Attaque à Moscou: ce que l'on sait des 11 suspects arrêtés, dont quatre assaillants présumés

Plus de 130 personnes sont mortes dans une attaque contre une salle de concert du nord-ouest de Moscou vendredi. Onze personnes ont été arrêtées, dont quatre assaillants présumés. Malgré la revendication de l'État islamique, la Russie insinue que les assaillants auraient un lien avec l'Ukraine, ce que Kiev dément.

Attaque à Moscou: ce que l'on sait des 11 suspects arrêtés, dont quatre assaillants présumés

Des arrestations et des profils qui se précisent. Les autorités russes ont annoncé ce samedi 23 mars avoir arrêté onze personnes suspectées d'être en lien avec l'attaque qui a fait au moins 133 morts vendredi dans une salle de concert de Krasnogorsk, dans la banlieue nord-ouest de Moscou, et qui a été revendiquée par l'État islamique.

Parmi ces interpellés figureraient quatre personnes ayant directement participé à l'attaque, selon le président russe Vladimir Poutine, qui s'est exprimé pour la première fois publiquement depuis le drame ce samedi à la mi-journée.

"À ce stade, on peut dire que tous les quatre auteurs de cet attentat, les quatre assassins, ont été arrêtés", a affirmé le chef du Kremlin dans une allocution télévisée.

· Fuite "en direction de l'Ukraine", selon la Russie

Dans sa prise de parole, Vladimir Poutine a affirmé que les quatre personnes arrêtées et suspectées d'avoir pris part à l'attaque "étaient en cavale en direction de l'Ukraine".

"Selon nos informations, une fenêtre de passage a été préparée pour qu'ils puissent traverser la frontière", a affirmé le président russe, sans toutefois accuser directement le pouvoir ukrainien.

Les médias russes avaient plus tôt dans la journée diffusé des images d'une voiture blanche criblée de balles sur une route du district russe de Navlinsky, dans la région de Briansk, à proximité des frontières ukrainiennes et biélorusses. C'est à cet endroit que les quatre assaillants présumés auraient été interceptés. À l'intérieur du véhicule, les forces de l'ordre disent avoir notamment retrouvé un fusil d'assaut et une arme de poing.

Malgré la revendication directe de Daesh via un message publié vendredi soir sur une boucle Telegram, le président russe n'a fait aucune référence à la nature islamiste de l'attaque. Il a toutefois prévenu que "ceux qui sont derrière ces terroristes seront punis" et qu'ils "n'auront pas un destin enviable".

Les autorités russes sont à l'heure actuelle "à la recherche de tous les indices, de tout le réseau qui a opéré derrière ces terroristes, qui ont assuré la logistique, le déplacement entre les sites et qui ont préparé une cache d'armes", selon les mots de Vladimir Poutine.

· L'État islamique réaffirme sa responsabilité

Après la première revendication de vendredi soir, l'État islamique (EI) a publié sur Telegram un message détaillant le déroulé de l'attaque. L'organisation terroriste précise qu'elle "a été menée par quatre combattants de l'EI armés de mitrailleuses, d'un pistolet, de couteaux et de bombes incendiaires".

L'État islamique a affirmé que l'attaque s'inscrivait "dans le contexte (...) de la guerre faisant rage" entre le groupe et "les pays combattant l'islam".

Vendredi soir, le groupe avait affirmé que le groupe avait "regagné sa base en toute sécurité" après l'attaque.

· Passeports tadjikes

Selon plusieurs médias russes, les quatre assaillants présumés arrêtés "en direction de l'Ukraine" ont autour de 30 à 40 ans. À en juger par les passeports retrouvés dans le véhicule qu'ils conduisaient lorsqu'ils ont été interpellés, plusieurs de ces assaillants seraient de nationalité tadjike.

Le Tadjikistan est un pays d'Asie centrale à majorité musulmane séparé de la Russie par le Kazakhstan. Les frontières tadjikes et russes sont distantes de près de 1.000 kilomètres mais les liens entre les deux pays sont forts, le Tadjikistan étant une ancienne république soviétique. Le russe est d'ailleurs l'une des langues officielles du pays.

Les autorités tadjikes ont fait état de plusieurs attaques de Daesh au cours des dernières années et traquent le groupe et ses militants sur son territoire. La Russie lutte aussi contre Daesh sur son territoire mais aussi dans les anciennes républiques soviétiques, de même qu'en Syrie, aux côtés des troupes de Bachar al-Assad.

L'Asie centrale, qui compte d'importantes communautés musulmanes, est en proie à un essor des groupes islamistes armés depuis la chute de l'URSS. Entre 2010 et 2015, une insurrection dans l'est du pays a opposé des militants islamistes et l'armée tadjike.

· L'Ukraine nie tout lien avec l'attaque

Malgré les insinuations russes, l'Ukraine nie en bloc toute implication dans la tuerie de Krasnogorsk. Vendredi soir, alors que l'attaque était toujours en cours, Mykhaïlo Podoliak, conseiller du président Volodymyr Zelensky, avait démenti toute responsabilité du pouvoir ukrainien dans cette attaque, affirmant que cela "n'aurait aucun sens".

Une défense appuyée par le renseignement américain, alors que la Maison-Blanche a déclaré qu'elle n'avait "pas d'indication à ce stade" d'une implication ukrainienne.

Selon Guillaume Ptak, correspondant de BFMTV à Kiev, il y a en Ukraine la peur que la Russie instrumentalise l'attaque de Moscou afin de redoubler d'agressivité à l'égard des civils, ou encore légitimer une nouvelle vague de mobilisation pour la guerre.

Article original publié sur BFMTV.com