"Une arme sur la tête": une ex-otage du Hamas témoigne des agressions sexuelles subies en captivité
Le 7 octobre, Amit Soussana, une avocate israélienne de 40 ans, a été prise en otage par l'organisation terroriste du Hamas comme 240 hommes et femmes, capturés dans plusieurs villes de l'État hébreux. Désormais libre, elle a témoigné pour la première fois des agressions sexuelles subies durant sa captivité d'environ deux mois, dans un entretien fort accordé au New York Times et publié ce mardi 26 mars.
Amit Soussana, dont les parties les plus crues du récit resteront confidentielles, est la première femme à témoigner de violences sexuelles pendant sa captivité. Des dires corroborés par le journal américain à l'aide d'expertises médicales. Des photos et vidéos - également gardées cachées - attestent des sévices.
Le 7 octobre, l'Israélienne se trouvait dans le kibboutz de Kfar Aza lorsqu'"au moins dix hommes" l'ont enlevée. Pendant sa captivité, elle était attachée par la cheville dans une chambre d'enfant. Au bout de quelques jours, Muhammad, son geôlier, a commencé à la questionner sur sa vie sexuelle. Mais pas seulement. Il la questionnait aussi sur ses règles:
"Tous les jours, il me demandait: tu as eu tes règles? Quand tu auras tes règles, quand ce sera fini, tu te laveras. Tu prendras une douche et tu laveras tes vêtements", se souvient-elle.
Battue, agressée sous un poster "Bob l'éponge"
Pendant un calvaire long de 55 jours, le ravisseur venait parfois s'asseoir à côté de l'otage enchaînée. Il s'asseyait "à côté d'elle, sur le lit, soulevait sa chemise et la touchait", raconte le New York Times.
Mais Amit Soussana raconte aussi une scène marquante. Le 24 octobre, son garde lui a ôté sa chaîne pour qu'elle puisse se rendre dans la salle de bain. Une fois déshabillée, en train de se laver. Muhammad est alors apparu, armé.
"Il s'est approché de moi et m'a pointé le pistolet sur le front", se remémore l'ancienne otage.
Après l'avoir frappée, il lui a retiré sa serviette, l'a touchée avant de la frapper à nouveau. Il l'a ensuite braquée, amenée jusqu'au bord d'une baignoire. Puis l'a à nouveau frappée, avant d'abuser d'elle sous la menace d'une arme.
Elle se souvient avoir été forcée à "acte sexuel", dans une pièce couverte "d'images du personnage de dessin animé Bob l'éponge".
Un témoignage pour "toutes celles qui ne peuvent pas parler"
Cinq mois après l'attaque du 7 octobre et la guerre subséquente à Gaza, Amit Soussana est la première à s'exprimer sur les violences sexuelles qu'elle a subies. Jusqu'à présent, cette question était marquée d'un tabou. L'ancienne otage Moran Stella Yanai, avait confié au Parisien le 10 février "ne pas être autorisée à parler de ce sujet".
Cet entretien a été salué formellement par Isaac Herzog, le président israélien, dans un message posté sur X (ex-Twitter):
"Amit Soussana parle au nom de tous ceux qui ne peuvent pas s'exprimer. Elle parle au nom de toutes les victimes des crimes et abus sexuels abjects du Hamas. Elle parle au nom de toutes les femmes du monde entier".
Un rapport de l'ONU publié au début du mois de mars conclut qu'il existe "de bonnes raisons de croire" que plusieurs victimes de l'attaque du Hamas le 7 octobre ont été violées, tout comme certains otages détenus à Gaza.
"Il existe de bonnes raisons de croire que des violences sexuelles liées au conflit ont eu lieu lors de l'attaque du 7 octobre à plusieurs endroits à la périphérie de Gaza, y compris des viols et des viols en réunion, dans au moins trois lieux", concluaient les Nations unies après avoir collecté des informations de "sources multiples et indépendantes". Le Hamas, lui "rejette" les conclusions du rapport.