces attaques répétées, le géant danois du transport maritime Maersk a ordonné vendredi à ses navires de ne plus passer par le détroit stratégique de Bab al-Mandab "jusqu'à nouvel ordre".

Même chose du côté de l'armateur allemand Hapag-Lloyd qui a annoncé la suspension au moins jusqu'à lundi des traversées de ses porte-conteneurs sur la mer Rouge après l'attaque de l'un de ses navires par les Houthis, mais aussi pour le Français CMA-CGM et l'Italo-Suisse MSC.

Les navires de ces compagnies empruntent désormais d'autres routes maritimes, cela implique des surcoûts et des retards puisque cela rallonge fortement les trajets. Selon le cabinet S&P, de plus en plus de transporteurs demandent désormais aussi des primes de risque supplémentaires pour ces trajets. De quoi inquiéter non seulement le secteur, mais les pays occidentaux dont les navires utilisent cette voie maritime.

Retirés de la liste des "organisations terroristes" américaine en 2021, les rebelles Houthis pourraient vite la réintégrer. Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche John Kirby a annoncé fin novembre que cette possibilité était fortement envisagée alors qu'un premier navire israélien avait été capturé par les Houthis en mer Rouge.

Article original publié sur BFMTV.com