Au procès de l'assassinat de Nathalie Debaillie, la justice devra se pencher sur l'atrocité de ce féminicide

Dans les effets personnels appartenant à Nathalie Debaillie découverts au domicile de son ex-compagnon, il y avait une petite bombe lacrymogène. Preuve que cette femme de 45 ans se sentait en danger, menacée par Jérôme T. Ce dernier ne lui laissera aucune chance de se servir de cette bombe lacrymogène. Nathalie Debaillie va être découverte dans une mare de sang, allongée dans une baignoire dans l'appartement de son ancien amant à La Madeleine (Nord). La quadragénaire a été égorgée. Sept plaies nettes marquaient son cou.

La mort de Nathalie Debaillie a été préparée, organisée, pensée. C'est donc pour assassinat de Jérôme T. comparaît à partir de ce lundi devant la cour d'assises de Douai. A ses côtés, trois hommes sont également jugés pour avoir participé à l'enlèvement de la quadragénaire. Tous se défendent d'avoir eu connaissance du projet mortel de leur ami.

Un enlèvement sur un parking

Quatre minutes, c'est le temps qu'il a fallu pour enlever Nathalie Debaillie sur son lieu de travail à la banque à Lille. Moins de quatre heures plus tard, elle avait été tuée. Ce 27 mai 2019, la quadragénaire, mère de famille et employée de la Société générale, se gare à sa place attitrée sur le parking de l'entreprise. Stationnée juste à côté de son véhicule, une camionnette blanche munie de portes latérales coulissantes à laquelle elle ne fait pas attention.

De ce véhicule sort son ancien compagnon, Jérôme T. Le couple s'est séparé depuis plusieurs mois. Nathalie Debaillie a déposé plusieurs plaintes et mains courantes contre lui. La dernière remonte à cinq jours avant sa mort. "Quand elle est sortie de la voiture nous l'avons tirée de force, elle s'agrippait à sa poignée, c'est là que j'ai eu besoin d'aide", a reconnu Jérôme T. en garde à vue. La quadragénaire tente de se débattre avec force, au point de casser la poignée de son véhicule, elle est visée par un tir de Taser.

Montés à l'arrière de la fourgonnette, deux des complices de Jérôme T. lui entravent les bras et les poignets. Nathalie Debaillie se cogne la tête, perd connaissance. Ses kidnappeurs la bâillonnent avec pas moins de sept tours de scotch. Ils vont tirer deux coups de feu en direction d'un homme qui a tenté de lui venir en aide. Arrivés au domicile de Jérôme T., les trois hommes rejoints par un quatrième transportent le corps de Nathalie, bien consciente. L'un des complices évoquera les pleurs, la peur et les tentatives de communication de cette dernière pour leur demander de l'aide.

"J'étais en transe"

Les trois hommes sont repartis, chacun avec 300 euros en poche. Nathalie Debaille est seule avec Jérôme T. Le début du calvaire de 12 minutes pour la victime, comme l'attestera l'autopsie et les examens médico-légaux éprouvants à lire. Les enquêteurs retrouveront un cutter de 20 cm, avec une lame de 7 cm sortie. L'arme utilisée par Jérôme T. pour porter plusieurs coups au niveau de la gorge et des mains de sa victime. Une plaie de 12 cm, ayant sectionné son cou jusqu'aux cervicales. Sa trachée son oesophage ont été atteint.

Les médecins, qui évoquent "une intense douleur", attestent que Nathalie Debaillie était bien consciente au moment où Jérôme T. s'est acharnée contre elle, des marques de défense ayant été relevées sur son corps. Le mis en cause maintiendra qu'elle était inerte, inconsciente, encore sous l'effet des coups de Taser. "J'étais en transe", dira-t-il face aux enquêteurs. Le sol de la salle de bain était recouvert d'une flaque de sang à l'arrivée des policiers.

Comment expliquer un tel passage à l'acte? Un féminicide d'un tel niveau d'atrocité? Jérôme T. se justifie derrière une discussion entre Nathalie Debaillie et sa soeur. L'élément déclencheur, selon lui, de sa rancoeur envers son ex-compagne. C'était en avril 2019, un mois avant l'assassinat de la quadragénaire. Alors que le couple est séparé depuis deux mois, une énième séparation dans une relation de deux ans par intermittence, la mère de Jérôme T. aurait rappelé que son fils avait tout donné à Nathalie Debaillie. Cette dernière rétorquant que c'était lui qui a "profité de ses largesses".

Un autre procès à venir

Depuis cette conversation, Jérôme T., décrit comme une personnalité immature, liée à une carence affective lors de l'enfance, menaçait Nathalie Debaillie. Il fera une tentative de suicide et sera hospitalisé jusqu'à la mi-février. Par la suite, à trois reprises, il tentera d'enlever son ancienne compagne avant ce jour fatal du 27 mai 2019.

"Quand il avait décidé d'avoir un objet, il l'obtenait d'une façon ou d'une autre", décrit aux enquêteurs l'ancienne femme de Jérôme T. Les experts psychologues ont noté une distanciation émotionnelle par rapport au crime dont il est accusé. "J'ai perdu quelqu'un qui m'était cher, de manière brutale...", leur a soufflé Jérôme T. qui encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

La famille de Nathalie Debaillie a attaqué l'Etat en responsabilité, estimant que rien n'a été fait pour protéger leur fille et soeur.

Article original publié sur BFMTV.com